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Le Monde, 14/10/2015 Ã 07h00
Par Vincent Duclert
Rassemblement à Istanbul le 13 octobre 2015 à la suite des attentats d’Ankara, certains participants brandissent des pancartes où il est écrit : « nous connaissons le tueur. »
L’attentat qui a frappé samedi 10 octobre, au cœur de la capitale turque, « la manifestation pour la démocratie et le travail » d’associations civiles et de partis kurdes et de gauche est un défi considérable pour la Turquie, mais aussi pour le Moyen-Orient et pour l’Europe.
Il s’inscrit dans une montée de la haine contre la minorité kurde et ses alliés, accusés par le parti au pouvoir AKP et le président Erdogan lui-même de mettre en péril l’unité de la nation turque. Les leadeurs du parti légal prokurde de Turquie, le HDP, ont fait le choix des institutions et de leur démocratisation afin de convaincre les Kurdes mais aussi de nombreux Turcs que l’avenir réside dans un progrès politique dont le pays est tout à fait capable : des traditions libérales, des courants religieux, des combats intellectuels, des luttes associatives, des courages individuels, des audaces artistiques, composent en effet une « autre Turquie », pluraliste, pacifique et progressiste auquel le mouvement de Gezi, en mai et juin 2013 à Istanbul, a offert une éclatante illustration.
L’essor du HDP s’est fait grâce à ses jeunes dirigeant(e)s kurdes et turcs qui ont su réunir une partie des électorats kurdes et turcs sur une alternative à la domination islamo-nationaliste de l’AKP. C’est même une vision nouvelle de la nation qui est proposée, rejetant le modèle ethno-religieux et le gouvernement par la domination pour refonder une citoyenneté turque sur les droits humains, la paix civile et l’histoire retrouvée (dont le génocide des Arméniens). Le bon résultat des candidats du HDP aux législatives du 7 juin a révélé ce pari démocratique. La conséquence en a été un recul de l’AKP, qui a privé Erdogan d’une majorité suffisante de sièges seule capable de lui permettre de gouverner sans contrepoids juridiques ou politiques.
Aussi les Kurdes sont-ils devenus doublement menaçants, à travers la victoire de leurs frères syriens à Kobané et dans ce processus engagé de représentation nationale en Turquie. La reprise de la lutte dite antiterroriste contre le PKK, associée à l’engagement turc contre l’Etat islamique, a ciblé également les militants, intellectuels démocrates, hommes de gauche, féministes, jeunes, kurdes ou non, responsables de l’enracinement politique du HDP. Cette répression globale, désastreuse pour l’Etat de droit, a été menée par la police qui constitue la grande force de sécurité aux mains du pouvoir, bien davantage que l’armée désormais. Mais le ressort de la haine anti-kurde a mobilisé les factions les plus violentes de l’AKP (que l’on avait déjà vu à l’Å“uvre lors de l’écrasement du mouvement de Gezi) et les réseaux de l' » Etat profond « , déjà très actifs dans la guerre intérieure contre les Kurdes et les démocrates turcs pendant les années 1990.
Haines conjuguées
Les Kurdes de Turquie sont ainsi visés par le déploiement de haines conjuguées, celle de l’Etat islamique pour leur soutien aux Kurdes de Syrie, et celle de l’AKP pour porter les espoirs de nombre de leurs concitoyens. Les élections du 1er novembre, par leurs enjeux, prennent en conséquence un caractère historique. Si l’électorat du HDP lui reste fidèle, alors il aura été prouvé qu’une société démocratique existe en Turquie. En effet, il aura été nécessaire à la partie turque de cet électorat de lier son destin à l’autre et de sanctionner un pouvoir qui le présente comme dangereux. La partie kurde aura accepté quant à elle de répondre à la violence par la légalité républicaine et non par les logiques armées auxquelles le PKK soumet les militants de la cause kurde. Une double transgression que peu imaginaient possible. Les sondages convergent pour valider ce scénario de la cause commune.
Depuis l’attentat d’Ankara est exigée des dirigeants du HDP et des mouvements civils une détermination plus absolue encore de combattre la guerre par la paix. Car une fragmentation définitive de la société ne peut que précipiter la Turquie dans le chaos, accentuant l’implosion du Moyen-Orient. A l’inverse, le respect des institutions et du vote populaire démontrera la capacité d’un Etat-nation à convaincre ses minorités de faire le choix de la paix et du destin commun, une évolution considérable à l’échelle du Moyen-Orient, mais aussi de l’Europe. La crise des migrants si aiguë pour elle y trouvera une partie de sa solution, tandis que, au sein même des nombreuses communautés turques vivant sur le continent, l’importation des haines sera écartée au profit d’une expérience civique partagée : par définition et par intérêt, l’Europe doit être solidaire d’un pari démocratique qui la renvoie à sa propre identité.
La maîtrise des enjeux internationaux est une condition essentielle pour permettre aux opinions publiques européennes de sortir des peurs accumulées devant un mouvement de l’histoire toujours plus incontrôlable. La conjonction du nationalisme, qu’il soit laïque ou religieux, avec un état de guerre, qui finit par détruire toute relation sociale et existence humaine, laisse aujourd’hui les sociétés démocratiques désemparées. Les sciences sociales ont encore leur rôle à jouer pour déjouer l’aporie collective devant le gouffre de l’histoire. Il est encore temps de réagir et de prouver qu’un événement comme celui d’Ankara peut échapper à ses conséquences les plus fatales.
Vincent Duclert est historien, chercheur au Centre d’études sociologiques et politiques Raymond-Aron (EHESSE),  auteur de « l’Europe a-t-elle besoin des intellectuels turcs » (Armond Colin, 2010) et « Occupy Gezi. Un récit de résistance à Istanbul » (Demopolis, 2014)
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