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Télérama, le 23/10/2015
Frédéric Strauss
Les comédiennes du film Mustang :Doga Zeynep Doguslu, Günes Nezihe Sensoy, Ilayda Akdogan, Elit Iscan et Tugba Sunguroglu entourent la réalisatrice Deniz Gamze Ergüvan devant la salle Beyoglu Sinemasi.
En France, le film de Deniz Gamze Ergüven sort en vidéo. Mais l’événement, c’est au même moment son arrivée dans les salles turques. Récit d’une campagne de promotion épique à Istanbul.
Très attendu, un peu redouté, le grand moment est arrivé. Dans un tour du monde commencé à Cannes au grand galop, Mustang aborde une étape essentielle, la Turquie. Un retour aux sources pour la réalisatrice, Deniz Gamze Ergüven, qui a grandi à Ankara et accompagne aujourd’hui son film à Istanbul, où a été organisée la promotion, coup d’envoi de la sortie dans les salles.
Un événement limité aux proportions modestes d’un petit circuit d’art et essai, typique de ce que peuvent espérer ici la plupart des films français, qui se battent pour atteindre 3% des entrées, quand les films turcs, souvent aussi forts et commerciaux que les incontournables américains, captent allègrement 50% des spectateurs. Mais l’enjeu de cette sortie dépasse les habituelles équations du box-office. C’est une rencontre qui est espérée. Une rencontre avec la Turquie.
« On sent que tout s’est dégradé »
Deniz Gamze Ergüven convoque si passionnément son pays dans Mustang. Elle lui a donné l’énergie, la beauté et la colère des personnages qu’elle met en scène, ces désormais fameuses cinq sœurs orphelines qui, sur les bords de la mer Noire, s’affrontent aux traditions, aux interdits, en vivant de la façon la plus douloureuse mais aussi la plus émotionnelle et la plus intense qui soit leur identité turque.
Pour l’arrivée de Mustang, chacun espère que la Turquie soit au rendez- vous… Les circonstances, assurément, ne sont pas des plus favorables. L’actualité est tragique, et tendue : après l’attentat sanglant commis à Ankara le 10 octobre et avant les nouvelles élections législatives du 1er novembre, la peur de la déstabilisation exacerbe les conflits comme la lutte pour le pouvoir. Comme pour amplifier cette tension, il tombe en plus sur Istanbul une pluie chagrine, qui finit par donner quelque chose d’emblématique à l’horizon sombre et bouché. On l’oublierait facilement sous le parapluie de Deniz Gamze Ergüven, tant cette grande jeune femme est rayonnante et pleine d’allant.
Mais elle aussi, s’assombrit quand elle parle de la Turquie : « Je me souviens avoir eu un jour une discussion politique très contradictoire et très animée avec un chauffeur de taxi à Istanbul, mais je n’ai plus ce courage aujourd’hui. On sent que tout s’est dégradé, les gens ne peuvent plus se parler. L’intimidation permanente a marché et la situation globale est de toute façon devenue très compliquée ».
Entre deux pays
En terre familière, mais pas en terrain conquis, la réalisatrice aborde cette sortie comme un changement de décor un peu brutal après la marche triomphale de son film, fêté partout. Le producteur français, Charles Gillibert, a fait le voyage lui aussi et peut témoigner de la belle histoire d’amour entre Mustang et le public français (plus de 500 000 entrées) et même d’un formidable engouement en Israël. Le coproducteur allemand, Frank Henschke, raconte que le film a reçu, au festival de Hambourg, le prix des exploitants de salles : « Et on parle bien de l’Allemagne, un pays où les directeurs de salles ne croient plus aux films d’art et essai ! ».
Le producteur Charles Gillibert et Deniz Gamze Ergüvan, encadrés par les membres du groupe turc Baba Zula, dont une chanson est utilisée dans Mustang.
