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Revue Esprit, mars 2025
Cengiz Aktar
La Turquie, qui gère le nord-ouest de la Syrie, souhaiterait étendre cette expérience coloniale à l’ensemble de la Syrie, principalement pour subjuguer les Kurdes. Mais elle n’a pas réellement les moyens d’y imposer son modèle d’administration centralisée, autoritaire et unitaire.
Ankara s’est très vite posée en grande gagnante de la chute du régime de Bachar el-Assad en Syrie pour en tirer des conclusions plus que hâtives sur le futur de ce pays complètement meurtri par des décennies de violences et de souffrances. Motivée par une ardeur ouvertement coloniale et sans bornes, Ankara annonce depuis le 9 décembre 2024 projet sur projet pour son futur nouveau « protectorat ». La Turquie avait agi exactement de la même façon avec l’arrivée au pouvoir de Mohamed Morsi et des Frères musulmans en Égypte, transformant son ambassade du Caire en quartier général de fonctionnaires, prodiguant conseils de gouvernance à leurs protégés « incultes ». On connaît la suite…
Expérience coloniale
Institution building serait de nouveau la formule qui couvre ces chantiers gigantesques prévus pour la Syrie, qui vont de la rédaction d’une nouvelle constitution (rien que ça !) à la formation d’une armée de 300 000 hommes, de la réorganisation de tous les aspects de la vie publique à la reconstruction complète de l’infrastructure urbaine et routière de la Syrie. C’est ce dernier chantier qui intéresse surtout Ankara. En 2018, l’envoyé spécial des Nations unies Staffan de Mistura estimait que 250 millions de dollars étaient nécessaires pour reconstruire les infrastructures syriennes, tandis que le gouvernement syrien évoquait jusqu’à 400 milliards de dollars. L’enveloppe devrait être bien supérieure aujourd’hui.
Tandis qu’Ankara multiplie les visites de haut niveau, annonce tous les jours de nouvelles intentions fantaisistes, un point sur lequel elle a doublé de ferveur, c’est la lutte solitaire qu’elle mène contre tout ce qui ressemble de près ou de loin à un Kurde, que ce soit en Syrie ou ailleurs. En effet, Ankara est déjà présente dans le nord-ouest de la Syrie. Elle y occupe 8 835 kilomètres carrés nettoyés de ses habitants kurdes et chrétiens manu militari. Elle gère ce territoire grâce à une force militaire évaluée à 3 000 hommes, mais en réalité bien supérieure dans la mesure où la frontière syro-turque de 900 kilomètres est plate et totalement poreuse. En plus de l’armée régulière, le territoire occupé est le théâtre d’opérations d’une force militaire bigarrée sous la bannière de l’Armée nationale syrienne (ANS), créée, entraînée et équipée par Ankara, évaluée à 70 000 hommes, regroupant surtout des irréguliers et des djihadistes venant du monde entier (on y compte plus de quarante nationalités et de nombreux transfuges de l’État islamique).
En plus des forces armées, Ankara a déployé sur ce territoire des administrateurs civils qui gèrent l’éducation (en turc et en arabe), les communications, les finances et tout ce qui a affaire à la vie publique. Ankara voudrait tout bonnement étendre cette expérience coloniale à toute la Syrie. Le modèle appliqué dans les territoires occupés, nettoyés de leurs habitants kurdes et chrétiens, se trouve être le but affiché d’Ankara afin d’occuper toute la bande frontalière et même au-delà , pour subjuguer les Kurdes. Aujourd’hui, alors que les armes se sont tues presque partout, à l’exception d’attaques vindicatives et de quelques poches de résistances au nouveau pouvoir du Hayat Tahrir al-Sham (HTS) et son homme fort, Ahmed al-Sharaa, la Turquie – tout comme Israël – cherche à poursuivre ses visées coloniales et irrédentistes en prétextant les sempiternelles « préoccupations en matière de sécurité », visant directement l’Administration autonome du nord-est de la Syrie (AANES) menée par les Kurdes syriens, vainqueurs il y a à peine dix ans d’un Daech soutenu ouvertement par la Turquie… C’est que la Turquie a horreur d’un voisinage qui essaye de fonctionner tant bien que mal avec des principes démocratiques, tout comme la Russie avec l’Ukraine.
