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Le Monde, le 02/04/2025
Tribune
Müge Yılmaz, universitaire
La mobilisation contre l’arrestation d’Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul et principal rival politique du président Erdogan, ne faiblit pas à travers toute la Turquie. L’universitaire turque Müge Yilmaz souligne, dans une tribune au « Monde », le rôle déterminant des étudiants dans ce mouvement profond.
Le 19 mars, le maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, accusé de corruption, a été arrêté peu après avoir annoncé sa candidature à l’élection présidentielle turque de 2028. Beaucoup ont perçu cette décision comme une tentative politique du Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir, de neutraliser une figure majeure de l’opposition. Cette arrestation a déclenché des manifestations à travers tout le pays, sous l’impulsion d’une partie de la population souvent taxée de dépolitisation : la génération Z [les personnes âgées de 15 à 25 ans, grosso modo].
La jeunesse est descendue dans la rue en nombre, défiant à la fois le gouvernement et une opposition jugée trop passive. Pour une génération qui a grandi avec le numérique mais accablée par les difficultés économiques, les manifestations dépassent le seul geste politique : elles expriment l’exaspération d’une génération qui « n’a plus rien à perdre ».
L’annulation du diplôme universitaire d’Imamoglu, après son arrestation, a déclenché des manifestations à l’université d’Istanbul, où il a étudié, avant de se propager à l’échelle nationale. Des étudiants des principales universités de Turquie, dont la Middle East Technical University (METU), Hacettepe et Bilkent, ont rejoint le mouvement et transformé une réaction locale en un mouvement national. Les médias sociaux, en particulier X, ont joué un rôle-clé dans la mobilisation. Les diffusions en direct, depuis le compte X d’Imamoglu, des manifestations devant le bâtiment de la municipalité métropolitaine d’Istanbul, dans le quartier de Saraçhane, ont été suivies par plus de trois millions de personnes.
De la rhétorique à la rue
Le parti au pouvoir a affirmé que les arrestations n’étaient pas liées à la candidature de Recep Tayyip Erdogan, tandis qu’Özgür Özel, président du Parti républicain du peuple (CHP, kémaliste), auquel appartient Imamoglu, les a condamnées comme une « tentative de coup d’Etat ». Malgré les interdictions gouvernementales, des manifestations ont éclaté dans les grandes villes, avec les étudiants en tête. Plus de deux millions de personnes se sont rassemblées à Saraçhane en une semaine, en ignorant les couvre-feux.
Contrairement aux stéréotypes, la génération Z en Turquie fait montre de fermes convictions. Une étude de 2022 a révélé que 90 % étaient insatisfaits du fonctionnement démocratique, 84 % demandaient l’égalité des genres et la protection de la liberté d’expression, 86 % soutenaient les droits des femmes et 71 % défendaient l’égalité pour les personnes LGBTQ+. Les slogans, sur les pancartes ou sur le Web, reflètent leur humour et leur résolution : « J’ai séché l’école pour que mon diplôme ne soit pas révoqué demain », « Ne sois pas fâché, mon sultan, sois juste responsable », « Ils ont aboli l’évolution, nous sommes venus pour la révolution », « Mon mascara et ma volonté sont étanches » ou « Faites à nouveau briller la Turquie ».
Contrairement aux manifestations du parc Gezi, en 2013, où les étudiants n’étaient pas en première ligne, le mouvement de 2025 se caractérise par cette réaction initiale des étudiants, y compris ceux de droite. Beaucoup de ces jeunes considèrent suivre la voie du père fondateur du pays, Atatürk, et désirent que la Turquie en revienne à sa vision de la modernisation et des valeurs démocratiques. La génération Z ne se contente pas de résister à l’autoritarisme, elle remet en cause des structures politiques selon elle obsolètes. Le mouvement ne souhaite pas un simple changement de gouvernement, il exige une transformation des processus politiques. Lorsque le président du CHP, Özgür Özel, a semblé tergiverser, les étudiants ont scandé : « Tais-toi, Özgür, viens te faire gazer avec nous. » Leur détermination a orienté la rhétorique de l’opposition vers une résistance active dans les rues.
Reconquérir l’avenir
Les difficultés économiques ont intensifié le mécontentement de la génération Z. Avec un taux de chômage en hausse, les diplômés travaillent comme livreurs ou caissiers faute de décrocher des emplois qualifiés et estiment que le népotisme du gouvernement pèse lourdement dans les embauches. Ils ne peuvent se permettre des aspirations basiques – comme prendre des vacances – et beaucoup guettent les occasions à l’étranger. A mesure que leur frustration grandissait, la répression politique croissante est devenue le point de rupture.
Il est certes impossible de prévoir si ce mouvement aboutira à une victoire électorale ou à un changement politique à long terme. Cependant, il est acquis que la génération des réseaux sociaux a prouvé qu’elle n’était pas simplement constituée de consommateurs passifs du numérique, mais une force active capable de façonner l’histoire. Sa lutte ne concerne pas seulement Imamoglu ou les élections de 2028. Elle se bat pour reconquérir un avenir qui lui a été volé depuis longtemps. Chaque jour, ses voix résonnent de plus en plus fort, sur un registre singulier, mêlant individualisme, activisme et fort sens de la justice. Après la résistance de la jeunesse iranienne, cela pourrait marquer l’aube d’une nouvelle ère contestataire sur la scène mondiale.
Müge Yilmaz
est docteure en communication de l’université Hacettepe (Ankara).
Ses recherches portent notamment sur les diverses formes que prend aujourd’hui la notion de post-vérité.
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