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Le Figaro avec AFP, le 02/04/2023
Par Delphine Minoui, Correspondante à Istanbul
Zanyar Tondro (ici, avec ses parents, dans sa ville natale de Piranshahr, pendant l’été 2022) a fui en Turquie après avoir été grièvement blessé au visage par les forces de répression iraniennes. Zanyar Tondro
REPORTAGE – Risquant l’expulsion, ils craignent le durcissement de la politique migratoire à l’approche des élections du 14 mai.
C’est une voix à bout de souffle, cassée par la fatigue et la détresse. «Mon fils aîné, Zanyar, 18 ans, a perdu un œil dans les manifestations iraniennes. Nous voulions demander l’asile en Europe. Nous avons échoué dans un camp turc! Si la police nous renvoie chez nous, c’est la mort garantie.» L’homme qui s’exprime par messages vocaux laissés sur un téléphone portable s’appelle Hamze Tondro, un activiste kurde originaire de Piranshahr (nord-ouest de l’Iran), détenu depuis dix jours en Turquie avec sa femme et leurs quatre enfants. Le 25 mars, quelques jours après leur fuite risquée d’Iran, ils étaient à bord d’une embarcation clandestine lorsque le moteur a lâché en mer Égée. Interceptée par les gardes-côtes grecs, puis arrêtée par la police turque, la petite famille est aujourd’hui incarcérée dans un centre proche de la ville portuaire d’Izmir et risque l’expulsion.
«Zanyar doit être soigné en urgence. Son visage est criblé d’éclats de chevrotine, tirés par les forces de répression iraniennes. La partie gauche de son corps est paralysée. Il faut à tout prix les aider», insiste Shouresh, un défenseur des droits de l’homme iranien, en s’alarmant de la vulnérabilité croissante des réfugiés. Le cas de la famille Tondro est loin d’être isolé. À l’ombre des projecteurs, braqués sur la campagne électorale turque à l’approche du scrutin du 14 mai, et face à un afflux croissant de nouveaux arrivants fuyant les exactions de la République islamique, Ankara durcit le ton à leur égard. Sur fond de crise économique et d’hostilité grandissante au sein de la société, menaces et arrestations se démultiplient à travers le pays. Y compris chez les Iraniens qui vivaient en Turquie depuis plusieurs années.
«Cauchemar à répétition»
Visage blême, regard perdu, Fatemeh Jinou Ebrahimi ne dort plus depuis que son mari, Peyman Mirzaï, a été arrêté et transféré dans un camp le 6 mars dernier. Ce jour-là, cet autre exilé kurde avait rendez-vous au bureau de l’immigration de la ville de Kirikkale, proche d’Ankara. À peine arrivé, un fonctionnaire lui tend un document de «retour volontaire» au pays – qu’il refuse de signer – et le transfère dans un centre de détention, plongeant sa vie et celle de toute sa famille, réfugiée depuis neuf ans en Turquie, dans un profond abîme.
«J’ai l’impression de vivre un cauchemar à répétition depuis que nous avons fui, d’abord en Irak en 2009, puis en Turquie en 2014, à cause de la menace de Daech. Nous qui rêvions d’un avenir serein pour nos deux enfants, nous voilà de nouveau déchirés!», s’affole-t-elle. Fatemeh Jinou Ebrahimi se confie d’un endroit qu’elle préfère garder secret par crainte d’être, à son tour, arrêtée et expulsée. Comble de l’absurde: la vie du couple et de ses enfants, nés sur la route de l’exil, avait enfin retrouvé un semblant de normalité – et d’espoir – lors de l’acceptation, en 2016, de leur demande d’asile par le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations unies. Depuis, ils attendaient, comme tant d’autres, une réinstallation dans un pays tiers – un processus lent qui prend plusieurs années.
Changement de réglementation
C’était sans compter sur un changement de réglementation. En 2018, le HCR décide de confier à la Turquie le traitement des nouveaux venus. D’un coup, Ankara saisit l’occasion pour s’octroyer le droit de réexaminer toutes les demandes préalablement approuvées par l’organisation onusienne. Deux ans plus tard, en 2020, Peyman et Fatemeh Jinou sont convoqués aux services de l’immigration pour un entretien surréaliste: «Lorsque j’ai dit que j’étais victime de l’apartheid de genre en Iran, le fonctionnaire turc a répondu sur un ton humiliant: “Je ne vois pas de quoi tu parles. Les femmes sont libres dans ton pays.” Puis il m’a interrogé sur ma religion. Quand j’ai rétorqué que j’étais athée, il ne m’a pas laissée poursuivre.» Au bout d’un mois, l’asile des Mirzaï est rejeté! À deux reprises, la petite famille a fait appel de cette décision. Elle espérait une réponse enfin positive quand Peyman a subitement été arrêté et dépouillé de toutes ses affaires, y compris son portable. «C’est une violation directe de la Convention de Genève de 1951, dont la Turquie est signataire», s’indigne leur avocat turc, Mahmut Kacan, en déplorant l’annulation non seulement des papiers, mais aussi de l’accès à la sécurité sociale et à l’école pour les enfants.
