Turquie : le gouvernement veut rassurer les marchés après les turbulences causées par l’arrestation du maire d’Istanbul

Les Echos, le 20/04/2025

Par Killian Cogan

L’arrestation du maire d’Istanbul Ekrem ImamoÄŸlu le mois dernier a échaudé les marchés et mis à mal les efforts entrepris depuis deux ans par le ministre des Finances Mehmet ÅžimÅŸek pour attirer les investissements dans le pays. Pour tenter de rassurer les marchés, la banque centrale turque a relevé ses taux d’intérêt.

Ankara tente de reprendre la main sur l’économie. Après avoir plusieurs fois baissé son principal taux directeur entre décembre et mars dernier, le faisant passer de 50 à 42,5 %, la banque centrale turque a opéré un revirement en le relevant, jeudi 17 avril, de 3,5 % pour le porter Ã  46 %. Cette hausse intervient près d’un mois après l’arrestation d’Ekrem ImamoÄŸlu , maire d’Istanbul issu du Parti républicain du peuple (CHP) et principal opposant au président ErdoÄŸan. Il est accusé de « corruption Â» et de « soutien à l’organisation terroriste PKK Â». Un tournant autoritaire qui a provoqué de fortes turbulences économiques et mis à mal les efforts entrepris par le ministre des Finances Mehmet ÅžimÅŸek depuis deux ans pour restaurer la confiance des marchés et attirer les investissements dans le pays.

L’arrestation de l’édile stambouliote et le mouvement de contestation qu’elle a entraîné ont en effet suscité l’inquiétude des marchés. Selon un officiel turc cité par le « Financial Times », ces dernières semaines, la Turquie aurait fait face à une sortie de capitaux de l’ordre de 16 milliards de dollars. Afin d’endiguer le décrochage de la lire turque dans la foulée de l’incarcération d’Ekrem ImamoÄŸlu, la banque centrale turque a aussi dépensé près de 50 milliards de dollars, épuisant de la sorte ses réserves de change. Une diminution des réserves qui s’est poursuivie au cours des dernières semaines. « Les réserves internationales hors swaps [de la banque centrale turque] ont été réduites de 45 milliards de dollars entre le 18 mars et le 11 avril, pour s’établir à 20,8 milliards de dollars Â», écrit la banque espagnole BBVA dans une note.

Outre l’arrestation d’Ekrem ImamoÄŸlu, les marchés sont également perturbés par la hausse des droits de douane décrétés par le président américain Donald Trump. Les produits turcs ne sont toutefois taxés qu’à 10 % , soit le taux le plus bas imposé par Washington à ses partenaires commerciaux.

Baisse de l’inflation

« La politique monétaire restrictive sera maintenue jusqu’à ce que la stabilité des prix soit atteinte par une baisse durable de l’inflation Â», a indiqué jeudi la banque centrale turque. L’inflation n’a pas cessé de baisser depuis juin 2024, lorsqu’elle culminait à 71,60 % En mars, le taux d’inflation officiel s’est établi à 38,10 % en rythme annuel, en légère baisse par rapport au mois de février (39,1 %) et la banque centrale vise aujourd’hui un taux de 24 % d’ici la fin de l’année.

En attendant, le climat économique demeure incertain alors que les manifestations contre l’arrestation du maire d’Istanbul se poursuivent et que l’opposition a lancé un mouvement de boycott des enseignes et entreprises proches du pouvoir.

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