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L’Express, le 29/04/2021
Zafer Sivrikaya (Istanbul)
En quête de nouveaux partenariats diplomatiques et de financements, le président turc privilégie ses bonnes relations avec Pékin, au détriment de la cause de cette minorité musulmane persécutée en Chine.
Le long du quai de la marina du très chic et libéral quartier de Tarabya, sur la rive européenne d’Istanbul, se presse une foule inhabituelle. Femmes voilées et hommes en habits traditionnels agitent un drapeau bleu frappé d’une étoile et d’un croissant : la bannière du Turkistan oriental comme on l’appelle ici. Pour les fonctionnaires du consulat chinois à quelques centaines de mètres en haut de la rue, il s’agit du Xinjiang, le nom officiel de cette province du nord-ouest de la Chine, peuplée d’environ 13 millions de Ouïgours, un peuple parlant une langue turcique et de confession islamique.
« Turc, musulman, vient au secours de ton frère ! Délivre-nous de la barbarie chinoise ! » exhorte une voix à travers le haut-parleur, sous l’oeil d’un véhicule blindé de la police qui barre l’accès à la rue. « C’est devenu de plus en plus compliqué pour nous de manifester, mais pour le moment les autorités nous laissent nous rassembler ici et nous venons tous les jours pour demander des nouvelles de nos proches internés dans les camps en Chine », explique Medine Nazimi. La jeune trentenaire, diplômée de littérature chinoise vit depuis 2009 en Turquie, elle a même obtenu la nationalité turque, comme sa soeur, Mevlüde Hilal, dont elle est sans nouvelles. « Elle a été internée dans un camp entre 2017 et 2019, puis relâchée quelques mois, et à nouveau internée en mai 2019. Depuis je n’ai plus d’information, les autorités chinoises refusent de communiquer avec nous, et l’Etat turc ne se mobilise pas suffisamment pour nous venir en aide » regrette-t-elle.
Une vingtaine d’arrestations
Plus d’un million de musulmans ont été envoyés dans ces centres de « rééducation », selon les estimations de chercheurs occidentaux. Des accusations portant sur les conditions de détention se multiplient ces dernières années, notamment concernant la pratique de la stérilisation des femmes, des cas de travail forcé et de torture. Pékin défend des « centres éducatifs et de formation professionnelle » destinés à lutter contre l’extrémisme religieux et le terrorisme, où des « stagiaires » épanouis apprennent un travail.
Ces derniers mois, certains rassemblements prévus par les activistes réfugiés en Turquie ont été interdits et des militants ouïgours jugés trop remuants intimidés et interdits de manifester. Une vingtaine d’individus décrits comme « radicaux » ont par ailleurs été arrêtés, sans que soient avancés de preuves à leur encontre, ce qui sème le doute dans la diaspora. « On voit sur les réseaux sociaux que des membres de notre communauté sont placés en centre de détention. Mais nous n’avons aucune explication : c’est assez inquiétant, surtout pour ceux qui, comme moi, n’ont pas la nationalité turque », raconte Cevlan Sirmehmet, installé en Turquie depuis plusieurs années. « Je garde quand même ma confiance dans les autorités turques, elles ne vont pas nous abandonner, mais il faut qu’elles cessent de croire les mensonges de Pékin » tente-t-il de se rassurer.
Une tradition d’accueil
C’est naturellement vers la Turquie, dont ils partagent la langue et la culture que se sont tournés les Ouïgours désireux de fuir les persécutions et de faire entendre leur voix. « Dès les années 1950, il y a eu des arrivées d’exilés issus de cette communauté vers la Turquie, aujourd’hui l’on estime leur nombre à 50.000, en comptant les dernières vagues de départ en 2016-2017, lorsque la répression s’est durcie » explique Isik Kusçu Bonnenfant, chercheuse à l’université technique du Moyen-Orient d’Ankara, spécialiste de l’Asie Centrale et de la diaspora Ouïghoure.
