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RFI, le 03/05/2025
Par Anne Bernas
RFI : Après les alaouites, ce sont les druzes qui sont pris pour cible en Syrie. Que sait-on de ceux qui s’en sont pris à cette communauté ?
Fabrice Balanche : Ce sont les forces du régime d’Al-Charaa, aidées par ses alliés de différentes obédiences islamistes jihadistes qu’il utilise pour les basses Å“uvres, comme ça s’est déjà produit pour les alaouites début mars.
Certains évoquent d’anciennes forces rebelles restées dans le Nord et qui seraient de retour à Damas pour se venger contre les druzes…
Je ne le pense pas, parce que Damas est quand même assez bien contrôlé par les forces d’Al-Charaa. On est dans la banlieue de Damas, facilement accessible. Pour Jaramana, on est sur la route de l’aéroport. On n’est pas dans des recoins de la Ghouta où des groupes incontrôlés pourraient agir. Ce sont donc bien les forces d’Al-Charaa qui s’en prennent aux druzes dans la banlieue de Damas. Ses forces ont également tenté d’investir le Djebel druze à partir de la ville de Bosra al-Sham, qui est repassé sous leur contrôle il y a quelques semaines.
Peut-on comparer les violences meurtrières de ces derniers jours avec celles du mois de mars envers les alaouites sur la côte ?
Oui, c’est assez comparable puisque c’est la même haine religieuse qui anime les islamistes contre des minorités musulmanes hétérodoxes, mais considérées par ces islamistes comme des hérétiques qu’il faut donc éliminer. Dans le cas des alaouites -communauté d’origine de Bachar el-Assad- le régime syrien a dit qu’il s’agissait d’anciens assadistes qui avaient tendu des embuscades et que ça avait ensuite dégénéré, etc. C’est exactement la même chose à l’égard des druzes. Mais là , on ne peut pas dire que les druzes étaient des assadistes. Là , c’est vraiment la haine contre ces communautés non-sunnites qui s’exerce. Les druzes, avec leurs milices, contrôlent trois villes au sud de Damas ainsi que la province de Soueïda. Pour le nouveau régime qui veut une Syrie centralisée, ces poches de liberté sont inacceptables.
Vous parlez d’une Syrie centralisée, or à Soueïda, ce sont visiblement les druzes qui vont avoir en charge la sécurité de la ville au nom du ministère de l’Intérieur. On a le sentiment qu’Ahmed al-Charaa maintient une situation qu’il disait justement vouloir supprimer, à savoir le désarmement de toutes les milices.
Entre ce qu’il dit et ce qu’il veut faire, il y a énormément de communication. Il y a des choses qui sont très importantes pour Charaa, et tout d’abord la levée des sanctions, notamment de la part des États-Unis, pour lui permettre d’avoir des financements. Quand il va un peu trop loin et que ses opérations ne fonctionnent pas, il signe donc un accord, en l’occurrence avec les druzes, en leur laissant finalement le contrôle de leur région, en faisant croire que c’est lui qui leur octroie ce contrôle, alors qu’il ne fait au bout du compte que se plier à la réalité. Il y a un besoin de sauver la face. Mais là , ce qui se passe avec les druzes est tout simplement que les Israéliens ont bombardé les troupes d’Al-Charaa, dans la banlieue de Damas et à proximité du palais présidentiel, pour lui faire comprendre que s’il continuait, Israël allait tout simplement l’éliminer.
Justement, Damas vient de réagir suite aux bombardements israéliens en parlant de « dangereuse escalade ». Dans le même temps, l’Observatoire syrien des droits de l’homme affirme qu’il y a des manifestations en ce moment à Homs et à Daraa contre les frappes israéliennes. Quel est, selon vous, l’objectif de Tel-Aviv de s’immiscer dans le dossier syrien ?
Tel-Aviv sait très bien qui est Ahmed al-Charaa. Israël n’a aucune illusion sur son pedigree et sur ce qu’il veut faire en Syrie, notamment mettre en place une République islamique sunnite, mais aussi récupérer le Golan. Pour Israël, il n’est donc pas question que la Syrie aille dans cette direction. Les Israéliens, d’une part, font attention aux druzes en Syrie parce que dans la société israélienne se trouvent des druzes sincèrement concernés par ce qui se produit en Syrie et la communauté druze israélienne est très loyale à Tel-Aviv. Ensuite, effectivement, ça rentre dans la stratégie israélienne de vouloir éviter ce scénario de République islamique sunnite en Syrie, en faisant plutôt la promotion d’un système fédéral, confédéral, dans lequel les minorités auraient des territoires autonomes où elles pourraient se protéger et conserver leurs spécificités, mais également toute autre population sunnite qui n’adhère pas au modèle proposé par Al-Charaa. Le but d’Israël est de morceler la Syrie pour qu’il n’y ait pas un État fort en Syrie, mais surtout un État islamiste fort.
Est-ce que la Turquie, proche du gouvernement syrien, pourrait jouer un rôle pour mettre fin à ces violences et si oui, lequel ?
