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L’Obs, le 03/12/2020
Loin de dresser Moscou contre Ankara, le conflit du Haut-Karabakh a révélé au contraire l’existence d’une entente cordiale entre les deux puissances rivales. Quelles en sont les racines ? Et quelles en seront les conséquences pour la région et au-delà ? Bayram Balci, directeur de l’Institut français d’Etudes anatoliennes à Istanbul, répond.
Par Jean-Baptiste Naudet
De nombreux analystes jugent la Turquie d’Erdogan et ses ambitions néo-ottomanes responsables de la reprise du conflit dans le Haut-Karabakh. Qu’en pensez-vous ?
Il y a un peu de mauvaise foi à attribuer les guerres en Libye, en Syrie, et désormais celle du Haut-Karabakh, à Erdogan, en oubliant les dynamiques propres à ces conflits. Ces analystes utilisent à tort le concept de « néo-ottoman ». Or Erdogan n’est pas un « nouveau sultan » qui cherche à reconstituer l’Empire ottoman. L’engagement dans ces conflits n’est pas le signe d’un désir d’expansion d’Ankara. C’est plutôt une tentative — à mon avis maladroite et contre-productive — de rompre son isolement. Car la diplomatie turque était dans une impasse depuis l’échec général des « printemps arabes » qu’Ankara avait activement soutenus.
La guerre du Haut-Karabakh a commencé dès la fin de l’URSS. Le conflit, bien plus ancien, remonte à la décision de Staline, en 1921, d’attribuer ce territoire peuplé majoritairement d’Arméniens à la République socialiste d’Azerbaïdjan. C’était la politique des nationalités de Staline : diviser pour mieux régner. Cette guerre, conclue en 1994 par une défaite cuisante de Bakou, s’est seulement interrompue sous l’égide de la Russie. L’Azerbaïdjan n’a jamais digéré cette humiliation, n’a jamais caché sa volonté de récupérer ce qu’il considère comme ses territoires : le Haut-Karabakh, ainsi que les sept districts adjacents occupés depuis plus de vingt-cinq ans. L’esprit de revanche a été alimenté avec insistance à l’école, dans l’armée, dans les journaux, à la télévision. De plus, Bakou voulait que les réfugiés, qui sont près d’un million, puissent rentrer chez eux. Ce n’est donc pas Erdogan qui a poussé à la guerre. L’Azerbaïdjan la voulait. La question n’était pas s’il allait attaquer, mais quand.
De plus, Bakou n’est pas un satellite d’Ankara. Ni, à plus forte raison, de Moscou. De tous les Etats de l’ex-URSS, c’est l’un des rares à avoir su mener une politique extérieure équilibrée : une bonne entente avec la Russie, l’Europe, les Etats-Unis et presque tous les pays voisins, l’Iran, la Turquie et même la Géorgie. Loin d’être soumis à la Turquie, l’Azerbaïdjan a au contraire des moyens de pression considérables sur elle. On l’a d’ailleurs bien vu en 2009, quand il a fait échouer la normalisation des relations entre la Turquie et l’Arménie en brandissant l’arme de l’énergie.
Le plan de paix marque le maintien de la présence russe dans le Caucase du Sud, mais aussi un certain effacement de Moscou. Comment expliquer ces impressions contradictoires ?
Un nouvel ordre régional semble voir le jour dans le Caucase du Sud. La Russie reste malgré tout le grand ordonnateur dans cette région qui fait partie de son pré carré. Et c’est bien elle qui a dicté les règles du cessez-le-feu entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Elle a même accru son rôle en imposant ses forces d’interposition, elle qui n’avait plus aucune présence militaire en Azerbaïdjan depuis 2012. Certes, la Turquie conteste quelque peu ce rôle. Mais elle n’aura pas ou peu de troupes sur le terrain, en tout cas pas au Haut-Karabakh. Elle sera probablement présente dans un centre d’observation situé en dehors de ce dernier. Finalement, malgré son rôle dans le conflit, Ankara n’est que peu associée à la table des négociations.
Moscou a cependant fait des faveurs à Ankara ?
Il faut plutôt parler d’une véritable concession, même si on n’en connaît pas l’ampleur ni la nature. En effet, c’est la première fois depuis la chute de l’URSS que Moscou accepte, ou subit, une incursion militaire dans son pré carré. Le fait que la Turquie ait pu participer activement, et pas seulement sur le plan diplomatique, aux affaires du Haut-Karabakh, est aussi un échec pour la Russie. Moscou cède une partie, même minime, de ses prérogatives dans son « étranger proche ». Toutefois, on ne sait pas tout. La Russie fait des calculs complexes, se projetant dans l’avenir bien plus qu’on ne le croit. Derrière cette concession à Ankara, il y a sans doute des plans plus ambitieux. Comme d’impliquer la Turquie dans le Caucase pour mieux la tenir à distance de l’Occident. Poutine cherche visiblement à déstabiliser l’Ouest en utilisant la Turquie, dans une « vision eurasienne » commune. Entre ces deux pays, c’est un jeu d’échecs complexe : ils sont tous deux engagés militairement en Syrie et en Libye, où ils soutiennent des camps adverses. On peut donc imaginer des tractations dépassant la question du Haut-Karabakh. Par exemple, ce que la Turquie n’a pas obtenu dans le Caucase du Sud, elle pourrait l’obtenir en Syrie − qui est pour Ankara bien plus importante que le Haut-Karabakh.
