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Elle, le 09/12/2023
Par Cerise Sudry-le-Dû avec Özlem Temema
Turquie : le mystérieux gang des influenceuses beauté toutes poursuivies en justice. – © Compte Instagram @elitizm1
À force d’exposer leur indécente richesse sur les réseaux, certaines stars du Net se sont rendues suspectes… Blanchiment d’argent, liens avec le crime organisé: une centaine d’entre elles font l’objet de poursuites.
« J’ai de l’énergie, 100 % d’énergie »… Dilan Polat apparaît dans l’entrebâillement de la porte d’une maison luxueuse, affublée de billets de 100 euros enroulés dans ses cheveux comme des bigoudis. La chanson est le dernier caprice de cette patronne de salons de beauté turque, couverte de bijoux dans son clip et entourée de copines tout aussi botoxées qu’elle. « Enerci » (« énergie » en turc), lance-t-elle en couvrant ses collaborateurs de billets avec un pistolet lanceur de devises. « Enerciiii », sourit-elle lors de ses apparitions à la télé ou de ses stories sur Instagram… Mais silence lorsque, fin octobre, la police est venue l’arrêter avec son mari, Engin Polat, et sa sœur, Sila Dogu, soupçonnés de blanchiment d’argent.
Un mode de vie suspicieux
Tout a commencé en 2017, quand cette photographe a ouvert des centres d’esthétique. En quelques années, des dizaines ont ouvert dans la plupart des provinces du pays. À leur tête, Dilan Polat expose ostensiblement son train de vie luxueux, sirotant son café recouvert de feuilles d’or, descendant les marches de son jet privé ou recevant des plateaux- repas garnis de billets de 100 dollars. C’est cette propension à exposer les détails de sa vie privée qui a incité certains internautes à s’interroger sur l’origine de sa fortune.
« Ce qui me dérangeait le plus, c’était leurs dépenses constantes. Ils jetaient de l’argent en dollars américains, en livres turques et en euros. Pour moi, c’étaient des indices corroborant une possible source de revenus illicites », indique Sarphan Uzunoglu, directeur général de NewsLab Turkey, spécialiste du monde numérique, enseignant à l’université Bilgi d’Istanbul et à l’université des sciences d’Ankara. Depuis, les révélations sur le train de vie fastueux de Dilan Polat s’enchaînent, tout comme les accusations de corruption. Certains ont aussi pointé la proximité du couple Polat avec l’ancien ministre de l’Intérieur, Süleyman Soylu, repartageant même une capture d’écran d’une conversation FaceTime. « Avec cette assurance constante que rien ne leur arriverait, je ne pouvais que penser qu’ils étaient protégés par quelqu’un », dit Feyza Altun, avocate. Sarphan Uzunoglu renchérit : « En Turquie, la grande injustice sociale et la concentration de capital et de pouvoir dans une si petite minorité rendent difficile la découverte de tels schémas de blanchiment d’argent, en raison des relations de pouvoir et des contradictions au sein même de l’État. »
En Turquie, les lois sont très strictes concernant la publicité pour l’alcool, les cigarettes ou les paris, mais pour le reste, le flou règne. « La Turquie est dans une zone grise, commente Feyza Altun. On a vu des personnes devenir très riches, sans pour autant vraiment savoir qui elles étaient, quelle était leur formation, leur métier… » D’autant que, selon des experts financiers, avec ses multiples filiales, le couple Polat aurait dû payer plus de 500 millions de livres turques d’impôts (près de 16 millions d’euros), alors qu’en fait « ils ne payaient presque rien », indique un expert.
Et ça continue…
Depuis quelques semaines, d’autres influenceurs, à la richesse soudaine et tout aussi suspecte, ont été placés en garde à vue, comme les sœurs Nihal et Bahar Candan, mises en examen pour blanchiment. Les internautes raffolent des montages vidéo où sont juxtaposées des images des deux sœurs dansant langoureusement dans un bar avec des images de la police fouillant leur appartement. Au total, près de 600 influenceurs pourraient être inquiétés. Beaucoup d’entre eux travaillent… dans le secteur de la beauté : « Je trouve ce phénomène des centres d’esthétique très troublant », note Feyza Altun.
Mais attention à quiconque s’intéresserait de trop près au phénomène. « J’ai reçu beaucoup de menaces, indique l’avocate, qui a enchaîné les plateaux télé pour parler de l’affaire. On m’a dit que j’étais sur une liste, qu’on devait me faire taire, on a aussi proposé de m’acheter. » Un blogueur spécialisé dans les révélations people a aussi indiqué avoir reçu plusieurs messages. « Je pense que tout le monde connaissait ces magouilles mais avait peur de les partager. J’espère que l’État interviendra rapidement, sinon je vais prendre une balle », écrit-il.
Pourtant, l’affaire Dilan Polat, aussi tentaculaire soit-elle, ne doit pas occulter le contrôle croissant exercé sur les réseaux sociaux en Turquie. Des dizaines d’internautes ont déjà été détenus pour un simple retweet. Les procureurs peuvent attaquer quiconque publie une « fausse information » sur les réseaux, sans que les contours de cette notion soient clairs. « Cette loi crée un climat d’autocensure. Le fait qu’un citoyen, sans même parler d’un journaliste, doive se poser autant de questions avant de tweeter est un grave problème », précise Sarphan Uzunoglu.
Il y a donc deux poids deux mesures. D’un côté la liberté pour certains d’afficher une quête effrénée de richesse, sans craindre de représailles tant qu’ils respectent un standard de « vie pieuse », et le culte du capitalisme. Le couple Polata d’ailleurs médiatisé son voyage à La Mecque. « La démonstration d’une vie luxueuse est souvent accompagnée d’une promulgation de la religiosité et du nationalisme. Mais lorsque quelqu’un met en avant de manière marquée sa religiosité ou son nationalisme, nous savons tous qu’il cache quelque chose », dit Sarphan Uzunoglu.
De l’autre côté, il y a ceux qui se font inquiéter de façon apparemment arbitraire. Parmi les victimes inattendues de ce contrôle sur les réseaux sociaux figure Merve Taskin. Cette jeune femme est une starlette parmi tant d’autres, alimentant principalement son compte Instagam avec des tenues suggestives. En visite à Amsterdam, elle partage des stories sur le musée du sexe de la ville et sa boutique vendant des paquets de pâtes en forme de pénis… À son retour en Turquie, elle est attaquée pour obscénité. Loin de se laisser intimider, à chacune de ses apparitions au tribunal, elle étudie ses tenues, posant en minijupe et haut extravagant devant le palais de justice ou avec son avocate, interpellant même ses abonnés : « Que pensez-vous de ma tenue de procès ? » Pour Feyza Altun, qui l’a défendue, le cas de Merve Taskin, bien qu’éloigné de la politique, est symbolique : « Si poser en lingerie est considéré comme obscène, la prochaine étape pourrait être de considérer les Bikini, les débardeurs, les shorts, voire même les coiffures comme obscènes. L’affaire Merve Taskin a été cruciale pour les droits des femmes en Turquie. » Pourra-t-on en dire autant de l’affaire Polat ? Dans son tube, l’influenceuse chante : « Je vous vois commérer dans mon dos, mais ça ne m’arrêtera pas. » Toujours est-il que pour le moment, son « enerci » est derrière les barreaux.
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