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Le Monde, le 19/06/2025
Par Nicolas Bourcier (Van, Gürbulak et Kapiköy [Turquie], envoyé spécial)
Risque d’une nouvelle vague migratoire, d’une implication du Hezbollah, des Etats-Unis ou des séparatistes kurdes : Ankara craint de voir le conflit entre Israël et l’Iran provoquer une déstabilisation ou des dérapages dans la région.
L’inquiétude est sur leurs lèvres et la fatigue se lit dans leurs yeux. Par petits groupes, valises et baluchons à la main, ils viennent de franchir, mercredi 18 juin, l’imposante grille des douanes turques au point de passage de Gürbulak, situé à l’extrême est du pays, tout près de l’Arménie. Derrière eux, ils laissent l’Iran et les bombardements israéliens qu’ils ont fuis au plus vite et par leurs propres moyens.
Ils sont de tous les âges, beaucoup de femmes sans voile, des familles avec un ou deux enfants, rarement plus. Tous disent disposer d’une double nationalité ou d’un permis de séjour dans un pays tiers, et laissent entendre qu’il s’agit là d’une exigence des autorités iraniennes pour quitter le pays, selon diverses sources. Dès les premières frappes, le 13 juin, des vidéos ont circulé sur les réseaux sociaux montrant une foule d’Iraniens bloqués à des postes-frontières, côté iranien. Depuis, les flux observés depuis restent mesurés.
Amed (les prénoms ont été changés), lui, vient de poser pour la première fois un pied en Turquie. Visiblement perdu, errant d’un minibus à l’autre, cet ingénieur de 33 ans, travaillant en Californie et originaire de la région de Racht, au nord de Téhéran, cherche à rejoindre Kars, à trois heures de route, où un avion de ligne l’attend pour Istanbul. « Ailleurs, dans les villes plus proches, tout était complet, j’ai pris la dernière place », témoigne-t-il.
La situation n’est « plus possible »
Sa région n’a pas subi de bombardements, mais la situation n’était « plus possible ». Amed se trouvait à Téhéran pour assister à un mariage prévu le 15 juin. « La cérémonie a été maintenue, mais seule la moitié des invités est venue. » Les vols en Iran étant annulés, il a décidé de prendre la route. Sa famille est restée.
Lily et Sherwin sont, eux aussi, sous le choc. Ils viennent directement de Téhéran, dix heures de route en bus, dans les embouteillages et la fournaise. Après trois jours de bombardements sur la capitale et ses environs, un missile s’est écrasé à quelques mètres de chez eux. C’en était trop. Ils n’ont pas de billet d’avion et ne savent pas encore par quelle ville turque passer, mais ils comptent retourner au Canada, dont ils ont la nationalité. Lily y a obtenu son diplôme d’infirmière, lui d’ingénieur. « C’est effroyable, on n’a pas de mots pour décrire ce que l’on vient de vivre », glisse-t-elle en montant dans taxi collectif.
Même son de cloche au poste-frontière de Kapiköy, plus au sud, où le flot d’Iraniens semble plus soutenu. D’après un décompte visuel devant le long corridor qui mène en Turquie, le nombre, ici, de personnes fuyant les bombes dépasse, en pleine journée, 300 individus par heure. Emri en fait partie.
« J’espère que cela ne sera pas trop long »
Fraîchement diplômée d’un MBA à Téhéran, elle possède un passeport turc, obtenu durant les années où elle et ses parents résidaient à Istanbul. En cet instant précis, elle n’a aucune idée de la durée de son séjour en Turquie. Cela dépendra de la situation en Iran, avance-t-elle. « J’espère seulement que cela ne sera pas trop long. Je sais que les étrangers syriens et iraniens ne sont plus les bienvenus ici, nous sommes devenus un sujet de polarisation et de rejet autant de la part de nombreux Turcs que du gouvernement. L’été dernier, il y a eu trois jours d’attaques contre des réfugiés dans la ville de Kayseri, je ne veux pas vivre ça. »
De fait, le sujet est tellement sensible dans le pays que les autorités turques se sont empressées d’assurer qu’il n’y avait pas de nouvelle vague migratoire à ses frontières. Dès le 16 juin, elles ont tenu « à confirmer que les passages [venant d’Iran] demeuraient stables, avec aucun signe d’activité anormale ou d’augmentation de migration irrégulière ». Le ministre de la justice, Yilmaz Tunc, a annoncé que des poursuites judiciaires avaient été engagées contre les personnes faisant état d’un afflux de migrants iraniens en Turquie. Dans une déclaration publiée sur les réseaux sociaux, il a souligné que ces publications visaient à troubler l’ordre public et à provoquer l’indignation en cette période de tensions dans la région.