La Turquie est le grand vainqueur. C’est le principal soutien d’Al-Charaa. Par conséquent, derrière l’affrontement entre les druzes et Al-Charaa, il faut voir l’affrontement aussi entre Israël et la Turquie. Netanyahu a posé ses conditions : pas question d’avoir les troubles du nouveau régime syrien au sud de Damas, dans la région de Soueïda, Daraa, Quneitra. Il veut la démilitarisation du sud syrien pour protéger la frontière israélienne et l’interdiction pour les Turcs de reconstituer une aviation militaire syrienne, d’où les bombardements qu’on a vus ces temps derniers sur les bases aériennes syriennes pour empêcher les Turcs de la redévelopper. En fait, les Israéliens veulent une zone d’exclusion aérienne pour maîtriser le ciel syrien, au moins jusqu’à la moitié du pays. Libre aux Turcs ensuite de contrôler le nord de la Syrie pour éviter justement la reconstitution d’une puissance militaire syrienne qui revendiquerait le Golan, qui serait capable de soutenir la cause palestinienne et donc être une menace pour Israël. C’est donc un bras de fer qui se joue entre la Turquie et Israël. L’arbitre, évidemment, vont être les États-Unis. On a vu que Donald Trump était assez proche d’Erdogan sur la question syrienne, en se disant : « Finalement, si vous arrivez à stabiliser le pays, on vous laisse les clés. Mais aussi, attention, tenez compte des intérêts israéliens. On ne vous laissera pas gérer la Syrie, profiter de la reconstruction de la Syrie si ça va à l’encontre des intérêts et de la sécurité d’Israël ».
La situation pourrait-elle dégénérer et s’étendre à d’autres zones de la Syrie, sachant que le gouvernement est loin de contrôler tout le territoire ?
Les druzes sont localisés dans une seule région de Syrie, même s’il en reste quelques-uns du côté d’Idleb. Par ailleurs, il y a toujours des massacres dans la région alaouite. On n’en parle pas beaucoup parce que ce sont des massacres de quelques personnes par-ci par-là , des assassinats. On pourrait avoir aussi des massacres dans les quelques villages chiites qui restent autour de Homs, principale bête noire des hommes d’Al-Charaa. Et puis il y a le problème kurde. Après les druzes, les Kurdes risquent d’être les suivants. Leur chef a signé un accord avec Al-Charaa par l’intermédiaire des Américains en mars dernier, mais en fait, personne n’est dupe : c’est juste un accord de non-agression pour gagner du temps. Les Kurdes ne vont pas s’intégrer dans la nouvelle Syrie. D’ailleurs, il y a quelques jours, une réunion s’est tenue à Qamishli entre les différentes parties kurdes où ils ont rappelé leur volonté d’avoir une autonomie, de conserver leurs forces armées. C’était donc juste un accord de non-agression parce que les Kurdes savent très bien qu’ils sont les prochains sur la liste. Si les troupes américaines s’en vont, si Al-Charaa se renforce, il n’hésitera pas ensuite à aller attaquer les Kurdes. Et ça peut se produire plus vite qu’on ne le pense…
On a l’impression que le gouvernement syrien ne parvient pas à diriger son armée pour le moins très composite, qu’Ahmed Al-Charaa ne maîtrise pas ses hommes. Que pourrait-il faire pour y remédier ?
Il maîtrise, oui et non. C’est-à -dire qu’il donne les directions. Le massacre des alaouites a été décidé à Damas. Les forces d’Al-Charaa cernaient les zones alaouites et faisaient rentrer les autres groupes parce qu’il ne voulait pas se salir les mains lui-même. C’est toujours la même pratique. Souvenons-nous de Sabra et Chatila où les Israéliens ont cerné les camps et ont laissé y entrer les Forces libanaises, les massacres d’Adana, en 1909, quand l’armée ottomane a cerné les quartiers arméniens et ce sont les Bachi-bouzouks qui y sont entrés pour massacrer les habitants. C’est à peu près toujours de la même façon que ça se passe, mais ça permet justement au pouvoir en place de dire : « Ce n’est pas nous, ce sont des incontrôlés ».
Al-Charaa contrôle tout à fait ce qui se passe. Le cÅ“ur de son armée, c’est HTS, et autour, il y a toute une nébuleuse de groupes qui lui ont fait allégeance. Il avait pour but de créer une véritable armée syrienne, mais pour ça, il faut de l’argent, il faut obtenir l’allégeance des différents groupes qui vont devoir renoncer à leur territoire, aux checkpoints, donc à leurs sources de revenus. Pour pouvoir intégrer ces milices dans une armée régulière, il faudrait donc leur donner de nouvelles sources de revenus. Or, pour l’instant, il n’en a pas. Il n’en a pas les moyens. Et puis finalement, cette organisation très floue permet d’aller massacrer les alaouites d’un côté, les druzes de l’autre et bientôt les Kurdes sans forcément en porter la responsabilité. Vu la structure du pouvoir qui se met en place, une armée officielle n’est pas forcément pour le nouveau régime intéressante, souhaitable. Il vaut mieux avoir ces groupes qu’il peut utiliser à loisir contre ses ennemis sans en porter la responsabilité, quitte à pouvoir les sacrifier le jour où on lui demande des comptes. Al-Charaa est un homme pragmatique.
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