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Le Monde, le 02/06/2020
Propos recueillis par Marie Jégo
(Istanbul, correspondante)
Emprisonné sans réel fondement depuis le 18 octobre 2017, l’homme d’affaires et mécène turc estime que son cas ternit l’image de la justice de son pays.
Incarcéré depuis 2017, l’homme d’affaires Osman Kavala est une personnalité respectée du monde de la culture en Turquie et au-delà . C’est en grande partie grâce à sa fondation qu’il a été possible par le passé de débattre publiquement du génocide des Arméniens en 1915, de la question kurde ou des droits des personnes LGBT. Ce rare espace de liberté s’est vite refermé après la tentative de putsch du 15 juillet 2016, qui a servi de prétexte à une vaste purge des intellectuels, des magistrats, des universitaires.
Accusé d’avoir cherché à « renverser le gouvernement », ce géant de 63 ans aux bleus perçants et au sourire débonnaire n’a pourtant rien d’un agitateur. Les charges qui pèsent contre lui sont tellement inconsistantes que les juges l’ont acquitté lors de son dernier procès au mois de février. Mais avant même de pouvoir quitter la prison, il a été placé en garde à vue dans le cadre d’une nouvelle accusation.
Son acquittement a tellement déplu en haut lieu que les trois juges qui l’avaient prononcé ont été poursuivis en justice. Une façon de rappeler à l’ensemble du corps judiciaire qu’il n’est qu’un jouet aux mains de l’exécutif. Il a répondu par écrit aux questions du « Monde » depuis la prison de haute sécurité de Silivri, à la périphérie d’Istanbul.
Quelles sont vos conditions de détention à la prison de haute sécurité de Silivri ?
Je suis dans une cellule individuelle avec des toilettes à l’intérieur. Le lit et la table occupent environ un tiers de la cellule. Je passe la plus grande partie du temps assis, à la table située à côté de la fenêtre, à lire, à réfléchir et un peu à écrire. A cette occasion, j’ai relu des romans classiques. Tout à fait par hasard, je lisais La Peste, d’Albert Camus, au début de l’épidémie due au coronavirus.
Le petit écran de la télé est aussi sur ma table. Les images que je vois me donnent une impression de déjà -vu par rapport au roman de Camus. Je regarde les informations et les débats sur des chaînes indépendantes. La chaîne publique TRT 2 passe aussi des films de qualité. Le fait de regarder depuis ma cellule le film Le Havre dirigé par Aki Kaurismäki [2011] m’a fait du bien. Je ne dirais pas la même chose des films d’Andreï Tarkovski.
Je reçois aussi des journaux. Comme je ne peux accéder à la presse étrangère, la publication par le journal Cumhuriyet de la traduction en turc du Monde diplomatique a été très bénéfique pour moi.
Dans la journée, je peux avoir accès à une petite cour que je partage avec mon voisin. Deux fois par jour, nous marchons ensemble dans cette cour. En marchant, nous essayons de regarder les mouettes qui volent au-dessus de nous. Nous contemplons les nuages. Ces derniers temps, l’endroit est devenu plus animé. Les moineaux ont installé leurs nids en haut des murs. Bientôt, leurs petits vont naître. Ecouter leurs gazouillis, observer les mouvements des mâles et des femelles autour des nids sont des moments privilégiés. Eux aussi se sont habitués à nous.
Quand nous sortons dans la cour, ils comprennent que le moment de voler est venu. Ils commencent alors à planer vers le bas. Grâce à tout ça, notre lien avec la nature n’est pas totalement coupé. Si vous ajoutez la lessive, la vaisselle, le ménage, etc., cela fait pas mal d’activités. Le temps passe sans trop de difficultés, à condition de ne pas penser en permanence à ce qui vous arrive et à tout ce que vous auriez pu faire si vous étiez en liberté.
Des cas de coronavirus ont été détectés dans la prison de Silivri. Etes-vous inquiet pour votre santé ?
Des mesures sérieuses ont été prises. Pour empêcher le contact avec l’extérieur, les visites familiales ont été supprimées. Le personnel pénitentiaire est confiné en prison durant deux semaines, par roulement. La prison de Silivri est un vaste complexe pénitentiaire. Des cas de contamination ont été observés dans les quartiers où les prisonniers sont nombreux. Nous, nous sommes dans la prison de haute sécurité, il n’y a pas de surpeuplement et les risques de contamination sont moindres. Je suis seul dans ma cellule. Je ne pense pas être exposé à un risque élevé. Mais, malgré tout, je ne peux pas être autant en sécurité qu’à la maison.
En raison des risques posés par l’épidémie, le gouvernement a proclamé récemment une loi d’amnistie pour 90 000 prisonniers de droit commun. Les prisonniers de conscience, comme vous, n’ont pas pu en bénéficier. Que nous dit cette loi sur la mentalité des autorités ?
