Turquie: un essoufflement de la contestation redouté, dix jours après l’arrestation d’Ekrem Imamoğlu

RFI, le 28/03/2025

Avec notre correspondante à Ankara, Anne Andlauer

En Turquie, la colère reste vive près d’une semaine après l’incarcération d’Ekrem Imamoğlu, maire d’Istanbul et principal opposant de Recep Tayyip Erdogan. Le Parti républicain du peuple (CHP), la formation de l’opposant, appelle à un très large rassemblement samedi 29 mars à Istanbul en soutien au maire incarcéré. Mais parmi ses partisans, certains craignent un essoufflement du mouvement dans les prochains jours.

 
Un étudiant utilise un mégaphone alors que des étudiants participent à un rassemblement de soutien au maire d’Istanbul, neuf jours après son arrestation, au parc Seymenler à Ankara, le 28 mars 2025. AFP – ADEM ALTAN

Officiellement, près de 1 900 manifestants ont été placés en garde à vue et 260 emprisonnées depuis le début des protestations qui ont commencé après l’incarcération d’Ekrem Imamoğlu, le maire d’Istanbul et principal opposant de Recep Tayyip Erdogan.

Ce samedi 29 mars, le Parti républicain du peuple appelle à un grand rassemblement à Istanbul. Ali Ege a l’intention de faire le voyage depuis Ankara pour assister au grand meeting du CHP. Cette semaine, dans la capitale, il a participé avec d’autres étudiants à des rassemblements, mais leur ampleur était moindre que celle des manifestations de la semaine dernière.

Il craint de voir la mobilisation s’essouffler et pense pourtant qu’il est indispensable de continuer à se faire entendre : « Les manifestations peuvent et doivent se poursuivre, car ce qu’il y a derrière, ce n’est pas un seul événement, c’est un ras-le-bol général lié à la perte des libertés et à la crise économique. L’arrestation d’Imamoğlu a fait déborder le vase. »

« Il faut que le peuple continue de résister »

Son amie Zuhal, 22 ans, a espéré dans les premiers jours que la pression de la rue obligerait le pouvoir à faire libérer Ekrem Imamoğlu. Il n’en est rien, mais pendant ce temps, les arrestations se multiplient parmi les jeunes manifestants. Après dix jours de lutte, Zuhal est gagnée par une forme de fatalisme : « Si on veut que les choses changent, il faut que le peuple continue de résister. Mais si je suis honnête avec moi-même, je me dis que quoi que fasse l’opposition, rien ne changera. »

Pour le CHP, le rassemblement d’Istanbul doit être une démonstration de force. Mais le premier parti d’opposition turc sait aussi que, le temps passant, il risque d’être difficile de mobiliser ses soutiens, alors qu’aucune élection n’est prévue à court terme. D’autant que la Turquie entame ce 29 mars une période de neuf jours fériés décrétés par le gouvernement pour allonger les fêtes de fin du ramadan. Peut-être dans l’espoir d’accélérer l’essoufflement du mouvement de protestation.

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