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Le Monde, le 06/11/2020
Benoît Vitkine (Moscou, correspondant)
Pour ce spécialiste du conflit dans le Haut-Karabakh, qui oppose Arménie et Azerbaïdjan, les Azerbaïdjanais n’accepteront pas de retour à la situation précédant la reprise des hostilités, ou de nouvelles promesses vides de sens.
Propos recueillis par Benoît Vitkine
Zaur Shiriyev est un chercheur azerbaïdjanais, spécialiste des questions sécuritaires et du conflit dans le Haut-Karabakh, opposant l’Arménie et l’Azerbaïdjan depuis l’effondrement du bloc soviétique. Installé à Bakou, il travaille avec l’International Crisis Group, centre de recherches spécialisé dans la prévention des conflits.
Pourquoi Bakou a-t-il déclenché une nouvelle offensive ?
Je ne crois pas que l’on puisse blâmer un camp ou l’autre. Ce qui s’est passé évoque la théorie du « fusil de Tchekhov » : si un fusil est accroché au mur dans la première scène, il est certain qu’un coup de feu va être tiré… Lorsque des affrontements ont éclaté, en juillet, sur la frontière internationale entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, en dehors du Haut-Karabakh, Bakou s’est rendu compte qu’Erevan n’était pas prêt à une résolution pacifique. La guerre était dès lors inévitable. Les deux parties s’y attendaient et s’y étaient préparées.
Pourtant, après l’arrivée au pouvoir, à Erevan, du premier ministre, Nikol Pachinian [en 2018, dans la foulée d’un mouvement de contestations anticorruption], il y avait eu des signaux positifs. Pour la première fois depuis longtemps, un dirigeant arménien n’était pas issu du Haut-Karabakh. La même année, les deux capitales avaient mis en place une ligne directe pour éviter les escalades.
Puis Pachinian a remis en cause publiquement les « principes de Madrid » [définis, en 2007, dans le cadre du groupe de Minsk, coprésidé par les Etats-Unis, la Russie et la France, qui prévoient notamment un retour sous souveraineté azerbaïdjanaise des sept districts voisins du Haut-Karabakh conquis par l’Arménie en 1992-1994, et un statut intermédiaire pour l’enclave] et affirmé : « Le Haut-Karabakh, c’est l’Arménie. » Dans le même temps, les pays médiateurs du groupe de Minsk plaidaient pour un statu quo, sans rien proposer de neuf. Pour Bakou, cela équivaut à une impasse : il n’a plus aucune raison de croire à de nouvelles négociations dans ce contexte, et avec un tel partenaire.
Intervient, fin septembre, l’offensive azerbaïdjanaise. Quels sont alors les objectifs de Bakou ?
L’objectif est d’abord militaire. Le 27 septembre, il s’agit de passer la ligne de contact et de prendre le plus de territoire possible, particulièrement au sud de l’enclave. Le rétablissement [autour du 20 octobre] du contrôle azerbaïdjanais sur sa frontière avec l’Iran a une portée symbolique et stratégique forte.
Les dirigeants azerbaïdjanais étaient bien conscients que la situation militaire aurait des effets politiques et diplomatiques, qu’elle serait un moyen de pression. Dans ce domaine, l’objectif minimal était de faire en sorte que le retour dans le giron azerbaïdjanais de cinq des sept districts entourant le Haut-Karabakh soit accepté par tout le monde [les deux districts restants permettent à l’Arménie et au Haut-Karabakh de maintenir une continuité territoriale]. C’est ce qui a été réaffirmé le 10 octobre, à Moscou, lors de la signature du premier cessez-le-feu. Mais cela n’a pas eu d’autre effet ensuite.
Ces objectifs initiaux ont-ils été reconsidérés, après les succès de l’armée sur le terrain ?
Il semble que oui. Quatre de ces cinq districts ont déjà été repris par les armes. Les enjeux ont augmenté, les revendications aussi. Maintenant, Bakou est prêt à s’emparer de l’ensemble des sept districts. Son armée est aussi entrée sur le territoire même du Haut-Karabakh.
La logique a changé. Ce n’est plus « les gains militaires nous offrent une meilleure position de négociation », comme ce fut le cas pendant des années. Désormais, la logique est la suivante : l’armée avance, les diplomates avisent. Sachant que plus personne, en Azerbaïdjan, n’acceptera un retour au statu quo ante, ou de nouvelles promesses vides de sens.
Une prise du Haut-Karabakh dans son ensemble n’est donc pas exclue ?
Dans l’esprit des dirigeants de l’Azerbaïdjan et de la population, il n’y a pas vraiment de différence entre le Haut-Karabakh [majoritairement peuplé d’Arméniens, attribué à l’Azerbaïdjan par Staline, en 1923, avec un statut autonome] et les territoires occupés par l’Arménie depuis 1994. Cette distinction est plus le résultat des négociations de paix. Mais d’autres considérations interviennent. L’armée azerbaïdjanaise tente actuellement de s’emparer de Choucha [Chouchi dans sa version arménienne], située dans l’enclave et qui revêt une importance symbolique immense pour Bakou. C’était une ville de peuplement azerbaïdjanais jusqu’aux années 1990 ; certains, en Azerbaïdjan, la considèrent comme une sorte de « Jérusalem ». Les plans de paix présentés dans le cadre des négociations prévoient le retour des Azerbaïdjanais à Choucha. En outre, stratégiquement, la position de la ville est vitale.
