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Le Monde, le 21/06/2019
Après l’annulation de la victoire du candidat de l’opposition par le régime, la nouvelle élection municipale d’Istanbul, dimanche, représente un moment crucial pour le pays, explique Marc Pierini, ancien ambassadeur de l’UE à Ankara.
Propos recueillis par Marc Semo
Ancien ambassadeur de l’Union européenne (UE) à Ankara, après avoir été notamment ambassadeur de France au Maroc, puis de l’UE à Damas et à Tripoli, Marc Pierini est actuellement chercheur invité au Centre Carnegie de Bruxelles.
Quel est l’enjeu de l’élection municipale du Grand Istanbul pour le président Erdogan ?
D’abord, il y a le symbole : c’est à Istanbul que Recep Tayyip Erdogan a remporté son premier succès politique, en 1994. Cette métropole fut son tremplin, et il aime répéter que « celui qui tient Istanbul tient la Turquie ». Depuis un quart de siècle, la gestion municipale a été à la fois la vitrine et le creuset de l’islamisme politique turc.
Ensuite, il y a surtout des enjeux financiers, vitaux pour l’AKP [Parti de la justice et du développement, islamo-conservateur, au pouvoir], car les municipalités – à commencer par Istanbul – alimentent les caisses du parti au pouvoir à travers des marchés publics. Si l’opposition remportait Istanbul, elle pourrait trouver des dossiers embarrassants dans les archives. Et la manne financière se tarirait pour l’AKP. Le régime peut difficilement se permettre de perdre Istanbul. Il risque donc de tricher massivement.
L’annulation de l’élection du candidat de l’opposition, Ekrem Imamoglu, a-t-elle marqué un virage dans la dérive autoritaire du régime ?
Lors des scrutins nationaux précédents – le référendum de 2017 instaurant un régime présidentiel, les législatives et la présidentielle de 2018 –, les fraudes ont été limitées : campagne inéquitable, validation d’enveloppes non estampillées, fermeture de bureaux de vote dans le Sud-Est kurde sous état d’urgence. Cette fois, les pressions politiques sur le Haut Conseil électoral ont été manifestes. L’élection du maire du Grand Istanbul, perdue en mars par l’AKP, a été invalidée au motif que certains assesseurs n’étaient pas des fonctionnaires. Ce, alors que les trois autres niveaux du scrutin municipal, gagnés par l’AKP, avaient été validés. Il s’agissait pourtant des mêmes assesseurs et des mêmes bureaux de vote. Pour une partie de l’électorat, le message est clair : un scrutin gagné par l’AKP est légitime ; un scrutin perdu par l’AKP dans les mêmes conditions est annulé.
Comment cette victoire d’Imamoglu a-t-elle été possible ?
La résistance démocratique à Istanbul a été plus forte que l’AKP ne l’avait prévu. Ekrem Imamoglu a réussi à cristalliser les voix de l’opposition au-delà de son Parti républicain du peuple [CHP], héritier de Mustafa Kemal [le fondateur de la République de Turquie] et symbole de la laïcité républicaine. Lui-même religieux et ne s’en cachant pas, il a su remporter des suffrages parmi les déçus de l’AKP. De plus, il parle aux électeurs avec respect et les rassure en dépassant les clivages. Ses chances de l’emporter vont dépendre de l’équité du scrutin.
En décrédibilisant le processus électoral, l’AKP ne sape-t-il pas sa légitimité ?
M. Erdogan a toujours justifié ses choix, y compris les plus contestés, par le mandat reçu de l’électorat. C’est pour cela que la décision d’annulation de l’élection d’Istanbul a été critiquée ouvertement, y compris au sein de l’AKP. Une éventuelle fraude lors du scrutin du 23 juin ne peut que renforcer les fractures au sein de ce parti, au pouvoir depuis 2002 et qui, jusque-là , avait remporté toutes les élections.
Assiste-t-on à un changement de nature du régime ?
C’est un degré supplémentaire vers une reprise en main totale du pouvoir. Le président turc, lui, n’a pas changé d’orientation : il prépare depuis des années ce régime hyperprésidentiel fondé sur le pouvoir d’un seul homme. Il ne s’en est jamais caché. Il conserve le soutien d’une partie de la population, mais cette majorité s’érode, malgré l’alliance avec l’extrême droite du MHP [Parti d’action nationaliste] qui, jusqu’ici, est celui qui en a tiré le plus de profits politiques en imposant son agenda ultranationaliste.
Vu d’Europe, il est difficile de comprendre comment, dans un pays aussi ouvert sur l’extérieur et déjà intégré à l’UE sur le plan industriel, le pouvoir politique peut attiser le nationalisme, démonter pièce par pièce l’Etat de droit et, en même temps, espérer des investissements européens. Cela va à l’encontre des intérêts économiques de la Turquie, car aucune tentative de diversification n’a donné de résultats. Aujourd’hui, les investisseurs européens restent indispensables pour la Turquie. Or, ils se montrent désormais prudents.
Que peut faire l’Europe pour faire pression sur le régime ? Doit-elle geler les négociations d’adhésion à l’UE ?
Les négociations d’adhésion ne sont pas le bon véhicule puisqu’elles sont, de fait, interrompues depuis trois ans. La Commission européenne vient de rappeler, dans son « Rapport de progrès 2019 », la profonde dégradation de l’Etat de droit en Turquie. Politiquement, comme stipulé par le Conseil européen de juin 2018, cette situation ne
permet ni de préparer ni d’ouvrir de nouveaux chapitres dans la négociation d’adhésion. Tout retour à la table des négociations impliquerait en effet des changements profonds dans le système que le président a mis en place pour contrôler, seul, le fonctionnement de l’Etat.
