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Le Figaro, le 07/05/2023
Par Anne Andlauer

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, en Turquie, le 27 avril. MURAT CETINMUHURDAR/PPO/via REUTERS
DÉCRYPTAGE – La hausse spectaculaire des prix ne semble pas avoir fait fondre la base électorale du chef de l’État.
Ali Riza, 63 ans, le reconnaît sans trop de peine: à la maison, ce n’est pas lui qui fait les courses, encore moins la cuisine. Mais depuis quelque temps, ce retraité connaît le prix des provisions que son épouse ramène du marché, et c’est bien cela qui l’énerve. «Trente livres (1,40 euro) le kilo de tomates! C’était six fois moins il y a cinq ans!» s’indigne le Stambouliote, assis dans le café où il retrouve ses amis pour jouer au okey, une variante du Rummikub. «Et ne parlons pas des oignons!», poursuit Ali Riza, avant d’en parler longuement. «30 livres le kilo d’oignons! Il y a plein de citoyens de ce pays qui ne peuvent plus manger sainement, et certains ont l’audace de nous traiter de “têtes d’oignon”!»
Ali Riza ne votera pas pour Recep Tayyip Erdogan à la présidentielle du 14 mai. Il ne l’a jamais fait, d’ailleurs, «car Erdogan ne m’a jamais plu, mais ce n’est pas le problème». Le problème, poursuit-il, «c’est que nous avons un président qui prétend qu’il n’y a pas de crise de la vie chère, que l’inflation n’est pas si élevée que ça, et qu’on devrait le remercier par-dessus le marché. Il est temps qu’il prenne sa retraite, lui aussi!»
Avec sa gouaille qui amuse la tablée, Ali Riza pointe du doigt l’un des éléments du discours de Recep Tayyip Erdogan, en campagne pour sa réélection après vingt années au pouvoir: relativiser, si ce n’est nier, les difficultés économiques d’une grande partie des Turcs. «Nous avons fait la Togg (la première voiture électrique turque), nous avons fait le TCG Anadolu (le premier porte-aéronefs turc) et, eux, ils en sont encore à s’occuper de concombres, de tomates et de pommes de terre!», a lancé le chef de l’État devant une foule de partisans à Denizli le 19 avril. Et d’insister: «Ce pays n’a pas de problème d’oignons, de pommes de terre ou de concombres. Et d’ailleurs, nous avons résolu tous les problèmes de ce pays.»
L’électeur ne vote pas sur des questions abstraites comme le fait de savoir si la Turquie doit se rapprocher de l’Occident ou s’en éloigner, mais sur des préoccupations quotidiennes
Seda Demiralp, politologue
Six jours plus tard sur Twitter, son principal rival accusait le président turc de «se moquer des pauvres» et ses partisans de dénigrer les «têtes d’oignon» qui se soucient de leur sort. Kemal Kiliçdaroglu, soutenu par une alliance de partis d’opposition, rappelait aussi dans ce message comment, il y a dix ou vingt ans, des cadres de son propre parti, le Parti républicain du peuple (CHP), avaient fait l’erreur de railler l’électorat populaire de Tayyip Erdogan en l’accusant de le soutenir pour recevoir des pâtes ou du charbon gratuits. «Dieu merci, nous avons changé (alors que) les proches du palais se sont enrichis, beaucoup enrichis. Et maintenant, ils se moquent des pauvres.»
«Les rôles semblent avoir changé», observe Seda Demiralp, professeur de sciences politiques à l’université Isik d’Istanbul. «Pendant des années, la lutte contre la pauvreté est restée le principal sujet des campagnes et des politiques de l’AKP (Parti de la justice et du développement, fondé par Erdogan). Désormais, l’opposition endosse ce rôle.» Et pour cause: c’est de l’économie que les électeurs parlent et se plaignent le plus. Dans un sondage Metropoll réalisé début avril, 56% des Turcs interrogés la plaçaient en tête des «plus importants problèmes» du pays, très loin devant «l’échec des politiques du gouvernement» (7,6%). Même si le pouvoir a ouvert en grand les vannes de la dépense publique pour pallier les effets d’une inflation record (jusqu’à 85% sur un an en novembre dernier), la chute du pouvoir d’achat suscite un mécontentement inédit jusque chez les fidèles d’Erdogan. Il en paie d’autant plus le prix que son obstination à baisser drastiquement les taux de la banque centrale depuis l’automne 2021 a fait dégringoler la livre face au dollar et à l’euro, première raison de cette inflation.
Pour autant, la hausse spectaculaire des prix ne semble pas avoir fait fondre la base électorale du chef de l’État. Mehmet Ali, un chauffeur d’Istanbul, continuera de voter pour lui. «L’économie est un peu en difficulté, reconnaît-il, mais c’était pire quand il est arrivé au pouvoir. À l’époque, il avait redressé la situation. Le seul qui puisse à nouveau redresser la situation, c’est lui», assure-t-il. Mehmet Ali lui sait gré d’avoir multiplié par trois le salaire minimum ces deux dernières années pour atténuer la crise du pouvoir d’achat.
Réponse nuancée
Ahmet, 34 ans, gérant de café dans le quartier traditionnel de Fatih, cite d’emblée l’économie quand on lui demande ce qu’il reproche à Tayyip Erdogan. «Maintenant, la question est de savoir si l’opposition ferait mieux», ajoute-t-il aussitôt, d’un air incrédule. «À la fin des années 1990 et au début des années 2000, une succession de gouvernements de coalition a provoqué l’instabilité et nous a plongés dans la crise», argumente Ahmet. «Or, qui soutient Kemal Kiliçdaroglu? Six partis d’opposition qui voudront tous avoir leur mot à dire en cas de victoire.»
La politologue Seda Demiralp a étudié avec deux collègues les défections au sein de l’AKP, tout particulièrement leur lien avec la crise économique. Leurs conclusions, publiées le mois dernier dans la revue Turkish Studies, apportent une réponse nuancée. «L’électeur ne vote pas sur des questions abstraites comme le fait de savoir si la Turquie doit se rapprocher de l’Occident ou s’en éloigner, mais sur des préoccupations quotidiennes. S’il rend le pouvoir responsable de la crise économique et s’il juge l’opposition convaincante, alors la probabilité qu’il change de camp augmente», constate Seda Demiralp. La chercheuse attire l’attention sur une autre conclusion de l’étude: les défections sont moins nombreuses chez les plus défavorisés. «De manière paradoxale, plus un électeur est affecté par la crise, plus il rechigne à changer son vote», donc à sanctionner le pouvoir. «Plus vous êtes vulnérable, plus vous fuyez le risque, car le risque de perdre le peu qu’il vous reste est très coûteux», explique-t-elle. C’est la crainte que le panier de courses, déjà amputé des oignons, ne devienne tout à fait vide.
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