Mustang franchit donc tous les obstacles et crée une dynamique imparable. Mais, en Turquie, le film pourrait tout simplement « passer sous le radar », comme dit Deniz Gamze Ergüven, et être ignoré. Même pas scandaleux. « La Turquie est conservatrice, mais les Turcs qui vont au cinéma le sont moins », note, philosophe, le distributeur du film, pas décidé à jouer la carte de la polémique. Ça serait peut-être aussi bien que ce portrait de filles rebelles ne fasse pas de vagues…
Heureusement, la France a choisi Mustang pour la représenter dans la course à l’Oscar du meilleur film étranger. Et ce choix n’est pas passé inaperçu en Turquie. Car le film, majoritairement français par son financement, remplissait aussi, sous d’autres aspects (lieux de tournage, langue parlée), les conditions pour être le candidat turc au même Oscar… La Turquie annonçant son choix une semaine avant la France, tout était possible. Mais c’est un autre film qui a été désigné (Sivas, primé au festival de Venise en 2014, l’histoire d’un petit garçon et de son gros chien).
L’affaire, qui aurait pu s’arrêter là, a donc rebondi quand le cheval donné perdant en Turquie est sorti gagnant en France. Dès lors, la curiosité pour ce Mustang est devenue très grande en Turquie. Et l’on entend déjà dire à Istanbul que si le film va jusqu’au bout et décroche bel et bien l’Oscar, alors là, oui, ça sera un événement pour le pays. Et si le film n’obtient rien, ça fera un perdant français…
Les peintres orientalistes
On le comprend, entre envie de s’en emparer et envie de s’en défaire, la Turquie semble hésiter sur l’attitude à avoir avec le fougueux Mustang. Ce qui ne surprend pas le producteur Charles Gillibert : « S’emparer de ce film construit entre deux cultures est plus simple pour la France, qui inscrit sa propre culture dans une vision universelle, que pour la Turquie, où la culture représente, comme dans beaucoup d’autres pays, l’identité nationale. Le fait que certains éléments de Mustang ne soient pas turcs peut soulever ici une forme de suspicion ».
Deniz Gamze Ergüven en fait l’expérience, en première ligne. Son regard, ont jugé certains journalistes turcs, serait comparable à celui de nos peintres orientalistes, qui montraient des pays lointains sans forcément en connaître la réalité. Cette façon de lui attribuer un point de vue étranger donne à la réalisatrice un sentiment de déjà-vu : « C’est l’éternel problème de ce que je ne suis pas, et ça commence à m’énerver un peu ! En France, je ne suis pas française et en Turquie, je ne suis pas turque ».
Pour l’heure, cette diplômée de la Fémis est l’invitée de l’Institut Français d’Istanbul, où ses jeunes actrices sont venues aussi, après l’école ou les cours, comme en récréation. On les entend rire, on les voit jouer alors qu’elles ne sont plus tout à fait des enfants, et leurs présences rappellent la part fantasque de Mustang, où l’imaginaire et les effets de cinéma ont une belle part. Ce mélange de réalité et de fiction, Deniz Gamze Ergüven va en reparler après la projection, et à bien d’autres occasions encore, pour éclairer son point de vue. Qui n’est pas toujours si difficile à comprendre pour les journalistes qu’elle rencontre.
Le critique de cinéma Fatih Özgüven se dit, lui, très convaincu : « Mustang représente quelque chose de nouveau dans le cinéma turc, ne serait-ce que par sa mise en scène assez électrifiante et son récit rapide. Le rythme est très différent de ce qu’on voit habituellement. Et le film montre aussi, à travers ses personnages, un refus de se plier aux façons de faire, aux façons de vivre, une volonté de sortir de l’ordre établi ». L’envoyé de Medyascope TV, Emrah Kolukisa, s’enthousiasme à son tour : « La réalisatrice a une vision très vive de la société. Le fait qu’elle parle de la place des femmes et du conservatisme en Turquie est bien sûr très intéressant, car ce sont deux sujets très politiques ».
