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Libération, le 24/07/2017
L’intellectuel turc Murat Belge revient sur la dérive fascisante de la Turquie et les poches de résistance dans le pays.
L’émergence de l’AKP et son arrivée au pouvoir en 2002 a profondément divisé les rangs progressistes, laïcs et de la gauche en Turquie. Les avis étaient diamétralement opposés sur le discours modéré de ce courant de «jeunes réformateurs», mené par des personnalités comme Recep Tayyip Erdogan, Abdullah Gül et Bülent Arinç, qui a fait scission du parti islamiste traditionnel. Au nom des valeurs républicaines et de la laïcité «pure et dure», l’aile dite kémaliste refusait d’accorder le moindre crédit à ces «obscurantistes qui pratiquaient l’art de la dissimulation».
D’autres, au contraire, estimaient qu’il n’y avait aucune raison de s’aligner sur les militaires et de ne pas soutenir les ouvertures démocratiques pro-européennes et surtout le processus de paix avec les Kurdes et les voisins.
Le tournant ultrarépressif d’Erdogan et son alliance avec les militaires nationalistes remettent tout en cause et rapprochent aujourd’hui toutes les composantes laïques et progressistes dans une opposition à cette nouvelle donne. A l’heure des bilans et des perspectives, Eray Ak, de la rédaction de Cumhuriyet a interrogé Murat Belge, 74 ans, personnalité emblématique du monde intellectuel et universitaire turc, membre de l’Assemblée des citoyens de Helsinki, analyste politique, éditeur, auteur de plusieurs livres. Il est aussi l’un des fondateurs de la maison d’édition Iletisim (équivalent turc de Maspéro et d’Editions de minuit).
Comment en est-on arrivé-là  ? Etait-ce inéluctable ?
Non ce n’était pas inéluctable. Nul n’aurait pu le prédire. L’AKP avait promis d’accepter la règle de l’alternance électorale. D’essayer de tout faire pour intégrer l’Union européenne. De démocratiser la constitution… Et en effet, on a un peu avancé dans ce sens. Sans doute pas au point de changer structurellement la Turquie, mais assez tout de même pour que le résultat soit positif, ne serait-ce que sur le plan symbolique. Du coup, on peut dire que le concept de takkiya [concept coranique qui permet aux musulmans radicaux de dissimuler leurs véritables croyances, ndlr] est une réalité. Je ne sais pas si c’est vraiment ça qui nous est arrivé, mais toujours est-il que l’ivresse des victoires électorales a dû pousser à changer de cap à 180 degrés, surtout après le processus de la révolte de Gezi Parc.
Ivresse ? Gezi n’a-t-il pas au contraire sapé la confiance en soi du gouvernement ?
Si c’est par peur qu’ils agissent comme ça, alors ils sont bêtes. Car le recours à la violence est toujours une arme à double tranchant. Certains dignitaires de l’AKP de l’époque étaient plus accommodants. Depuis, le discours s’est considérablement durci et c’est Erdogan qui en est le seul responsable. Ceux qui sont aux postes de commande aujourd’hui, estiment que leur maintien au pouvoir dépend de leur capacité à générer de la tension politique et à réprimer.
Etait-ce si imprévisible ?
Il est vrai qu’Erdogan avait dit : «La démocratie c’est un tramway, on monte et on descend là où on veut arriver…» On peut prétendre qu’il avait annoncé la couleur et qu’il n’y a là rien de surprenant de la part d’un islamiste. Mais c’est paradoxal : Erdogan était pourtant prêt à s’ouvrir sur le monde, mais il a abandonné cette vaste vision pour se renfermer dans une idéologie étroitement banale et traditionnelle. Populisme exige, sans doute…
Où situez-vous le point de rupture ?
