Un changement dans la constitution turque pourrait permettre au président Recep Tayyip Erdogan de rester au pouvoir jusqu’en 2029, s’il était de nouveau élu en 2019 et 2024.
La réforme constitutionnelle proposée en Turquie par le parti AKP au pouvoir afin d’étendre les pouvoirs du président pourrait permettre à Recep Tayyip Erdogan de se maintenir à la tête du pays jusqu’en 2019, si l’on en croit des responsables qui ont consulté le projet de loi.
Le président Erdogan et ses partisans affirment que le pays a besoin d’une présidence forte, sur le modèle du régime français ou américain, afin d’en finir avec la fragilité des coalitions de gouvernement qui a constitué une entrave au développement dans le passé.
L’opposition soutient que cette révision de la Loi fondamentale ne vise qu’à satisfaire les ambitions d’Erdogan et risque de se traduire par une dérive autoritaire qui, selon les Occidentaux, s’exprime déjà par les purges massives organisées depuis le putsch manqué du 15 juillet.
Possibilité d’être deux fois encore candidat
L’AKP, fondé par Erdogan en 2001 et au pouvoir depuis 2002, entend organiser un référendum sur cette réforme constitutionnelle mais a besoin du soutien des nationalistes du MHP pour que la tenue du scrutin soit approuvée par le Parlement.
Selon le projet présenté au MHP mardi, Erdogan bénéficierait de nouvelles prérogatives immédiatement après le référendum en tant que président en exercice.
Il pourrait se présenter à la présidentielle de 2019 et s’il était élu, il demeurerait chef de l’État jusqu’en 2024, terme de son second et dernier mandat de cinq ans, suivant la limite prévue par la Constitution.
En cas de réforme, les compteurs seraient remis à zéro, le mandat actuel d’Erdogan ne serait pas comptabilisé. Il pourrait donc être candidat en 2019 puis à nouveau en 2024 et en cas de victoire se maintenir au pouvoir jusqu’en 2029.
Gouverner par décrets
Une autre disposition de la réforme octroie au président la possibilité de gouverner par décrets sur les questions relevant de l’exécutif sans avoir à consulter le Parlement.
Il aurait deux vice-présidents et nommerait directement les chefs d’état-major des armées, ceux des services de renseignement, les recteurs d’université, certains hauts fonctionnaires et les membres de certaines juridictions supérieures.
De telles modifications risquent d’inquiéter encore un peu plus l’Union européenne, qui a exprimé des critiques concernant la répression menée en Turquie depuis le coup d’État manqué.
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