Fausse route
Sur le théâtre des opérations, Kobané, cette ville martyre de la guerre contre Daech et dont l’autocrate turc Erdoğan s’impatientait de la défaite de ses défenseurs kurdes, est aujourd’hui menacée de nouveau, d’ailleurs plus ou moins par les mêmes protagonistes. L’homme fort d’Ankara y verrait bien une revanche. Mais le problème est que l’AANES s’est entre-temps dotée d’une armée formée par le Pentagone, autant dire par l’Otan, forte de 100 000 femmes et hommes, et composée d’au moins 60 % d’Arabes. Les attaques d’Ankara par le truchement de ses mercenaires seront loin d’être aisées, comme on l’a vu avec les revers subis par les forces pro-Ankara autour du barrage hydroélectrique de Tichrine. D’autre part, la surenchère armée de la Turquie se remarque de partout, par les acteurs syriens fatigués de la guerre, et par les acteurs régionaux et occidentaux désireux d’éteindre lentement le feu syrien et de permettre le retour des réfugiés. La Turquie, avec son obstination, promet tout le contraire, de concert avec l’autre machine de guerre, Israël.
Les attaques d’Ankara par le truchement de ses mercenaires seront loin d’être aisées.
Ankara n’épargne rien pour imposer son modus operandi à la nouvelle Syrie, également pour le futur de l’AANES. Le chef des renseignements İbrahim Kalın, dépêché à Damas pour rencontrer al-Sharaa, lui aurait fait part de l’irritation d’Ankara au sujet du dialogue entre l’AANES et le HTS dans le but de voir les Kurdes de Syrie s’asseoir à la table pour négocier avec Damas le futur de la Syrie et le leur. Depuis 2015, ils en sont exclus, conformément au véto d’Ankara. Or, autant la Turquie contrôle l’ANS, autant elle a une influence limitée sur le HTS. Son soutien pendant la rébellion, vital au HTS, lui a naturellement fourni un crédit qui, depuis le 9 décembre 2024, ne cesse de s’éroder tant la surenchère paternaliste irrite à Damas, non seulement dans les rangs des dirigeants du HTS, mais également chez toutes les autres composantes syriennes. D’ailleurs, le 31 décembre, malgré l’opposition d’Ankara, des responsables militaires kurdes ont fini par rencontrer le nouveau pouvoir, à Damas même, dans un climat de dialogue. C’est que la force armée de l’AANES est pressentie comme la colonne vertébrale de la nouvelle armée syrienne. Plus généralement, la richesse ethnique, religieuse et linguistique de la Syrie est une chose inconnue en Turquie depuis le grand nettoyage ethnoreligieux du début du xxe siècle, qui a fait de la Turquie le pays le plus homogène religieusement de la région.
In toto, imposer coûte que coûte son modèle autoritaire, hypercentralisé, unitaire et assimilationniste, faisant fi de toutes les différences et en cherchant à les broyer dans le moule sunnite ! Voici l’institution building qu’Ankara propose aux Syriens. Dieu merci, elle n’en a pas les moyens techniques, financiers et intellectuels pour l’imposer, sauf par la force, mais avec des limites patentes. Cela étant dit, malgré sa fausse route, la Turquie reste un acteur essentiel pour la stabilité de la Syrie, ne serait-ce que pour le retour volontaire des réfugiés, au même titre que la Jordanie et le Liban. Il incombe à tous les autres acteurs, syriens comme externes à la région, de la pousser à abandonner ses prétentions irrationnelles et sa monomanie antikurde.
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