Au moment où Erdogan s’était publiquement opposé à Israël en 2009, dans la foulée des opérations sur Gaza. Le monde musulman l’avait alors salué comme un héros. Mais depuis, et sachant le poids d’Israël dans le monde occidental, il n’a cessé de se demander ce que cela allait lui coûter. Tout devenait à ses yeux un élément du complot revanchard destiné à anéantir «l’homme providentiel» qu’il pensait être pour la Turquie et le monde musulman. Avec la paranoïa qui est la sienne, quiconque devient un ennemi potentiel ou avéré…
Quid de Gülen ? Erdogan et lui étaient alliés. Qu’est-ce qui les oppose aujourd’hui ?
La lutte pour le pouvoir! Les pires bagarres ont toujours été celles entre les groupes qui paraissent idéologiquement proches. Erdogan et consorts sont issus de Tariqa Naqshbandiyya, tandis que Fethullah Gülen et les siens de la Jamaat-e-Nūrsi… Ce sont deux confréries distinctes de l’Islam sunnite. C’est leur alliance initiale qui était plutôt exceptionnelle. Aujourd’hui, la rupture est consommée au point que les Gülenistes ont essayé de renverser Erdogan par une tentative de coup d’Etat.
Quelles sont les poches de résistance dans la société ?
La société turque a toujours eu de drôles de ressources. Ce pays est tout de même l’héritier du dernier grand empire musulman, ce savant et complexe alliage d’Orient et d’Occident, qu’on ne peut réduire à une seule de ses composantes. L’AKP est certes un parti islamiste, mais il est aussi porteur des aspirations d’ascension sociale de couches urbaines marginalisées dans l’ancien régime. Les grosses entreprises de construction qui ont poussé comme des champignons en sont un bel exemple. Ces nouveaux riches sont certes Musulmans, mais ne vont à la mosquée que les vendredi… et encore ! Leur priorité n’est certainement pas de transformer la Turquie en une «république musulmane». Si l’AKP est au pouvoir depuis tant d’années, ce n’est pas parce qu’il a réussi à rallier ces masses à sa cause islamiste. C’est un positionnement de classe. Si Erdogan tire trop sur la corde de la polarisation sur le mode de vie, beaucoup de ses supporters peuvent s’en détacher, car leur «islamisme» à eux est de façade. Briser l’échine démocratique de la société n’est pas une tâche si aisée.
Quel est le véritable objectif du gouvernement ?
Se maintenir au pouvoir à tout prix : «L’islam au pouvoir doit y rester, quitte à refuser l’alternance électorale.» Et ça, c’est dangereux. Le pays a besoin de réformes structurelles importantes, mais on n’y arrivera pas en augmentant le nombre d’écoles pour imams ou en purgeant les opposants des universités. Etrangement, le gouvernement ne semble pas en être conscient. Pourtant, l’économie ne peut fonctionner en s’appuyant seulement sur le seul secteur de la construction immobilière.
Les gens ont peur…
Ce n’est pas nouveau. Notre histoire n’est qu’un festival de films d’épouvante ! Avant aussi les gens avaient peur de se faire lyncher ou de voir un beau matin débarquer les policiers chez eux. Certes, le style a changé et les gens ont désormais peur d’un autocrate islamiste. Aujourd’hui, on craint que les policiers aillent en plus saccager les tableaux accrochés aux murs. Nous sommes confrontés à une dérive fascisante qui vient de la rue, encouragée par le pouvoir. Ça peut vite échapper à tout contrôle.
Comment définir ce processus ?
Il s’agit d’une transition vers le fascisme. Je ne dirai pas dire que le projet du gouvernement est effectivement d’y arriver du jour au lendemain… Mais ça y ressemble fort.
Y a-t-il le moindre espoir ?
Je suis pessimiste sur le court terme. Mais il ne faut pas sous-estimer l’effet de la «marche pour la justice», dont l’apothéose a été la gigantesque manifestation à Istanbul du 8 juillet.  Cela a été un mouvement important, car les gens avaient tendance à se replier sur eux-mêmes. Ils se disent maintenant qu’ils ne sont pas seuls. Et c’est encourageant. Pour autant, inutile d’être trop pessimistes. Toute bonne chose a un prix, et la démocratie aussi. C’est ce prix que nous sommes en train de payer.
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