« Ce n’est pas un rassemblement mais une action de défiance contre le fascisme », a lancé Ozgur Ozel, le leader du CHP, principal parti d’opposition, aux dizaines de milliers de personnes réunies devant la municipalité d’Istanbul où des manifestations sont organisées tous les soirs depuis l’arrestation du maire d’opposition d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, mercredi dernier. L’opposition a organisé de nouveaux rassemblements, lundi 24 mars au soir, en Turquie.
« Enterrez ceux qui vous ignorent », a également déclaré Ozgur Ozel, en référence aux chaînes progouvernementales qui ne diffusent pas les images des manifestations. Il a appelé au boycott de ces chaînes et d’une dizaine de compagnies qu’il estime proches du gouvernement, dont une chaîne de cafés.
Déclenchée par l’arrestation du maire, figure de l’opposition et principal rival du président Recep Tayyip Erdogan, la contestation n’a cessé de s’étendre, rassemblant chaque soir des dizaines de milliers de manifestants à Istanbul. Des manifestations ont également eu lieu dans au moins 55 des 81 provinces du pays, selon un décompte de l’AFP.
Face à la contestation, les autorités ont déployé d’importants effectifs de police à Istanbul, en Turquie, lundi 24 mars 2025. © Yasin Akgul, AFP

Ce mouvement, d’une ampleur inédite depuis la grande vague de protestation de Gezi à Istanbul, en 2013, suscite une réaction musclée des autorités. Les manifestations ont été interdites dans les trois plus grandes villes du pays – Istanbul, Ankara et Izmir – et plus de 1 130 personnes ont été interpellées en six jours, tandis que 43 ont été arrêtées lundi soir, selon le ministre de l’Intérieur.
« Cessez de troubler la paix de nos concitoyens par vos provocations », a martelé lundi le président turc Recep Tayyip Erdogan en s’adressant à l’opposition lors d’un discours télévisé. « Ne jouez plus avec les nerfs de la nation. Ne déchaînez pas contre notre police les organisations marginales de gauche. »
Dès la mi-journée lundi, des étudiants ont commencé à protester à Istanbul et Ankara en soutien à Ekrem Imamoglu.