Autant de précautions qui témoignent des craintes qu’éprouve Ankara de voir le conflit entre Israël et l’Iran provoquer une déstabilisation ou des dérapages dans la région. Depuis le début des attaques, la Turquie s’en tient à une politique prudente. Dès le mois d’octobre 2024, le ministre des affaires étrangères, Hakan Fidan, avait alerté qu’une guerre entre l’Etat hébreu et Téhéran devait être considérée comme une « forte probabilité », ajoutant : « Nous devons nous y préparer en tant que pays et en tant que région. Nous ne souhaitons pas que la guerre se propage ».
Mécontentement des dirigeants
Si Ankara condamne fermement les attaques israéliennes, les dirigeants évitent de prendre directement parti dans le conflit. A de nombreuses reprises, au cours des différents échanges diplomatiques, les dirigeants turcs ont fait part de leur mécontentement face à l’agression israélienne, affirmant que les négociations constituaient la seule solution pour résoudre les désaccords sur la question du nucléaire iranien et que la Turquie pouvait jouer un rôle de facilitateur.
Ces derniers jours, le président, Recep Tayyip Erdogan, a multiplié les appels téléphoniques en ce sens. Il s’est entretenu, à deux reprises, avec son homologue américain, Donald Trump, et a joint quasiment tous les dirigeants de la région. Avant le déclenchement des frappes, il avait rencontré deux fois le président iranien, Massoud Pezeshkian.
« Ankara va tout faire pour éviter toute nouvelle vague migratoire et maintenir la stabilité dans la région, explique Mahmut Kaçan, avocat à Van, connaisseur de la région et spécialiste des questions relatives aux droits humains et aux migrations. C’est une priorité essentielle pour la Turquie. » D’autant que les sources d’inquiétude et de crispations potentielles ne manquent pas : plusieurs voix pointent les répercussions imprévisibles qu’entraînerait une implication du Hezbollah, des milices soutenues par l’Iran, ou des Etats-Unis dans le conflit.
« Une nouvelle phase du soulèvement »
Un autre risque sécuritaire pour Ankara réside dans le renforcement des mouvements kurdes en Iran. Situés aux frontières irakiennes et turques, ces groupes – dont le plus ancien, le Parti démocratique du Kurdistan iranien (PDKI), et le Parti pour une vie libre au Kurdistan (PJAK), branche iranienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) – poursuivent des objectifs séparatistes. Toutefois, ces mouvements sont restés jusqu’à présent très limités, en raison de la forte et autoritaire structure centrale de l’Iran.
Dès le début du conflit, ces deux formations ont appelé les Kurdes (environ 15 % de la population) à œuvrer pour l’effondrement du régime iranien. « Nous appelons toutes les forces, tous les partis et toutes les organisations de la société civile – avec les femmes iraniennes en première ligne – à lancer une nouvelle phase du soulèvement “Femme, vie, liberté” [déclenché par la mort de Mahsa (Jina) Amini, arrêtée en 2022]. Nous nous déclarons prêts à contribuer à son lancement », a déclaré la PJAK dans un communiqué, le 14 juin. Des propos suivis de près par Ankara, qui a lancé depuis plusieurs mois un fragile processus de négociations sur la question kurde.
Tous ces risques ont été discutés lors des réunions de sécurité, qui se sont tenues samedi et lundi à Ankara, où figuraient les principaux responsables de l’exécutif, du renseignement ainsi que le chef d’état-major des armées. A la suite de la première rencontre, Hakan Fidan a partagé une publication sur son compte X : « Israël, qui a provoqué une tragédie humaine à Gaza, entraîné le Liban dans l’instabilité, vise à envahir la Syrie et cible maintenant l’Iran, doit immédiatement abandonner sa stratégie de déstabilisation de la région. » Et de la frontière turque, aurait-il pu ajouter.
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