Mai 68 vu par Gökşin Sipahioğlu
Note du commissaire :
Gökşin Sipahioğlu, grand patron, est resté journaliste militant dans l’âme. L’homme indépendant, révolté contre les injustices de toutes sortes, décidé et courageux, n’hésite pas à prendre des risques. Fondateur de l’agence Sipa Press, grande figure du photojournalisme, il fut présent entre autres à Cuba durant la crise des missiles, en Chine de Mao, jusqu’à l’intervention soviétique à Prague, et à Mai 68. Peu d’événements échappaient à son objectif.
En 1998, je retrouve dans les archives de Sipa les photos de Gökşin prises pendant les événements de mois de Mai 68. Photos déjà parues à l’époque dans des magazines comme Bunte, Paris Match et dans plusieurs quotidiens. Jean Bertolino en avait utilisé certaines dans son livre « Les trublions ».
La toute première exposition de Gökşin « Un regard sur les Barricades » a eu lieu la même année en novembre, dans le cadre du mois de la Photo à Paris. La manifestation, qui a eu un vif succès, a inspiré à Jean-Luc Monterosso, directeur de la Maison Européenne de la Photographie ce commentaire : « Je vous savais un très grand directeur d’agence ; vous êtes maintenant pour moi LE photographe de ma génération ».
Tous les grands photographes ont photographié les événements de 1968, mais l’intérêt particulier des images de Gökşin réside dans la fraîcheur de son regard. C’est le regard d’un journaliste étranger sur ce microcosme parisien. Toujours en première ligne, il cherche la bonne photo. Comme la photographie de cette femme-là « Passionnaria », dressée au milieu du boulevard Saint-Germain entre les manifestants et les forces de l’ordre.
En 2008, pour commémorer les 40 ans de Mai 68, Jean-François Leroy, directeur du Festival International du Photojournalisme Visa Pour l’Image de Perpignan avait exposé les photos de Gökşin. Déjà en 1999 il écrivait : «…Gökşin est pour moi une référence ; une qualité d’écoute sans égal, une disponibilité rarissime, une curiosité exceptionnelle et un sens du journalisme hors du commun ».
Lors de sa remise de médaille de Chevalier de la Légion d’honneur à l’Élysée, en 2007, le président Jacques Chirac le décrivait ainsi : « Un des nombreux talents de M. Gökşin Sipahioğlu a été de repérer celui des autres. Sachant combiner une grande exigence professionnelle avec une très profonde humanité, il est vu par ses collaborateurs comme, je les cite, « un seigneur généreux, fidèle et accessible ».
En 2010, la Galerie Basia Embiricos montre le travail de GökÅŸin avec l’exposition «Passions» , suite à sa rétrospective à la MEP en 2008 – 2009. Je me rappelle encore de son enthousiasme pendant le vernissage.
Gökşin nous a quitté le 5 octobre 2011, depuis, grâce à des expositions organisées en Suisse, en Turquie, au Liban et en France on a continué à lui rendre hommage.
A l’occasion du 50ème anniversaire des événements du Mai 68, ses images parlent encore avec force de sa présence photographique remarquable.
Par toutes les expériences partagées au sein de Sipa Press et autres aventures en commun, il m’a laissé un trésor : le vrai goût du métier.
Ferit Düzyol, FD+
Gökşin Sipahioğlu à la Rue Gay-Lussac, Paris, le 11 Mai 1968 au lendemain des affrontements du 10 Mai.
GALERIE BASIA EMBIRICOS & PHOTO 12 GALERIE
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