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Le Figaro, le 05/11/2023
Par Nicolas Baverez
CHRONIQUE – Cent ans après sa fondation par Mustafa Kemal, la République turque est liquidée par Erdogan, qui a fait le choix de la démocrature contre la démocratie, de l’islam contre la laïcité, des empires autoritaires contre l’Occident, de l’Asie contre l’Europe, de la guerre contre la paix.
Le 29 octobre 1923, Mustafa Kemal fondait la République en Turquie sur les ruines de l’Empire ottoman, faisant le choix de l’occidentalisation et de la sécularisation, acté par la fin du califat en 1924 puis l’instauration du code civil en 1926. Le 29 octobre 2023, Recep Erdogan l’a enterrée. Les cérémonies minimalistes prévues pour le centenaire de la République ont été annulées au prétexte de la guerre de Gaza et remplacées par une manifestation de masse en faveur des Palestiniens conclue par un appel à « relancer une nouvelle croisade du Croissant contre la Croix ». La Turquie se trouve ainsi dans une situation comparable à celle de l’Allemagne de 1933, qui vit la liquidation de la République de Weimar et l’avènement d’un État totalitaire.
Réélu en mai dernier pour un troisième mandat en violation de la Constitution, le « Reis » a méthodiquement réalisé en vingt années d’un pouvoir de plus en plus absolu une révolution politique et religieuse qui a démantelé l’héritage kémaliste pour créer une démocrature islamique.
Les institutions ont été dénaturées pour fonder un régime autocratique où toute forme de contrepouvoir a disparu. La vie politique a été polarisée à l’extrême et placée sous le signe d’une guerre culturelle et religieuse. Les élections subsistent mais sont largement manipulées. La tentative manquée de coup d’État du 15 juillet 2016 a été utilisée pour réduire à néant l’État de droit. La justice, l’enseignement et les médias ont été purgés et sont strictement contrôlés. L’économie et la société font l’objet d’un étroit quadrillage par le pouvoir et ses proches.
Le principe de laïcité a été abandonné au profit d’une islamisation de l’État, que symbolise la reconversion de Sainte-Sophie en mosquée à l’été 2020 alors qu’elle était un musée depuis 1934. L’État a été affermé aux confréries islamiques. Le budget de l’administration des cultes, la Diyanet, a été porté à plus de 2 milliards de dollars. Écoles et universités sont tombées sous la coupe des religieux. Le code civil est remis en question et le statut des femmes devient de plus en plus précaire, avec pour emblème la généralisation du port du voile.
Enfin, Recep Erdogan, imitant Vladimir Poutine, s’est engagé dans la reconstitution de l’Empire ottoman et se détourne de l’Occident, tout particulièrement de l’Union européenne. La volonté de puissance demeure le seul facteur de continuité avec Atatürk. Mais elle est désormais au service d’un projet impérial adossé à l’hypernationalisme et à l’islam politique, qui assume un recours décomplexé à la force armée.
La Turquie multiplie les revendications territoriales au Moyen-Orient, au Caucase et en Méditerranée orientale, ainsi que les interventions militaires en Syrie, en Libye et au Haut-Karabakh – où elle a assisté l’Azerbaïdjan dans l’attaque du 19 septembre et le nettoyage ethnique des 120 000 Arméniens qui habitaient l’enclave depuis des siècles. Elle s’appuie sur un puissant investissement militaire, notamment dans les drones et la marine. Cette stratégie se coule dans la montée du « Sud global », dont Recep Erdogan entend être l’un des hérauts aux côtés des autocrates de l’organisation de Shanghaï – ce qui lui permet de se poser en médiateur entre la Russie et l’Ukraine pour les exportations de céréales depuis la mer Noire. Ceci s’accompagne d’une position de plus en plus critique et virulente à l’égard de l’Occident et de la revendication d’un nouvel ordre mondial. Elles se traduisent par une ambiguïté croissante au sein de l’Otan – de l’achat de missiles S-400 au blocage de l’adhésion de la Suède -, par le rapprochement avec la Russie, la Chine et l’Iran, par le soutien au Hamas, qualifié de « groupe en faveur de l’indépendance qui souhaite protéger son territoire et son peuple », mais aussi par une hostilité ouverte envers l’Union européenne via la manipulation des communautés émigrées ou le chantage aux réfugiés.
Pour la Turquie et les Turcs, le prix de l’abandon de la République est prohibitif. Les libertés publiques ont disparu, ce qui laisse chacun à la merci de l’arbitraire et de la violence du « Reis » et de ses séides. Le séisme du 6 février, qui a provoqué plus de 50 000 morts, réduits à la misère 3 millions de réfugiés et coûté plus de 3 % du PIB, a fait la vérité sur l’inefficacité et la corruption de l’État AKP. L’économie est naufragée : l’inflation et les taux d’intérêt s’élèvent respectivement à 60 % et 35 % ; le chômage touche un actif sur quatre ; la richesse par habitant a chuté de 12 600 à 7 500 dollars en dix ans ; la livre a perdu plus de 70 % de sa valeur et la fuite des capitaux s’emballe alors que la dette extérieure dépasse 460 milliards de dollars. Ankara ne doit qu’aux prêts d’urgence de la Russie et des États du Golfe d’éviter pour l’heure le défaut financier.
La liquidation de la République en Turquie marque un tournant majeur dans son histoire, avec le choix de la démocrature contre la démocratie, de l’islam contre la laïcité, des empires autoritaires contre l’Occident, de l’Asie contre l’Europe, de la guerre contrela paix. Il est dès lors vital pour les démocraties occidentales de ne pas rééditer envers elle les erreurs commises face à la Russie de Vladimir Poutine. Par la taille de sa population, par son potentiel économique et par sa situation stratégique, la Turquie est plus que jamais un pays décisif ; mais elle n’est plus un allié ni un partenaire fiable pour les démocraties.
La stratégie de l’apaisement observée jusqu’à présent est irresponsable, qui se résume, selon la formule de Churchill, à « nourrir un crocodile en espérant qu’il vous mange en dernier ». Les États-Unis mais plus encore l’Union européenne doivent se doter d’une politique turque autour de principes clairs : la reconnaissance de sa nature de démocrature islamique ; la mise en place d’une capacité de dissuasion militaire et diplomatique en Méditerranée, dans les Balkans et en Afrique ; le contrôle strict des flux de marchandises, de capitaux et de données ; la lutte contre la désinformation et la déstabilisation des communautés turques émigrées ; le dialogue avec la société civile et les dissidents. Il faut en effet faire vivre l’espoir et se tenir prêt pour le jour où les Turcs décideront de renouer avec la République et de rompre avec la fascination pour les hommes forts et la violence, l’impérialisme et le fanatisme religieux.
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