S’emparer de Stepanakert [capitale de la République autoproclamée du Haut-Karabakh] serait complètement différent. Cela entraînerait une catastrophe humanitaire et exposerait Bakou à des accusations de nettoyage ethnique, difficiles à gérer diplomatiquement.
Quels enseignements tirer de ces six semaines de combat ? En 2016, on parlait déjà de la supériorité technologique azerbaïdjanaise…
L’avantage qu’offrent les drones et les armes sophistiquées se confirme. L’Azerbaïdjan est aussi mieux préparé qu’en 2016 : les drones achetés aux Turcs sont fournis avec des entraînements complets, ce qui n’était pas le cas avec les drones israéliens. Ces dix dernières années, Bakou a dépensé 5 milliards de dollars [4,25 milliards d’euros] dans son armement et compris qu’il ne fallait pas seulement compter sur les armes russes. Il serait cependant imprudent d’expliquer la supériorité de l’Azerbaïdjan par le seul facteur technologique. Mais, après ses premiers succès en plaine, l’armée avance beaucoup plus lentement en zone montagneuse.
L’aide de la Turquie se limite-t-elle à des entraînements ? L’envoi de combattants syriens a notamment été documenté…
L’aide de la Turquie se limite à un soutien diplomatique et à de l’assistance technique. Croire qu’Ankara a de l’influence sur les prises de décision à Bakou est une erreur. Le rôle de la Turquie est exagéré, en raison de ses problèmes en Europe et en Méditerranée, par l’Arménie qui cherche ainsi à internationaliser le conflit.
Quant aux allégations à propos de combattants venus du Proche-Orient, celles-ci doivent faire l’objet d’enquêtes internationales sérieuses, de même que celles évoquant la présence de mercenaires [notamment libanais] dans les rangs de l’armée arménienne. Les accusations concernant des violations des règles du droit de la guerre par les belligérants doivent aussi être examinées.
Sur le front diplomatique, les positions ont-elles évolué ?
La prudence de Moscou est une surprise, même si elle peut s’expliquer. Quand la Russie était intervenue pour mettre fin au conflit de 2016, elle avait un plan. Celui-ci n’était pas révolutionnaire, préconisant pour l’essentiel un retour aux principes de Madrid. Aujourd’hui, personne, Moscou y compris, n’a quoi que ce soit de neuf à proposer. La Russie semble considérer qu’Erevan va, in fine, se plier à ses obligations, contraint par les évolutions sur le terrain. En attendant, elle préserve sa neutralité.
Comment réagit la société azerbaïdjanaise aux pertes subies par l’armée ?
On lit parfois que les chiffres des pertes sont tenus secrets pour ne pas démoraliser la population. Le coût de la guerre est connu, car tout le monde a dans son entourage quelqu’un parti pour le front, qui y a été blessé ou tué. Cela pourrait pousser la population azerbaïdjanaise à réclamer une avancée décisive, plutôt que de énièmes négociations. En 2016, les pertes du mois d’avril, où quelque cent soldats avaient été tués, avaient provoqué du mécontentement. Là , le bilan sera jugé à l’aune de ce qui est obtenu.
La question du Haut-Karabakh est souvent décrite comme existentielle pour l’Arménie. Qu’en est-il pour l’Azerbaïdjan ?
J’utiliserais le même mot. Ce n’est pas une question de ressources ni même de territoire et de légalité. Cet attachement tient d’abord aux personnes déplacées [chassées par les combats de 1988-1994, puis par l’installation d’une République du Haut-Karabakh]. Dans les années 1990, ils étaient 500 000 ; ils sont aujourd’hui un million, qui vivent toujours dans des conditions désastreuses et attendent de retrouver leurs maisons. Le nettoyage ethnique qu’ont subi les Azerbaïdjanais dans la région n’a pas été médiatisé. Pendant trente ans, un récit mémoriel s’est construit autour de ce conflit et de l’humiliation de 1994. A l’école, par exemple, c’est un sujet important.
L’autre parallèle avec la situation en Arménie, c’est le manque complet d’empathie. On ne parle pas du camp d’en face ni de ses souffrances. C’est pour cela que cette guerre doit se terminer par la paix. Sinon l’humiliation ne fera que se transmettre pour les trente prochaines années.
Y a-t-il un consensus au sein de la société azerbaïdjanaise ?
Il existe une catégorie très minoritaire de gens qui sont contre la guerre, mais cette position est difficile à tenir socialement. Même ceux qui s’opposaient au pouvoir d’Ilham Aliev [au pouvoir depuis 2003, après avoir succédé à son père, Heydar Aliev], même ceux qui sont considérés comme prisonniers politiques, font maintenant bloc derrière le régime.
La popularité du régime autocratique d’Ilham Aliev profite donc de la guerre…
Oui, d’autant que tout vient du palais présidentiel : dans les médias, on voit plus le président et ses conseillers que le ministre de la défense. Il est toutefois possible que le pays ressorte changé de cette période. Les gens sont plus affirmés, plus revendicatifs. Le président Aliev, lui, est conscient que son héritage politique peut être complètement modifié par le conflit actuel. Le sujet du Haut-Karabakh était aussi devenu pour le pouvoir une excuse à tous les dysfonctionnements de l’Azerbaïdjan, qu’ils soient politiques ou sociaux. Cela pourrait l’inciter à mener des réformes politiques plus substantielles, sans craindre un affaiblissement de son autorité.
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