La Turquie a menacé mardi de lancer une opération militaire contre les forces kurdes de Syrie si elles n’acceptent pas les conditions d’Ankara pour une transition «sans effusion de sang» après la chute du régime de Bachar al-Assad.
«Nous ferons ce qui est nécessaire» si les Unités de protection du peuple (YPG) ne répondent pas aux exigences d’Ankara, a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan dans un entretien avec la chaîne de télévision privée CNNTurk. Appelé à préciser ses propos, il a répondu : «Opération militaire.»
Le renversement de Bachar el-Assad le mois dernier a fait naître la possibilité d’une intervention directe de la Turquie en Syrie contre les forces kurdes YPG, accusées par Ankara de liens avec les séparatistes armés kurdes de Turquie. Ankara accuse les YPG, considérées par l’Occident comme essentielles dans la lutte contre les djihadistes de l’État islamique, de liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), interdit en Turquie.
«L’ultimatum que nous leur avons lancé par l’intermédiaire des Américains est évident, a déclaré M. Fidan. Les combattants internationaux venus de Turquie, d’Iran ou d’Irak doivent immédiatement quitter la Syrie. Nous ne voyons aucune préparation ni aucune intention dans ce sens pour le moment et nous attendons», a-t-il ajouté.
Prendre «les mesures nécessaires»
Le chef de la diplomatie turque a également déclaré que son pays était en mesure de prendre en charge la gestion des prisons et des camps de détention des djihadistes de l’EI en Syrie, si les nouveaux dirigeants syriens n’étaient pas en mesure de le faire.
Lundi, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait mis en garde contre toute division de la Syrie et s’était dit prêt, en cas de «risque», à prendre «les mesures nécessaires». «Nous ne pouvons permettre sous aucun prétexte que la Syrie soit divisée et si nous constatons le moindre risque nous prendrons rapidement les mesures nécessaires», a déclaré le chef de l’État, ajoutant: «Nous en avons les moyens.»
Cette mise en garde s’adresse aux combattants kurdes, et surtout aux États-Unis qui soutiennent les Forces démocratiques syriennes (FDS), majoritairement kurdes, qui furent à la pointe de la lutte contre les djihadistes de l’EI. «Il n’y a pas de place pour la terreur et ceux qui soutiennent le terrorisme seront enterrés avec leurs armes», a affirmé le président turc.