Comme vous savez, les « crimes contre l’Etat » ont été exclus de la loi permettant des libérations anticipées. Parmi les condamnés selon ce chef d’accusation, il y a des personnes qui ont participé à la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016, des militants du PKK [Parti des travailleurs du Kurdistan, interdit en Turquie] ou de l’[organisation] Etat islamique. Il y a aussi des gens accusés d’avoir aidé une organisation terroriste sans en être membres. Si ces personnes avaient eu droit à un procès équitable, elles auraient dû être acquittées, dans la mesure où il n’y a aucune preuve de leur participation à aucune action violente que ce soit. Et il y a aussi des gens comme moi, arrêtés sans que le caractère illégal de leurs activités, par ailleurs sans rapport avec la politique, n’ait jamais pu être démontré.
Juger que ces personnes sont plus dangereuses pour la société que des meurtriers, estimer qu’il est moins important de protéger leurs vies face à l’épidémie de Covid-19, c’est inquiétant, tant sur le plan éthique que du point de vue de la justice. Je crois que cette pratique reflète une conception aléatoire du droit.
Aucune accusation n’a pu être prouvée contre vous. Vous n’êtes pas le chef d’un parti politique, ni d’une organisation révolutionnaire. Pourquoi un tel acharnement de la part des autorités turques ?
Certaines des activités de défense de la société civile que j’ai poursuivies, notamment celles concernant les Kurdes et les Arméniens, ainsi que mes contacts au niveau international, ont pu être perçus comme gênants. Mais cela ne justifie pas la persistance dans le non-droit. Alors que les élections [présidentielle et législatives, prévues pour 2023] auront lieu dans trois ans, les autorités cherchent avant tout à lancer des accusations. Les protestataires de Gezi [première grande manifestation anti-Erdogan, violemment réprimée au printemps 2013] et le CHP [le Parti républicain du peuple, kémaliste, premier parti d’opposition] sont décrits comme des putschistes, dont le but est de servir les intérêts des puissances étrangères.
Les protestations de Gezi ont été de bien plus courte durée que le mouvement des « gilets jaunes » en France. De plus, au moment du Gezi, les réflexes de résistance contre la police ont été minimes. Mais, si je comprends, le gouvernement juge utile de développer un récit selon lequel les protestations de Gezi étaient un complot ourdi de l’étranger pour le renverser. Exprimé plusieurs fois par le président de la République, ce récit repose exclusivement sur la présomption suivante : [le milliardaire américain] George Soros aurait financé ces protestations par mon intermédiaire.
Je crois que le président de la République ne veut pas que ce récit soit affaibli par le fait que les tribunaux n’arrivent pas à trouver de preuves concrètes qui le confirment. Selon lui, il l’a dit, les juges qui ont décidé de mon acquittement n’ont pas fait leur travail convenablement ! La CEDH [Cour européenne des droits de l’homme] a jugé que la décision de me maintenir en prison était politique. Il est possible que le président de la République estime que cette décision de la CEDH est un geste hostile contre son gouvernement.
Qu’est-ce que la Turquie peut gagner en vous maintenant en prison ?
Je crois que le gouvernement lui-même comprend que la poursuite de ma détention, avec une série d’accusations plus absurdes les unes que les autres, ternit l’image de la justice. La tolérance, voire l’encouragement à de telles pratiques, fragilise l’attachement des juges aux principes universels du droit et aux valeurs éthiques. A cause de ces encouragements, les juges se croient libérés de l’obligation de justifier leurs décisions par des arguments rationnels.
Les lois sont, de fait, interprétées et appliquées selon une conception de la justice guidée par des priorités politiques, sans rapport avec les normes établies dans notre Constitution et dans la Convention européenne des droits de l’homme. Ceux qui poursuivent de telles pratiques veulent donner l’impression d’être dans la légitimité.
La CEDH a demandé à plusieurs reprises votre libération. La Turquie, pays membre du Conseil de l’Europe, pourra-t-elle encore longtemps ignorer les arrêts des juges de Strasbourg ?
Si je comprends bien, la stratégie poursuivie à mon égard ne consiste pas à récuser directement la décision de la CEDH. En inventant de nouvelles accusations, les autorités insinuent qu’elles échappent au champ d’application de la décision des juges de Strasbourg et la vident de son sens. Cette stratégie ressemble aux efforts des avocats des grandes firmes commerciales, qui usent et abusent des failles juridiques pour échapper à certaines sanctions ou obligations.
Je ne m’attends pas à être condamné à de lourdes peines à la fin de ces manipulations juridiques. Mais ma détention, contraire au droit, peut être prolongée indéfiniment. Une situation similaire a eu lieu en Azerbaïdjan. Le militant des droits de l’homme Ilgar Mammadov a obtenu in fine sa libération, mais est resté quatre ans en prison, malgré les décisions de la CEDH.
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