Politique, le débat ne le sera pas ce soir-là. Parce que le film laisse une possibilité d’éviter les sujets qui fâchent, comme le souligne avec satisfaction la coproductrice turque, l’étonnante Mine Vargi, qui fut Miss Istanbul 1968 en même temps que la maman de Deniz Gamze Ergüven. « Le cheval sauvage, le mustang, c’est Deniz, dit-elle. Mais, sans intervenir sur son scénario, on lui a donné quelques idées pour faire passer ce qu’elle voulait dire sans brusquer les spectateurs. Les filles qu’elles met en scène sont révoltées, mais elles ne font pas peur aux gens, elles sont simplement surexcitées, elles sont dans l’élan de la jeunesse et ça, c’est quelque chose de très beau ».
La « sauvage » Deniz a son point de vue sur la question politique. « Il y a eu un moment, pendant la production du film, où, pour obtenir une aide du ministère turc de la Culture, nous avons retiré du scénario des éléments qui auraient conduit à une censure. Il y avait alors un peu l’idée que Mustang serait un cheval de Troie permettant de faire passer un regard critique sur la Turquie. Mais les choses sont maintenant beaucoup plus claires : Mustang n’est pas un cheval de Troie, le film est clairement politique. Infiniment politique ».
Certains médias parlent d’ailleurs du « film de la génération Gezi », du nom du parc d’où partirent les émeutes protestataires de 2013, qui firent vaciller le président Erdogan. Deniz Gamze Ergüven peut les raconter en détails, pour y avoir pris part. Son engagement, elle ne le cache pas. Mais, juste avant une nouvelle projection, qui a lieu cette fois dans une salle d’Istanbul, elle s’avoue « au bord de la crise cardiaque ». Une grande partie de l’équipe est là. Mais aussi des gens du village où le film fut tourné, et les premiers spectateurs curieux de découvrir le film. Présente dans la salle pour regarder la première partie du film, Deniz Gamze Ergüven racontera ensuite avoir redouté des réactions en réentendant « les mots dérangeants qu’emploient les filles entre elles ». Comme elle nous confiait, après ses premières interviews, craindre un retour de bâton : « Je sens quelque chose comme “Vous êtes jeune, vous avez du succès, vous allez vous prendre une rouste”».
Un langage commun
L’alerte est passée. Deniz Gamze Ergüven finira cette soirée heureuse et soulagée. Car la rencontre entre Mustang et le public turc a bien eu lieu. Chacun semblait vouloir s’emparer du film pour parler de la société, de la place des femmes, dont certaines disaient se reconnaître à l’écran. Et même si une autre regrettait l’importance trop grande, estimait-elle, donnée à la sexualité, tout le monde parlait un langage commun. En provoquant, comme le dit Deniz Gamze Ergüven, « des réactions de toutes les couleurs », Mustang a libéré la parole, le temps d’un débat vif et généreux, spontané, qui confirmait ainsi sa dimension « clairement politique », ancrée dans la réalité turque.
« J’ai pu finalement articuler quelque chose de nouveau sur ma place ici, moi qui suis toujours considérée comme étant dehors-dedans, sourit la cinéaste. Je ne voulais plus me sentir obligée de me justifier en parlant de l’histoire de ma famille entre deux pays, en racontant des choses trop intimes. Alors, j’ai dit : oui, mon point de vue est différent, parce que c’est la première fois que je m’adresse à vous à travers le langage du cinéma. C’est quelque chose de très singulier, qui n’est ni français, ni turc : c’est mon regard sur le monde ».
Remerciements à Christophe Pecot, attaché audiovisuel de l’Ambassade de France en Turquie, et à Hakan Meral, traducteur.
Pour voir les articles annexes :
http://www.telerama.fr/cinema/mustang-en-turquie-l-histoire-d-une-sortie-electrique,133194.php
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