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TV5 Monde, le 03/09/2025
Par Terriennes, Liliane Charrier
Journaliste et historienne, Berrin Sönmez est une défenseuse acharnée des droits des femmes en Turquie. Musulmane pratiquante, elle a toujours dit qu’elle renoncerait au foulard islamique le jour où il deviendrait obligatoire. Pour elle, le moment est venu.
Berrin Sönmez a passé une grande partie de sa vie à défendre les droits et les libertés des femmes, dont celle de ne pas porter le foulard islamique dans ce pays laïc qu’est la Turquie depuis 1923. Mais aussi celle de le porter.
Aujourd’hui retraitée, l’historienne et journaliste a commencé sa carrière comme enseignante chercheuse dans le secteur public. Musulmane pratiquante, elle s’est vu interdire le port du foulard islamique au travail dans les années 1980/90. La discrimination du gouvernement de l’époque à l’égard de l’islam la poussera même à quitter le service public.
Féministe islamique
Petite fille, élevée dans une famille pratiquante, elle voit bien que les femmes ne sont pas traitées comme les hommes. Éprise de justice, elle s’empare de la cause féministe pour lutter contre ces inégalités qui la heurtent tant.
Le port du foulard est une décision dont elle n’a jamais beaucoup parlé, car « c’est une question très personnelle », dit celle qui se dit fière d’avoir réussi à concilier les piliers de son identité « islamique et féministe ».
Interdit ou obligatoire, le foulard est une même violation des droits des femmes si la règle est imposée par l’État. Berrin Sönmez
En 2002, pour la première fois dans l’histoire de la Turquie moderne, un parti à orientation religieuse remporte suffisamment de voix pour former un gouvernement. C’est le Parti de la justice et du développement, l’AKP, toujours au pouvoir aujourd’hui.
À l’époque, Berrin Sönmez vote pour Recep Tayip Erdogan: « Au départ, lui et son parti incarnaient un espoir pour les droits. Ils ont joué le jeu de la démocratie, ils sont allés à Bruxelles, ils ont fait passer des lois contre les violences faites aux femmes, ils ont accepté de signer la convention d’Istanbul… » déclare-t-elle au correspondant du journal Le Monde.
Le foulard islamique: une affaire d’État ?
En 2021, l’AKP lève l’interdiction du voile à l’université, puis au collège, dans la fonction publique, au Parlement et même dans la police.
Des mesures reçues en Turquie comme une libération des droits des femmes et sur lesquelles elles ne veulent pas revenir, explique alors Berrin Sönmez. « Ceux qui considèrent le foulard comme un symbole religieux contraire au principe de laïcité devraient comprendre qu’il s’agit d’une discrimination: interdit ou obligatoire, le foulard est une même violation des droits des femmes si la règle est imposée par l’Etat », estime-t-elle.
L’année suivante, le président Erdogan propose même d’inscrire le port du voile dans la Constitution, en vain.
À la différence des années 1990, aucun mouvement politique ne propose aujourd’hui l’interdiction du port du voile en Turquie. Le candidat d’opposition Kemal Kiliçdaroglu lui-même, président du CHP laïc, le parti fondé par Mustafa Kemal, propose d’inscrire ce droit dans la loi.
« Il y a eu une avancée considérable à ce sujet. Les femmes religieuses et les femmes laïques travaillent désormais ensemble au sein des organisations féministes », se félicite Berrin Sönmez.
Toujours plus loin de l’AKP
Au fil des années, Berrin Sönmez constate que le gouvernement de l’AKP ne souffre pas la critique, que les droits et libertés se restreignent, à commencer par ceux des femmes. La tentative de coup d’État raté de 2015 et la répression qui s’en est suivie n’ont fait qu’accélérer le durcissement.
Notre droit d’exister en tant que citoyennes égales et individus libres est constamment menacé.
Berrin Sönmez
Un retour en arrière confirmé par la décision de la Turquie de se retirer de la Convention d’Istanbul, ce traité international qui engage les signataires à prendre des mesures contre les violences faites aux femmes, sous prétexte qu’il met « en danger la structure familiale ».
Membre de la Coalition des femmes pour l’égalité, Berrin Sönmez fustige ce choix, qui génère un sentiment d’impunité chez les agresseurs masculins.