Donc, lorsque Ankara prétend que l’adhésion à l’Union européenne est la priorité de sa politique étrangère, plus personne n’y croit. Pour autant, proclamer le gel formel des négociations [selon la recommandation du Parlement européen] ne servirait pas à grand-chose, sinon à déclencher une bataille de communiqués, en oubliant que les choix actuels de gouvernance sont ceux du pouvoir turc.
Quatre sujets sont importants dans les relations turco-européennes : le contre-terrorisme, les réfugiés, les visas, et l’union douanière. Sur ce dernier point, la Turquie comme l’Europe ont besoin d’améliorer un accord vieux de vingt-trois ans, car les échanges se sont diversifiés et la part des services (actuellement non couverts) est désormais forte. Il faut donc réajuster dans l’intérêt commun, mais le processus est bloqué par l’Europe, précisément en raison de la remise en cause de l’Etat de droit en Turquie. On ne peut intégrer économiquement un pays sans Etat de droit. A cet égard, les chefs d’Etat et de gouvernement européens ne peuvent pas passer outre les opinions négatives de leurs Parlements nationaux et du Parlement européen.
On ne pourra lancer les négociations sur la modernisation de l’union douanière que si des modifications législatives tangibles et vérifiables – et non pas seulement de belles paroles – interviennent, notamment le retour à une définition acceptable du terrorisme. Il ne s’agit pas que de la libération de prisonniers d’opinion comme Osman Kavala [homme d’affaires et mécène, qui œuvrait, entre autres, à faire reconnaître le génocide arménien, arrêté en octobre 2017], mais surtout d’éliminer du corpus législatif des définitions du terrorisme, qui permettent au pouvoir politique turc de faire condamner, sans preuves, à de lourdes peines – y compris la perpétuité – pour des « messages subliminaux », pour la signature d’un appel d’universitaires à la paix avec les Kurdes ou pour participation à un « complot international ».
Aujourd’hui, en Turquie, un citoyen peut être condamné à la perpétuité pour avoir adhéré ouvertement aux valeurs démocratiques européennes. C’est là un changement radical d’orbite politique. Il s’agit désormais de voir qui, parmi ceux assis à la table du Conseil européen, pourra se faire entendre par le président Erdogan. Si ce dialogue sur l’Etat de droit ne se noue pas, la Turquie va inévitablement se retrouver dans un tête-à -tête politique avec la Russie et dans une débâcle économique sans précédent. Les habituelles théories du complot ne suffiront plus à calmer l’opinion publique.
Les relations qu’entretient la Turquie avec l’UE sont au moins aussi sensibles que celles qu’elle entretient avec l’OTAN. Où en est-on ?
Le déploiement, par la Turquie, de missiles russes S-400 serait un coup de massue dans l’architecture de défense de l’Alliance atlantique. Si, après des manœuvres dilatoires (livraisons différées, groupe de travail…), ce déploiement se réalisait, ce serait une victoire psychologique majeure pour Vladimir Poutine contre l’OTAN, avec le soutien actif d’Erdogan. La Turquie prétend que ce système est compatible, mais c’est faux. Il y a sur le sol turc trois
bases-clés de l’OTAN et des Etats-Unis, dont celle d’Incirlik, dans le sud, qui héberge cinquante ogives nucléaires. Comment imaginer que soient simultanément déployés, sur deux autres bases, des missiles russes mis en œuvre par des militaires russes ? En cas de crise grave entre l’OTAN et la Russie, où la Turquie choisira-t-elle de se situer politiquement ?
Depuis le coup d’Etat avorté du 16 juillet 2016, Ankara et Moscou ont resserré leurs relations. Le Kremlin joue explicitement à conforter le président turc personnellement et à saper l’OTAN structurellement. La Turquie se trouve ainsi enfermée entre une instrumentalisation par la Russie et de probables sanctions des Etats-Unis. Sans forcément aller jusqu’à une sortie de la Turquie de l’OTAN, la crise actuelle peut, sous certaines hypothèses, aboutir à une redéfinition drastique de la place de la Turquie au sein de l’Alliance atlantique. Vu du côté occidental, un basculement s’opère entre une Turquie perçue comme alliée stratégique vers une Turquie considérée comme alliée de circonstance sur des sujets déterminés. Il y a là potentiellement une rupture historique avec la situation créée par l’adhésion de la Turquie à l’OTAN, le 17 octobre 1951.
L’alliance entre la Russie, protectrice d’Assad, et la Turquie, soutien de la rébellion syrienne, peut-elle perdurer quand le régime de Damas veut reconquérir Idlib, dernier fief de l’opposition armée ?
La province syrienne d’Idlib est ceinturée par une zone de sécurité gérée par la Russie et la Turquie dans le cadre du processus d’Astana [signé en mai 2017, il a abouti à la création de zones de cessez-le-feu]. Au milieu de plus d’un million de civils, dont des déplacés venus des villes reconquises par le régime, se concentre ce qu’il reste des forces islamistes et djihadistes qui, dans l’esprit de Moscou, ne doivent pas survivre. La Turquie était censée reprendre en main l’enclave avec les forces rebelles moins radicales : elle n’a pas voulu, ou pas pu, le faire. Face à l’offensive des forces de Damas, soutenues par Moscou avec de très gros moyens, le président Erdogan va se trouver dans une position difficile. Des centaines de milliers de civils sont déjà massés le long de la frontière avec la province turque d’Hatay. Outre le drame humanitaire, la reconquête par Assad de cet ultime bastion de l’opposition entérinera le fiasco de la politique turque en Syrie.
Marc Semo
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