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Le Figaro, le 27/06/2024
Par Sophie Vincelot
Les deux pays s’imposent dans le cœur des voyageurs cet été, attirés par une offre culturelle et balnéaire diversifiée, mais aussi voire surtout par un rapport qualité-prix avantageux.
«Nous avons vraiment vécu comme des reines.» Au téléphone, Camille sourit encore des vacances qu’elle a passées en Turquie en août dernier, avec ses trois amies. «Tout s’est très bien passé. D’habitude, nous visons plutôt l’Espagne ou l’Italie pendant l’été, mais nous avions envie de partir plus loin, sans dépenser énormément.» En comprenant les vols aller-retour Paris-Istanbul, un vol interne vers la région de Göreme, les hébergements et les dépenses sur place, la jeune étudiante, alors âgée de 23 ans, a déboursé 1300 euros pour deux semaines. «Nous avons payé la même somme que les années précédentes, mais pour un voyage plus dépaysant», nous raconte-t-elle. Sur place, le groupe ose se faire plaisir, entre cinq jours dans la région de Gorëme, réputée pour ses sites rupestres de Cappadoce et ses vols en montgolfière, quatre jours à Fethiye, pour profiter des plages, puis une semaine à Istanbul.
Côté hébergement, la (belle) surprise est au rendez-vous. «Dans la région de Gorëme, nous avons payé 100 euros par personne pour quatre nuits, petit-déjeuner inclus, alors que c’était vraiment luxueux. Il y avait une piscine sur le toit de l’hôtel et une vue sur les montgolfières», se souvient-elle avec émerveillement. Même constat pour les activités sur place. «Nous avons fait du cheval au coucher de soleil, du quad, nous avons volé en montgolfières… Hormis cette dernière activité, qui coûtait assez chère – 200 euros -, le reste nous est revenu à chaque fois entre 30 et 40 euros, en moyenne», poursuit la jeune femme, qui avait programmé son voyage neuf mois auparavant. «En Turquie, nous avons voulu faire des activités que l’on n’aurait pas pu se payer dans un autre pays, comme l’Espagne ou la France.»
PAS D’EURO COMMENT PAYER SUR PLACE ?
Pas d’euro ici, mais la lire turque et le lek albanais. Sur place, comptez en moyenne 35 lires turques et 100 leks albanais pour un euro. «La lire turque est très intéressante, et suit le cours de l’euro», note Cécile Revol, directrice générale de Sunweb France, spécialiste des séjours tout compris.
Turquie, star des prix mini

Le parc national de Göreme et ses sites rupestres font le bonheur des touristes en Turquie. art_of_line – stock.adobe.com
Avec l’Albanie, la Turquie se distingue comme l’une des grandes destinations de l’été. Si les classiques Grèce et Espagne continuent à occuper le haut du classement dans le cÅ“ur des touristes français, les deux pays se démarquent pour cette nouvelle saison estivale. «Sur la Turquie, nous réalisons une progression de 30% en nombre de clients par rapport à 2023», révèle Cécile Revol, directrice générale de Sunweb France, spécialiste des séjours tout compris. «C’est une destination qui offre un excellent rapport qualité-prix : entre 500 et 600 euros la semaine par personne.» Les professionnels ne s’y trompent pas : «l’argument économique» explique en partie «le succès de la côte Sud de la Turquie autour d’Antalya, où les recherches d’hôtels sont en progression de 30%», note quant à lui le site de réservation Expedia.fr.
Le voyagiste TUI France a relancé la destination en proposant des séjours en clubs et hôtels, à Antalya, Istanbul et Bodrum, avec son offre TUI Musement. Et le succès semble au rendez-vous : «Nous sommes revenus prudemment sur la destination et nous sommes très satisfaits», observe Christophe Lavail, directeur des clubs de vacances (Clubs Lookéa, Clubs Marmara) et de TUI Sélection. Même si, pour le voyagiste, l’inflation, voire l’hyperinflation, a également touché le pays : «le prix moyen s’élève à 720 euros par personne la semaine pour une formule en tout inclus avec avion, transfert, sept nuits au club et l’animation. Avant Covid, le tarif moyen se situait entre 400 et 500 euros la semaine». Pas de quoi décourager les touristes pour autant. «La Turquie est la cinquième plus grosse destination pour nous cet été, derrière la Grèce, l’Espagne, la Tunisie et l’Égypte», annonce Cécile Revol (Sunweb France).
L’Albanie, une alternative à la Croatie
La Turquie, unique reine des vacances à petits prix ? Au cours des dernières années, l’Albanie s’est également érigée en une valeur sûre pour une partie des Français. En 2022, Nathalie et son compagnon s’envolent pour ce petit pays des Balkans. À l’époque, elle découvre une destination encore peu connue des touristes. «Pour 10 jours, cela nous est revenu à 400 euros, dont les billets d’avion et les logements», se souvient-elle. Sur place, les tarifs défient toute concurrence : entre 20 et 40 euros la nuit de chambre d’hôtel avec vue sur mer et petit déjeuner inclus ; entre 7 et 10 euros un plat au restaurant. «Je sais que nous avons eu de la chance, car nous sommes partis en septembre et le pays n’était pas aussi populaire auprès des touristes. L’année suivante, deux amis à nous sont partis en août et en ont eu pour le double.»
« Ce n’est plus une destination low cost. C’est fini la semaine à 500 euros »
Bérenger Thibaut (Albanie Vacances)
Une augmentation des prix que confirme Bérenger Thibaut, fondateur et directeur de l’agence de voyages Albanie Vacances. «Ce n’est plus une destination low cost. C’est fini la semaine à 500 euros. Désormais, pendant juillet et août, la chambre double dans un bel hôtel coûte entre 100 et 150 euros la nuit. Tout a augmenté entre 20 et 30%.» Le ministère du tourisme albanais mise désormais sur un tourisme plus haut de gamme. Reste que le pays – fort d’offres balnéaires et culturelles riches avec des sites gréco-romains sans pareil (dont le parc national de Butrint, en face de Corfou) et des villes à l’identité ottomane (Berat et Gjirokastër) – est l’une des grandes stars de cet été. Expedia.fr note un bon de 25% dans les recherches de vol pour la capitale Tirana et de 35% pour les séjours à l’hôtel.
Malgré cette hausse des prix, le pays reste notamment une bonne alternative à la Croatie. «Pour cet été, nous avons enregistré une hausse de 50% du nombre de clients par rapport à l’année dernière», note Grégory Gérard, directeur de la production Nouvelles Frontières, marque de TUI France. La société propose notamment des circuits accompagnés qui vont jusque dans le sud du pays, mais aussi des road trip qui partent du nord jusqu’au sud, en longeant la côte albanaise. Pour cette dernière offre, comptez à partir de 811 euros la semaine par personne. «Cela ne reste tout de même pas très cher par rapport au reste de l’Europe», poursuit Grégory Gérard. De quoi arriver à une saturation de la destination pour cet été ? En 2023, la forteresse des Balkans a accueilli plus de 10 millions de voyageurs et pourrait bien battre son record cette année.
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