Turquie: un 1er-Mai entre espoir et inquiétude

RFI, le 01/05/2025

Avec notre correspondante à Ankara, Anne Andlauer

En Turquie, les célébrations du 1er-Mai se tenaient cette année dans un contexte de crise politique depuis l’arrestation mi-mars d’Ekrem ImamoÄŸlu, maire d’Istanbul et principal rival du président Erdogan. Une crise politique qui s’ajoute à des années de crise économique marquée par l’inflation et la chute du pouvoir d’achat des salariés. À Istanbul, la plupart des syndicats et des partis politiques s’étaient donné rendez-vous sur la rive asiatique, mais d’autres ont tenté de marcher vers la célèbre place Taksim, interdite aux rassemblements. Selon une association d’avocats, plus de 400 personnes ont été arrêtées. Dans la capitale, Ankara, on défilait aussi, entre inquiétudes et espoirs.

La police turque arrête les manifestants qui tentaient de marcher vers la place Taksim lors d’un rassemblement du 1er-Mai, marquant la Journée internationale des travailleurs, à Istanbul, le 1er mai 2025. AFP – KEMAL ASLAN

Dans le cortège du 1er-Mai, les jeunes semblent encore plus nombreux que les années précédentes. Pour Didem, militante du Parti des travailleurs de Turquie, le TIP, c’est la suite « logique Â» des manifestations contre l’arrestation du maire d’Istanbul, Ekrem ImamoÄŸlu, le 19 mars : Â« Ce sont les étudiants qui, depuis le 19 mars, portent le mouvement de contestation. En ce 1er-Mai, étudiants et travailleurs unissent leurs luttes, et il faut qu’il en soit ainsi. Nous sommes tous des citoyens, et ce sont nos droits de citoyens qu’on essaye de nous enlever. Â»

Okan, 21 ans, est un membre du CHP, le parti du maire d’Istanbul. Crise de la démocratie, crise de l’économie. À ses yeux, tout est lié : « Depuis l’arrestation d’Ä°mamoÄŸlu, la Banque centrale a dû puiser massivement dans ses réserves pour soutenir la monnaie. Ça veut dire que dans quelques mois, la situation économique aura encore empiré, les travailleurs souffriront encore plus. Â»

Fatin Kanat est co-dirigeant à Ankara du parti pro-kurde, le DEM. Pour lui, ce 1er-Mai est plutôt synonyme d’espoir… Celui d’une possible paix entre la Turquie et le PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan, qui devrait annoncer bientôt la fin de la lutte armée : Â« Avancer dans la résolution de la question kurde, c’est aller vers plus de démocratie, plus de libertés, vers la fin des politiques répressives du pouvoir… C’est un espoir de paix pour tout le Moyen-Orient. Â» 

Les autorités turques s’attendent à ce que le groupe armé kurde annonce sa dissolution dans les prochains jours ou semaines. 

À Istanbul, près de 400 personnes participant aux célébrations du 1er mai ont été arrêtées, ont annoncé les autorités qui ont déployé plus de 50 000 policiers et paralysé une partie de la ville pour empêcher tout rassemblement sur l’emblématique place Taksim.

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