Manifestants protestant contre le coup d’état, le 16 juillet 2016 à Istanbul. EMRAH GUREL / AP
Fatma Gül Eryildiz déménage. Elle s’en va en Angleterre, à Londres. Fatma est universitaire, thésarde en urbanisme à l’Université technique d’Istanbul. Elle s’imagine désormais patronne de bar ou cafetière sur la Tamise, au pays de la libre entreprise. Ce n’est pas la carrière dont rêvait cette jeune Turque de 28 ans, communiste issue de la minorité alévie, aux cheveux roux infiniment bouclés et au caractère jovial. Mais Fatma manque d’alternatives : en Turquie, elle n’a plus que des problèmes.
Un problème légal avant tout : Fatma appartient ou est liée à « une organisation terroriste », selon les autorités de son pays, suivant un décret gouvernemental promulgué le 1er septembre 2016. La jeune femme avait signé, en janvier 2016, une pétition qui circulait entre universitaires, sur Internet, en faveur de la paix avec la guérilla du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). L’armée turque était engagée depuis l’été 2015 dans une guerre ouverte dans les villes de l’est du pays contre le mouvement kurde, qu’elle prolonge depuis août 2016 en Syrie, contre son émanation locale.