« La situation des droits humains en Turquie est très inquiétante » selon Amnesty International

La Montagne, le 07/11/2017 

Camille Blanc, Présidente d’Amnesty international France à la rencontre des militants de la région Auvergne. © locale

Camille Blanc, présidente d’Amnesty International France, est allée à la rencontre des militants auvergnats, samedi. L’occasion d’évoquer une actualité très chargée pour l’ONGI.
À peine revenue de Turquie, où se déroulent deux procès impliquant des membres d’Amnesty International Turquie, Camille Blanc a posé pour la première fois ses valises en Auvergne en tant que présidente d’Amnesty International France.

C’est une première pour vous en Auvergne. Pourquoi êtes-vous à Clermont-Ferrand ?

« J’essaie de me déplacer le plus possible en région pour garder le contact avec le terrain et faire le lien entre les enjeux internationaux, nationaux et locaux. Avec une équipe forte et très impliquée, l’Auvergne est une région dynamique au niveau d’Amnesty International. Cette visite est l’occasion de répondre aux questions des militants, de voir les difficultés et ce qui marche bien, mais également d’évoquer des sujets d’actualité comme la situation en Turquie. »

Plusieurs membres d’Amnesty International Turquie ont été arrêtés puis libérés sous caution alors que le président, Taner Kiliç, est encore en détention, quelle est la situation actuelle ?

« La situation est très inquiétante. C’est la première fois qu’un président et un directeur d’Amnesty International sont arrêtés au même moment dans un pays. Même si la directrice, Idil Eser, et neuf autres membres ont été relâchés sous caution, le président, Taner Kiliç, est encore en détention. On espère que la situation ne durera pas car ce sont des accusations vides de preuves (*). La prochaine audience est prévue le 22 novembre et nous réclamons leur libération inconditionnelle et immédiate. J’étais en Turquie la semaine dernière, les membres ont peur. Beaucoup de gens sont sensibles à l’action d’Amnesty International mais ils se cachent. Tout ceci est symptomatique de la situation déplorable des droits humains en Turquie. »

Nous réclamons leur libération inconditionnelle et immédiate

La situation des réfugiés est également un sujet d’actualité. Quelle est votre action à ce propos ?

« Notre campagne « I Welcome » vise à obtenir une vraie solidarité entre les Etats pour mieux protéger et accueillir les réfugiés. En juin dernier, nous avons également lancé la campagne « Des milliers de raisons pour accueillir les réfugiés ». L’objectif est de prévenir et sensibiliser à la nécessaire protection des réfugiés mais aussi de dire aux autorités françaises :  » Regardez, la population a envie d’accueillir ces réfugiés et pour telle ou telle raison selon eux. » »

Le campement de réfugiés à la faculté des lettres de Clermont-Ferrand a été évacué récemment, quel regard portez-vous sur cette situation ?

« Il est important de trouver une solution de relogement aux réfugiés. Mais comme à chaque évacuation de campement, nous sommes inquiets concernant la pérennité et la solidité du relogement. Est-ce que les familles vont rester ensemble ? Les mineurs sont-ils bien accompagnés ? Est-ce qu’il va y avoir une procédure accélérée pour les demandeurs d’asile ? Ce sont des questions sur lesquelles nous sommes attentifs. Mais c’est déjà un grand pas de prendre en compte la situation de ces personnes et de leur proposer des conditions de vie digne. Le tissu associatif est très présent et actif sur Clermont-Ferrand, c’est essentiel. »

(*) Accusés d’appartenir au mouvement du prédicateur Fethullah Gülen qu’Ankara désigne comme le cerveau du putsch manqué l’an dernier.

Propos recueillis par Rémi Pironin

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