Menaces iraniennes sur les touristes israéliens en Turquie

Le Figaro, le 21/06/2022

Par Thierry Oberlé
 

L’État hébreu met en garde ses ressortissants voyageant dans ce pays contre des risques d’attentats orchestrés par Téhéran.

Israël craint une vague d’attaques contre ses ressortissants en Turquie. Les autorités sont convaincues que Téhéran veut cibler des touristes pour se venger de la série de récents assassinats de cadres du régime en Iran imputée à l’État hébreu. L’alerte fait depuis une semaine la une des journaux télévisés.

Les médias relaient jour après jour les messages alarmistes des services de sécurité. La menace présumée inquiète le gouvernement israélien, mais aussi la Turquie, qui redoute qu’une attaque plombe un secteur touristique mis à mal par la crise du Covid et ternisse son image de destination «sûre». Elle survient alors que les deux pays ont repris langue après une longue période de brouille.

Tentative de kidnapping

Le président Isaac Herzog s’est entretenu dimanche avec Recep Tayyip Erdogan pour le remercier de Â«ses efforts afin de neutraliser les activités terroristes sur son sol». Cette collaboration resserrée Â«permet de renforcer la confiance qui s’établit entre les deux gouvernements et nations», estime le chef de l’État israélien, artisan du rapprochement israélo-turc.

À LIRE AUSSIEn Turquie, le nouveau tour de vis d’Erdogan menace la société civile d’asphyxie

La semaine dernière, Yaïr Lapid, l’actuel ministre des Affaires étrangères – et sans doute futur chef du gouvernement -, avait appelé les ressortissants israéliens à ne pas se rendre en Turquie, en particulier à Istanbul, et à quitter Â«dès que possible» le pays pour ceux qui s’y trouvent, Â«Ã  la suite d’une série de tentatives d’attentats terroristes iraniens». Un appel qui a été peu suivi. Si des touristes restent par prudence dans leur hôtel, d’autres continuent à affluer en avion depuis l’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv. Il y aurait actuellement 2000 visiteurs israéliens en Turquie.

Des tentatives de kidnapping auraient été déjouées in extremis, selon les médias. Un couple israélien a raconté à la Chaîne 13 avoir reçu un appel téléphonique d’un responsable du renseignement israélien alors qu’il se promenait dans le bazar d’Istanbul. On lui a demandé d’attendre au coin d’une rue d’où il a été pris en charge et conduit à l’aéroport sans pouvoir récupérer ses valises à l’hôtel, car Â«des Iraniens les attendaient pour les tuer». Ã€ son retour à Tel Aviv, le couple a été «débriefé» par les services. Un mode opératoire d’exfiltration qui se serait reproduit à plusieurs reprises, à en croire la presse locale.

À LIRE AUSSILa crise nucléaire iranienne prolifère

L’Iran chercherait à faire payer à Israël le prix de la guerre de l’ombre que l’État hébreu livre à Téhéran. Depuis un mois, le rythme des actions anonymes attribuées au Mossad sur le sol iranien s’est accéléré. Le 22 mai, Sayyad Khodaï, un haut cadre de la Force Qods, l’unité chargée des opérations extérieures au sein des gardiens de la révolution iraniens, a été abattu par balle près de sa maison dans le centre de Téhéran. Les autorités iraniennes avaient lors de ses obsèques accusé l’«ennemi sioniste» d’être à l’origine de l’élimination et juré vengeance. Puis deux officiers iraniens sont morts mystérieusement. Ils auraient été empoisonnés.

La confrontation se déroule également en Syrie. Le 10 juin, les pistes de l’aéroport international de Damas ont été bombardées, provoquant sa fermeture. Selon Israël, le terrain d’aviation civil servirait de plaque tournante aux livraisons d’armes, de munitions et de composants destinés à la fabrication des missiles du Hezbollah, l’allié régional de Téhéran.

â—Š

Publicité