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L’Obs, le 28/03/2016
Sevin Rey-Sahin
Can Dundar arrive à son procès, à la Cour d’assises d’Istanbul, le 25 mars. (BULENT KILIC / AFP )
Le célèbre journaliste risque le 1er avril la perpétuité pour avoir révélé qu’Ankara livrait des armes aux groupes djihadistes en Syrie. Portrait d’un homme qui défie le pouvoir liberticide d’Erdogan.
« Ce n’est pas seulement la personne qui appuie sur la gâchette mais ceux qui ont rendu cela possible qui devraient également être définis comme terroristes, quel que soit leur titre. Des journalistes, des députés ou un membre de la société civile », déclarait le chef de l’Etat turc, le 14 mars, au lendemain de l’attentat d’Ankara. Pensait-il à Can Dündar en prononçant ces paroles ?
Le rédacteur en chef de « Cumhuriyet », journal laïc et progressiste farouchement hostile au président Recep Tayyip Erdogan, sera jugé devant la cour d’assises d’Istanbul, avec son collègue Erdem Gül, le 1er avril. Le procès devait se tenir initialement le 25 mars, mais a été suspendu en raison d’un incident de séance provoqué par des députés d’opposition, après l’annonce d’une tenue du procès à huis clos.
Les deux hommes risquent la perpétuité. Leur crime : la publication, en mai 2014, à la veille des élections législatives, des preuves en images de la livraison d’armes par des camions des services de renseignement turcs (MIT) à des rebelles islamistes en Syrie, en janvier 2014. « Ils payeront cher », avait alors menacé le chef d’Etat turc à la télévision publique.
92 jours de détention dans les cellules de la prison de Silivri, par lesquelles sont passés de beaucoup de journalistes de l’opposition : c’est le prix que Can Dündar et Erdem Gül ont déjà payé. Ils ont été libérés le 26 février par une décision de la Cour constitutionnelle, l’une des dernières institutions libre du pays. Mais Erdogan a rejeté cette décision. La bataille juridique a donc repris. Les deux journalistes sont jugés pour violation du secret d’Etat et espionnage. Ils sont aussi soupçonnés d’avoir été manipulés par l’imam Fethullah Gülen, ami d’antan d’Erdogan devenu son ennemi numéro un.
« Tentative d’article progouvernemental »
Can Dündar n’a peur de rien. Vendredi dernier, alors que devait se tenir le procès, il est arrivé au tribunal avec la une de « Cumhuriyet » qui lui a valu de passer trois mois en prison. L’homme de 54 ans a décidé de ne rien lâcher. Devant les 200 journalistes et supporters, interdits d’audience à la dernière minute, il a déclaré :
« Ce n’est pas seulement notre procès. Nous avons des amis journalistes emprisonnés, nous allons défendre leurs droits. »
Son séjour en prison n’a pas ébranlé sa volonté. Dans une lettre de remerciement intitulée « Tentative d’article progouvernemental », publiée en février dès sa sortie de prison, il a écrit à Erdogan :
« Je vous remercie parce que privé de téléphone, dans ma cellule, j’ai pu lire et écrire comme jamais. D’ailleurs, comme je ne risquais plus d’être emprisonné par vous, j’ai pu écrire plus librement. »
Dernier survivant d’une espèce en voie de disparition en Turquie, ce fils de fonctionnaire, est l’une des figures médiatiques turques. Aucune faute de parcours dans son CV : des études de sciences politiques et de journalisme à la London School of Journalism et une thèse sur le traitement des secrets d’Etat dans les médias. Une obsession chez lui.
Le jeune étudiant d’Ankara commence à collaborer pour différents quotidiens turcs pendant ses années universitaires. A la fin de ses études, en 1988, il entre à la chaîne publique TRT et débute une longue carrière dans l’audiovisuel, avant de devenir éditorialiste et écrivain.
Erdogan dans le viseur
De 1988 à 1995, il porte à l’écran l’histoire de son pays, des premières reines de beauté de la république turque aux icônes de la culture pop en passant par Atatürk. Ce documentaire sur le père de tous les Turcs le fait connaître auprès du grand public. Sa parfaite élocution, sa voix tremblante, reconnaissable parmi toutes, font du film « Le Zeybek blond » sur les 300 derniers jours d’Atatürk, l’un des plus visionnés en Turquie. Il est montré dans les écoles, programmé chaque 10 novembre, anniversaire de la mort d’Atatürk, à la télévision publique.
Mais après avoir encensé le fondateur du pays, Can Dündar est accusé, par les kémalistes, de le diffamer dans son film « Mustafa », réalisé en 2008. On lui reproche de montrer un Atatürk autoritaire, alcoolique, sans religion, porté sur les femmes. Un procès pour insulte au premier président du pays et des critiques pour traîtrise suivent. Huit ans après, dans la salle de la cour d’assises, l’homme essuie les mêmes critiques pour s’en être pris cette fois-ci à Erdogan.
La vague d’indignation face au film « Mustafa » n’empêchera cependant pas Can Dündar de devenir le rédacteur en chef, en 2013, du journal « Cumhuriyet » (« la République », ainsi nommé par Atatürk en 1924). Journal de gauche, le quotidien perd progressivement ses lecteurs les plus kémalistes mais continue de s’opposer au pouvoir de plus en plus autoritaire d’Erdogan. Un fait rare dans la Turquie actuelle.
La liberté de la presse en danger
En s’en prenant à Can Dündar et Erdem Gül, le chef d’Etat turc attaque un journal qu’il n’arrive pas à museler. La Turquie est à la 149e place sur 180 dans le dernier Classement mondial de la liberté de la presse établi par « Reporters sans frontières ».
La majorité de la presse turque est aujourd’hui entre les mains d’un pouvoir autocratique et paranoïaque. Depuis décembre 2013 et les révélations, par des proches de Fethullah Gülen, d’affaires de corruption au plus haut sommet de l’Etat, Erdogan qualifie chaque critique de tentative de renversement. Les journalistes sont menacés quotidiennement par le gouvernement ou par ses sbires.
En septembre 2015, les locaux du journal « Hürriyet » avaient été attaqués par des partisans du parti pro-Justice et développement (AKP), le parti de Recep Tayyip Erdogan. Le journal avait été accusé d’avoir tweeté des paroles du président turc au lendemain de sa déclaration de guerre au Parti indépendantiste kurde (PKK).
Le 4 mars, le gouvernement a placé le groupe de presse « Zaman » sous tutelle judiciaire. La direction du journal a été licenciée et remplacée par des journalistes à la botte du pouvoir. RSF s’inquiète :
« La ligne éditoriale du quotidien a radicalement changé, devenant pro-gouvernementale jusqu’à la caricature. »
Censure en Turquie : « Notre journal travaille sous le contrôle de policiers armés »
L’ONG avait décerné le prix pour la liberté de la presse au journal de Can Dündar, en novembre 2015. « Mon bureau, au siège du journal, se trouve à un emplacement stratégique », déclarait le journaliste à la remise du prix, quelques jours avant son incarcération :
« Une des fenêtres donne sur un cimetière, l’autre sur le palais de justice… J’ai toujours pensé que cela avait un sens symbolique. En effet, ce sont les lieux les plus visités par les journalistes turcs. »
Aujourd’hui, vingt journalistes sont en prison en Turquie, Can Dündar sera-t-il le vingt-et-unième ?
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