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France Info, le 26/09/2021
Cette découverte reposant dans les vestiges d’une cité perdue, dans le centre de la Turquie, affûte les connaissances sur la vie quotidienne des toujours mystérieux Hittites de l’âge du bronze.
La découverte d’un pavé vieux de 3 500 ans, considéré comme « l’ancêtre » des mosaïques méditerranéennes et reposant dans les vestiges d’une cité perdue, dans le centre de la Turquie, interroge les connaissances sur la vie quotidienne des mystérieux Hittites de l’âge du bronze.
« Faire quelque chose de différent »
Cet assemblage de plus de 3 000 pierres, aux nuances naturelles de beige, rouge et noir, disposées en triangles et en courbes, a été mis au jour dans les traces d’un temple hittite du 15e siècle avant J.C., soit 700 ans avant les plus vieilles mosaïques connues de l’Antiquité grecque. « C’est l’ancêtre des mosaïques antiques, qui sont évidemment plus sophistiquées. Ce que nous avons là c’est sans doute la première tentative d’utiliser cette technique », s’enthousiasme Anacleto D’Agostino, directeur des fouilles d’Usakli Hoyuk, près de Yozgat.
Sur ce chantier à trois heures d’Ankara, la capitale turque, archéologues turcs et italiens manient la pelle et le pinceau pour en apprendre davantage sur les localités hittites, un des plus puissants royaumes de l’Anatolie ancienne. « Pour la première fois, ces gens ont ressenti le besoin de faire quelque chose de différent, avec des figures géométriques, en assemblant les couleurs, au lieu de faire un pavé simple. Peut-être que le constructeur était un génie? Ou qu’on lui a commandé un revêtement de sol et il a décidé de faire un truc insolite », explique-t-il.
Situé face au mont Kerkenes, le temple qui abritait cette esquisse de mosaïque était dédié à Teshub, le dieu de l’Orage vénéré par les Hittites, l’équivalent de Zeus chez les Grecs. « C’est probablement ici que les prêtres hittites effectuaient leurs rituels en regardant le sommet du mont Kerkenes », estime l’archéologue.
Le mystère de Zippalanda
Outre la mosaïque, les archéologues ont aussi découvert des céramiques provenant d’un palais, confortant l’hypothèse selon laquelle Usakli Hoyuk est bien la cité perdue de Zippalanda. Lieu de culte majeur dédié au dieu de l’Orage, régulièrement mentionné dans des tablettes hittites, l’emplacement exact de Zippalanda reste mystérieux à ce jour. « Les chercheurs s’accordent pour penser qu’Usakli Hoyuk est un des deux sites les plus probables. Avec la découverte des vestiges du palais et de ses céramiques et verreries luxueuses, cette probabilité est renforcée. Il nous manque seulement la preuve ultime : une tablette portant le nom de la cité », affirme M. D’Agostino.
Les trésors d’Usakli Hoyuk, dont les habitants n’hésitaient pas à faire venir des cèdres du Liban pour bâtir leurs temples et leurs palais, ont été engloutis comme le reste du monde hittite, pour une raison toujours inexpliquée, vers la fin de l’âge du bronze. Parmi les hypothèses de cet effondrement, celle d’un changement du climat accompagné de troubles sociaux.
Les Turcs, descendants des Hittites ?
Près de 3.000 ans après leur disparition de la surface de la Terre, les Hittites continuent d’habiter l’imaginaire des Turcs. Une figure hittite représentant le soleil est le symbole d’Ankara. Dans les années 1930, le fondateur de la Turquie moderne, Mustafa Kemal Ataturk, présentait les Turcs comme les descendants directs des Hittites. « Je ne sais pas si nous pouvons trouver un lien entre les Hittites et les gens qui vivent ici aujourd’hui. Des millénaires ont passé et les populations se sont déplacées. Mais j’aime imaginer qu’il subsiste une sorte de connexion spirituelle », sourit l’archéologue.
Comme pour honorer ce lien, l’équipe des fouilles a reconstitué les traditions culinaires hittites, en essayant des recettes anciennes sur des céramiques fabriquées à l’identique, avec la technique et l’argile utilisées à l’époque. « On a reconstitué les céramiques hittites avec l’argile trouvé dans le village où se trouve le site: on a cuit des dattes et du pain dessus, comme les Hittites avaient coutume d’en manger », rapporte Valentina Orsi, la co-directrice des fouilles. « Et c’était très bon », précise-t-elle.
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