En théorie, le contexte politique en Turquie pourrait sembler favorable à cette population. Issu d’une matrice politique islamiste, le président Erdogan, cherche à se présenter dans un rôle de leader du monde musulman, en dénonçant les oppressions dont certaines minorités sont victimes. Il avait même qualifié la situation des Ouïgours de « génocide » en 2009.
Virage pragmatique
Mais, ces dernières années, le Reis a changé de ton et douché les espoirs des exilés. Il a en effet entamé un virage pragmatique qui l’a sensiblement rapproché de Pékin. Au fur et à mesure que ses rapports se dégradent avec ses traditionnels alliés européens et américains, Erdogan tente d’équilibrer ses relations avec les puissances russes et chinoises. En échange, il a pu notamment décrocher en 2019, au moment d’élections municipales cruciales, un financement d’un milliard de dollars, et une série de promesses d’investissements chinois particulièrement bienvenus alors que le pays s’enfonce dans la crise économique.
Au printemps 2021, une entreprise chinoise devrait ainsi prendre 51% des parts du troisième pont sur le Bosphore, l’une des réalisations emblématiques du président turc, dont les banques chinoises ont accepté de prendre en charge le refinancement de 1,6 milliard de dollars de dettes. Surtout, ce sont des banques et des entreprises chinoises qui sont pressenties pour le financement et la réalisation du colossal projet de Canal Istanbul, la marotte du président turc qui compte ajouter au détroit du Bosphore un canal artificiel traversant la ville.
Et il n’est pas question que de financements : dès novembre, alors que la Turquie peinait à mettre la main sur un vaccin contre le Covid-19, elle a reçu 10 millions de doses du vaccin développé par l’entreprise chinoise Sinovac, à un prix « avantageux et confidentiel » selon le Ministère de la Santé. Mais la générosité a ses limites : « On nous promettait la livraison de 40 millions de doses, mais nous n’en avons reçu que 9,5. S’agirait-il d’un chantage de la Chine pour nous forcer à plier sur la question du Turkistan ? » interroge à l’Assemblée Özgür Özel, président du groupe d’opposition kémaliste (CHP).
Numéro d’équilibrisme
Car non content d’avoir obtenu le silence d’Ankara, Pékin requiert aussi son aide pour faire taire les critiques de sa politique et traquer ses opposants. Un accord « d’extradition des criminels », visant indirectement les exilés ouïgours de Turquie a ainsi été signé en 2017 entre les deux pays et ratifié en décembre 2021 par le Parlement chinois, qui attend depuis que l’Assemblée turque se prononce. « Jamais nous ne trahirons nos frères turcs, ils sont ici chez eux ! , promet Yavuz Agiralioglu, député du parti d’opposition nationaliste Iyi Parti. Nous avons fait barrage et mobilisé l’opinion, je pense que cet accord ne verra jamais le jour. Mais cela ne suffit pas, désormais nous devons pousser le gouvernement à prendre une position plus stricte, lui qui se pose comme le champion de la défense des musulmans et du nationalisme turc, il n’a qu’à reconnaître le génocide en cours comme le font tant de pays dans le monde. »
Les prises de position des figures nationalistes de l’opposition leur ont valu les foudres des autorités chinoises, le 6 avril, l’ambassade de Chine se fendait d’un communiqué cinglant et vaguement menaçant contre la présidente du IYI Parti et le Maire d’Ankara. En réponse, et pour ne pas paraître trop faible face à l’agressivité de Pékin, les autorités turques ont convoqué l’ambassadeur chinois.
Se servir de la Chine comme d’un épouvantail géopolitique face aux Européens et américains, engranger de précieux financements pour tenter de tempérer les effets de la crise tout en évitant de s’aliéner sa base électorale islamo-nationaliste très sensible au sort des Ouïgours : Erdogan s’est lancé dans un périlleux numéro d’équilibrisme.
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