Tremblement de terre en Turquie : Antioche n’est plus que ruines

Les Echos, le 03/02/2023

Par Timour Ozturk

Dans le sud du pays, près de la frontière syrienne, la ville a été sévèrement frappée par le tremblement de terre. Un nombre très important d’immeubles sont détruits. Les habitants crient leur désespoir.

La ville d’Antioche est pratiquement détruite. Les rares immeubles encore debout sont inutilisables. (Ali Kemal Zerenli/Anadolu Agency via AFP)

Dans tous les quartiers, dans chaque rue, les survivants encore valides déblaient jour et nuit les décombres avec des moyens dérisoires. Ici une masse, là une pelle, parfois une perceuse. Ils cherchent sans relâche leurs proches coincés sous le béton et l’acier, dont les chances d’en réchapper s’amenuisent à chaque heure qui passe. Autour d’eux, des militaires s’activent. Trop lentement aux yeux de beaucoup. « Où est l’Etat ? Où sont les secours ? Nous les avons attendus pendant 24 heures. Nos enfants en sont morts Â», raconte d’une voix déchirante une rescapée.

Sur place, aucun établissement de santé n’est opérationnel. Un hôpital qui a résisté au séisme de lundi est privé d’électricité, comme l’ensemble de la ville. Des tentes équipées de générateurs ont été installées sur son parking. Secouristes et soignants sont débordés. « Cette tente est pleine, essayez une autre Â», s’entendent répondre des blessés. Seuls les cas les plus graves sont admis.

Etat d’urgence dans les régions turques dévastées par le séisme
A quelques kilomètres de là, une équipe de volontaires est à pied d’oeuvre pour dégager un vieil homme d’un sarcophage de béton, seul son visage en émerge. Dans la même ruine, les sauveteurs arrivent à parler à une femme. Elle est en vie, mais son enfant qu’elle serre toujours contre elle est déjà mort. Quelqu’un apporte une pelleteuse. Elle ne fonctionne pas. On poursuit les opérations à l’aide du contenant d’une simple malle à outils. Ces bénévoles n’ont rien à manger. « Si vous passez à l’hôpital, dîtes au Croissant rouge de nous envoyer des vivres ! Â»

 
Un paysage apocalyptique
Dans ce paysage apocalyptique, les ambulances traversent en zigzag des routes défoncées toutes sirènes hurlantes. Camions de pompiers, véhicules de l’agence chargée des tremblements de terre et blindés de l’armée affluent enfin en nombre ce mardi, plus de 24 heures après la première secousse.

En plein centre-ville, un couple tente de se réchauffer autour d’un feu de palettes. Sous le choc, l’homme a le visage couvert d’une poussière noire : « Je suis resté dessous pendant neuf heures. Tout s’est écroulé sur moi Â». Il fond en larmes. « Un homme tentait de me sortir de là en tirant par-dessus. Je poussais par en dessous. Finalement, il a dégagé ma femme en premier et il est revenu pour moi. Je lui dois ma vie. Â»

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