Alors que la Convention demandait une véritable enquête à chaque décès suspect, les commissariats se font rapidement plus réticents à recevoir les plaignantes, qui peuvent aussi peiner à avoir accès aux tribunaux, dénonce-t-elle alors, soulignant aussi l’augmentation du nombre de ces décès, dont les dossiers sont classés sans enquête complémentaire.
Pression sur les femmes
« Le gouvernement tente de revenir sur les acquis des femmes un à un. Nous luttions pour de nouveaux droits il y a vingt ans, mais nous luttons aujourd’hui pour les conserver, y compris le droit des femmes divorcées à recevoir une pension », s’inquiète-t-elle… Notre droit d’exister en tant que citoyennes égales et individus libres est constamment menacé ».
En juin 2025, Berrin Sonmez regrette qu’Erdogan pointe la responsabilité des femmes et des « pervers » LGBT+, sa cible récurrente, jugés seuls coupables du déclin de la population, sans prendre en compte ses erreurs politiques, dit-elle. « Les gens hésitent à faire des enfants dans un environnement chaotique et incertain, sans politique sociale, où le soutien à l’enfance est inexistant et l’éducation est un des secteurs les plus onéreux ».
Sur le chapitre du voile, la pression exercée sur les femmes dans les administrations, mais aussi dans le secteur privé, n’a cessé de se renforcer.
Des salariées ont rapporté à Berrin Sönmez qu’elles avaient été licenciées parce qu’elles ne portaient pas le voile. « Une directrice adjointe d’une société publique a expliqué qu’un de ses collègues lui avait fait comprendre qu’elle resterait adjointe parce qu’elle n’était pas couverte. »
🇹🇷 Taux de natalité en berne en Turquie: le président Erdogan accuse les femmes de ne plus faire assez d’enfants 👇 https://t.co/KSOyrXFLcr
— TV5MONDE Info (@TV5MONDEINFO) July 7, 2025
Un acte de résistance personnel
À 64 ans, Berrin Sönmez a pris cet été une autre décision, un acte de « résistance personnel » face aux dérives du régime, en dévoilant sa chevelure blanche avec ces mots : « Je jette mon voile aux pieds du gouvernement et des instances religieuses ».
Son geste fait suite à un sermon prononcé le 1er août lors de la prière du vendredi, diffusée dans les 90 000 mosquées affiliées au Diyanet, l’organisme chargé d’encadrer le culte en Turquie. Le Dinayet est surtout considéré comme le bras armé du pouvoir islamo-conservateur, déterminé à façonner une « génération religieuse ».
Ce prêche, consacré à la « pudeur » et la « décence », clame que les femmes doivent être couvertes des pieds à la tête, qu’elles ne peuvent pas porter de vêtements qui soulignent la silhouette au risque de violer des commandements de Dieu et de se rendre complice de « décadence de la morale et des bonnes mÅ“urs ».
La ligne rouge de la discrimination
Dans un texte publié sur Medyascope, Berrin Sönmez se dit consternée par ce discours: « … la décence et les bonnes manières ne sont pas limitées aux vêtements ni au corps des femmes. L’interprétation du Diyanet est phallocentrée, patriarcale et dogmatique. »
« Se présenter en public ou dans des lieux officiels dans des vêtements inappropriés constitue une provocation », ajoute le prêche. Ces mots renvoient Berrin Sönmez à la discrimination qu’elle a elle-même subie dans les années 1980 et 1990 dans l’espace public.
Je fais simplement mes adieux à mon voile parce que je ne veux pas manquer le moment opportun pour réagir.
Berrin Sönmez
Pour elle, la ligne rouge est franchie. « En l’enlevant, je leur dis de ne pas aller plus loin: une femme de 64 ans, aux cheveux blancs, a jeté son foulard, réfléchissez-y, comprenez la signification de tout cela et revenez en arrière ».
Les critiques et insultes ont fusé, mais à la fin du texte publié sur Medyascope, Berrin Sönmez assure n’attendre ni respect ni approbation: « Je fais simplement mes adieux à mon voile parce que je ne veux pas manquer le moment opportun pour réagir. Une personne seule n’a peut-être pas d’importance, mais en tant qu’individu, ma position est claire. Je rejette la voie empruntée par le Diyanet et le pouvoir, la voie de l’oppression. Si vous êtes des oppresseurs, je ne suis pas des vôtres. »
Entre-temps, le Diyanet continue sa campagne pour la « pudeur » et la « décence », condamant le comportement des hommes et des femmes qui se « baignent dans la même mer » et « se retrouvent sur les mêmes plages »…
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