Sur son bureau, les dossiers s’empilent. «En six mois, dit-il, au moins une vingtaine de personnes confrontées aux mêmes difficultés m’ont sollicité. Et ce n’est qu’un infime échantillon, quand on sait que des centaines de demandes d’asile ont récemment été révisées et rejetées par Ankara». Résultat: les camps – environ une trentaine à travers le pays – croulent sous l’arrivée de nouveaux détenus iraniens, mais aussi syriens, pakistanais ou afghans.
«Les interrogatoires avant détention sont sommaires, expéditifs et biaisés. Dans ces conditions, impossible de faire la distinction entre un réfugié en danger dans son pays et un migrant opportuniste», poursuit l’avocat.
Sentiment inédit d’insécurité
La Turquie (pays accueillant le plus de réfugiés au monde, environ 4,5 millions) a toujours été une terre de prédilection pour les exilés iraniens (actuellement estimés à environ 100.000): ils n’ont pas besoin de visa pour s’y rendre ; et pour ceux dont le passeport a été saisi ou annulé par Téhéran, la traversée clandestine de la frontière, longue de 500 kilomètres, reste une voie de sortie. Mais la vague d’arrestations qui sévit les plonge désormais dans un sentiment inédit d’insécurité. «Ma vie est en sursis», confie par téléphone Sami (nom d’emprunt), un homosexuel iranien de 36 ans habitant la ville de Denizli, exilé en Turquie depuis 2013. Approuvé par le HCR en 2015, son processus de demande de réinstallation aux États-Unis a été deux fois compromis, d’abord par le «Muslim Ban» sous la présidence de Donald Trump, puis par l’épidémie de Covid et la fermeture des frontières. Entre-temps, la législation turque a changé. Interrogé par un fonctionnaire turc en 2020, il est toujours en attente d’un renouvellement de ses papiers, qu’il craint d’être rejeté. Interdit de quitter Denizli et de travailler, il se retrouve dans une semi-clandestinité et vivote en travaillant au noir dans un snack-bar pour 10 euros par jour.
La répression en Iran du mouvement Femme, Vie, Liberté me donne des frissons. Si je suis renvoyé à Téhéran, où l’homosexualité est un délit, je risque la peine capitale.
Sami (nom d’emprunt), iranien de 36 ans exilé en Turquie depuis 2013
À la peur du pouvoir turc, dont il dénonce la «guerre psychologique» pour forcer les réfugiés à rentrer chez eux, s’ajoute celle de la société, particulièrement conservatrice envers la communauté LGBT. «J’ai peur du regard des autres, peur qu’on me tabasse, qu’on me poignarde. L’autre jour, quelqu’un m’a traité de “malade” en me souhaitant de mourir», poursuit-il, ébranlé par le récent suicide de deux réfugiés transsexuels dans la ville de Denizli. Ces jours-ci, le moral est au plus bas: «La répression en Iran du mouvement Femme, Vie, Liberté me donne des frissons. Si je suis renvoyé à Téhéran, où l’homosexualité est un délit, je risque la peine capitale. Dans ma tête, les souvenirs de ma fuite m’assaillent: je repense à mon expulsion de l’école, pour avoir embrassé un garçon, à mon propre père qui menaça de me dénoncer à la police! Aurai-je un jour le droit de vivre en liberté?»
«Chaque minute est comptée»
La trentaine, Abdol Reza Dehghan se sent, lui aussi, en danger. Ce journaliste iranien anti-régime a fui la République islamique il y a neuf ans après des mois de torture en prison pour le forcer à des «aveux» télévisés sur une fictive «collaboration avec Israël». Il en a perdu la vue de l’œil droit. Enregistré par le HCR à son arrivée en Turquie, il subit comme les autres le nouveau tour de vis administratif de 2018. Quand, en février 2020, le président Erdogan annonce soudainement l’ouverture de sa frontière avec la Grèce – une provocation politique destinée à faire pression sur l’Europe -, Abdol Reza fait partie des centaines de réfugiés qui prennent immédiatement la route. Le rêve tourne au cauchemar. Repoussé par les gardes-frontières grecs, tabassé par la police turque, le reporter iranien est enfermé pendant un mois dans le camp d’Edirne. À sa sortie, il tente le tout pour le tout: avec l’aide de son frère, il verse 11.000 euros à un passeur contre l’obtention d’un faux passeport et d’un billet d’avion. À l’aéroport d’Istanbul, la police des frontières l’intercepte avant le décollage et l’incarcère à nouveau. Libéré grâce à la mobilisation des médias, il voit son nom radié des registres de l’immigration turque et se retrouve définitivement sans-papiers.
«On me considère comme un criminel. Mais c’est malheureusement le système qui nous pousse à enfreindre la loi pour sauver notre peau», déplore-t-il via Whats-App depuis la ville de Denizli, sa base de repli. Appuyé par l’organisation Reporters sans frontières, alertée par ses déboires, il a déposé une demande d’asile au consulat canadien d’Istanbul. Mais le temps presse: «Il y a quelques jours, des policiers turcs sont passés dans mon immeuble quand je n’étais pas là.» Au bout du fil, un long soupire s’installe. Puis la connexion passe en mode «vidéo» pour offrir une vue plongeante sur la cuisine d’un restaurant débordant d’assiettes et de couverts à laver. «Voilà où je travaille et où je me planque jour et nuit. Tout ça pour avoir voulu exercer mon droit à la libre expression! Chaque minute est comptée. À tout moment, je risque d’être expulsé.»
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