Mais Ankara a obtenu un corridor qui relie l’Azerbaïdjan au Nakhitchevan, donc à la Turquie.
C’est la principale surprise de cet accord, une concession faite par Moscou. La Turquie va pouvoir en faire un double usage. Economiquement, il y aura une communication routière entre l’Azerbaïdjan et la Turquie, dont la frontière ne s’arrête plus au Nakhitchevan. Politiquement aussi le sens est fort, notamment pour les nationalistes turcs qui voient dans ce corridor un lien concret entre la Turquie et le monde turcique.
L’Azerbaïdjan aurait-il risqué d’attaquer sans feu vert de Moscou, alliée militaire de l’Arménie ?
Bakou n’est sans doute pas passé à l’action sans prévenir le Kremlin. Mais la Russie pouvait difficilement lui interdire de prendre une revanche si ardemment exigée par l’ensemble du pays. Ce qui est certain, c’est que Moscou a tracé une ligne rouge : ne pas toucher au territoire de l’Arménie elle-même. Sinon la Russie aurait eu l’obligation de la défendre dans le cadre de l’Organisation du Traité de Sécurité collective. Or l’Azerbaïdjan n’a jamais eu cet objectif, au-delà de la reconquête du Haut-Karabakh et des districts adjacents.
Comment expliquez-vous que l’Arménie ait été prise de court par l’offensive de l’Azerbaïdjan ?
Les Arméniens ont sans doute surestimé leurs capacités de défense. Et ils ont fait une mauvaise lecture de l’évolution de la Russie, de la Turquie et de l’Iran. Ils comptaient trop sur l’aide d’une Russie qui n’est plus celle des années 1990, et qui peut désavouer certains de ses principes pour des raisons de realpolitik. La Turquie d’Erdogan agit d’ailleurs de même. Au nom de la realpolitik, elle néglige ses protégés. Par exemple les Ouïgours en Chine, qui est l’un de ses partenaires économiques. Ou bien les Tatars de Crimée qu’elle abandonne pour ne pas fâcher son partenaire russe. L’Arménie n’a pas non plus su lire les mutations d’une Turquie qui s’implique plus volontiers dans des conflits régionaux et qui ne calibre plus sa politique étrangère en pensant à son intégration avec l’Occident. Ankara est dans une rupture avec l’Ouest, un glissement vers l’Est. Cette guerre du Haut-Karabakh l’a montré.
Pour quelles raisons Ilham Aliev, le président azerbaïdjanais, ne s’est-il pas emparé de tout le Haut-Karabakh ?
Pour plusieurs raisons. Poutine voulait peut-être une simple défaite de l’Arménie, plutôt qu’une reddition totale. Et il ne veut sans doute pas d’un Azerbaïdjan surpuissant et difficile à manier. A Bakou, où certains reprochent au pouvoir de n’être pas allé jusqu’au bout, on semble avoir préféré l’option « inachevée » afin de limiter les critiques internationales, très fortes, surtout en Occident.
Certains ont craint que la Turquie et la Russie ne se fassent la guerre à cause du Haut-Karabakh.
L’Europe ne comprend pas que la Turquie n’est pas l’Empire ottoman et que la Russie n’est pas l’Empire russe. Ce ne sont plus des empires avec des intérêts contradictoires voués à la confrontation. Erdogan et Poutine ont peut-être des allures de nouveaux sultan ou tsar. Mais ils se comportent en chefs d’Etat qui ont trouvé les moyens de coopérer malgré leurs divergences, pour leur avantage mutuel. Certains analystes en sont aussi restés à l’époque de la guerre froide, quand la Turquie était puissamment arrimée à l’Occident face à une URSS menaçante. Or la Russie n’incarne plus du tout cette menace pour la Turquie. Moscou ne craint pas non plus une Turquie qui n’aspire pas à recréer son empire. Les projets d’« intégration turcique » ont même été abandonnés : Ankara a compris que les Etats turcophones de l’ex-URSS veulent avant tout voir leur indépendance reconnue sur la scène internationale.
Plus fondamentalement, la Russie est pour Ankara la grande puissance internationale qui accepte − contrairement à l’Occident − ses aspirations à devenir une puissance régionale. La Turquie a aussi le sentiment que ses intérêts de sécurité, par exemple en Syrie, ne coïncident plus avec ceux de ses partenaires occidentaux. C’est tout cela qui la rapproche de Moscou. La Russie, de son côté, voit dans la Turquie un bon allié pour titiller l’Otan et l’Occident. Il est donc probable que le partenariat entre ces deux pays, et au-delà avec d’autres pays autoritaires comme la Chine, se développe. Avec ou sans Erdogan, la Turquie va rester difficile à gérer pour l’Occident.
Propos recueillis par Jean-Baptiste Naudet
BIO EXPRESS
Spécialiste de l’Islam dans l’espace post-soviétique et de la Turquie dans son environnement régional (Caucase, Asie centrale, Moyen-Orient), Bayram Balci est chercheur au CNRS et au Ceri-Sciences-Po. Après avoir dirigé l’Institut français d’Etudes sur l’Asie centrale à Tachkent, il est aujourd’hui le directeur de l’Institut français d’Etudes anatoliennes à Istanbul.
L’ATTRACTION-RÉPULSION RUSSO-TURQUE, UNE HISTOIRE ANCIENNE
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