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Le Figaro, le 16/07/2020
Par Paul Sugy
FIGAROVOX/ENTRETIEN – En transformant l’ex-basilique Sainte-Sophie en mosquée, Erdogan accentue la fracture avec l’Église orthodoxe pour construire au forceps une nation turco-musulmane homogène, analyse la journaliste Ariane Bonzon, spécialiste de la Turquie.
Mosaique de la tribune Sud de la basilique Sainte-Sophie reconvertie en mosquée après une décision du Conseil d’Etat turc du 10 juillet 2020. Pixabay.
Ariane Bonzon est journaliste, spécialiste de la Turquie et du Proche-Orient.
Elle a notamment publié Turquie, l’heure de vérité (éditions Empreinte, 2019).
FIGAROVOX.- La décision turque de reconvertir Sainte Sophie peut-elle être autre chose qu’une provocation à l’égard de l’Europe occidentale?
Ariane BONZON.- J’y vois d’abord et avant tout un acte de souveraineté à visée politico-religieuse et interne. Cette revendication n’est pas née tout d’un coup, elle est ancienne et fut brandie par le mentor d’Erdogan, Necmettin Erbakan dans les années 1970. En cela, le Président turc s’inscrit dans une continuité et répond aux désirs de partis, associations et confréries islamiques de droite qui se sont détournés de lui depuis quelques années et qu’il essaie de reconquérir.
Car le Président turc a les yeux rivés sur les sondages, et ceux-ci ne sont pas bons pour lui -en particulier chez les jeunes et chez les femmes. Or il est effrayé à l’idée de tomber trop bas et de ne pouvoir remonter la pente. À peine plus d’un tiers de la population le soutient désormais, lui qui avait obtenu la majorité absolue des voix lors de l’élection présidentielle en 2018. La situation économique n’est pas bonne. 51% des Turcs pensent qu’elle sera «pire» voire «encore plus pire» l’année prochaine. En dix ans, le revenu par tête d’habitant (en dollars) a chuté de 25%. Le «contrat social» au fondement du succès d’Erdogan est donc en péril auquel il tente de substituer un nouveau contrat de «grandeur et d’influence» pour la Turquie dans la perspective du centenaire de la république en 2023.
C’est aussi un message adressé aux musulmans du monde entier comme le symbole de la victoire de l’islam sur la chrétienté.
Mais au-delà des contingences électorales -qui ne sont pas immédiates car sauf élections anticipées, aucun scrutin n’est prévu d’ici 2023 justement – Recep Tayyip Erdogan et les siens installent un récit national historique dans lequel la conquête de Constantinople par les Ottomans en 1453 est décrit comme l’événement fondateur de l’identité nationale turco-musulmane. À ce titre, quoi de plus symbolique que de prier de nouveau dans cette basilique byzantine convertie en mosquée par le Sultan Mehmet II lors de la prise de Constantinople? Mais il y a plus: ce faisant, c’est aussi un message adressé aux musulmans du monde entier comme le symbole de la victoire de l’islam sur la chrétienté. Or Erdogan caresse l’idée de se présenter comme le protecteur des musulmans, européens en particulier. Il sera intéressant d’ailleurs de voir si aller prier à Aghia Sofia va devenir un marqueur, le nec plus ultra des musulmans pratiquants français, par exemple.
Comment a été accueillie cette décision en Turquie? Des voix se sont-elles faites entendre pour protester?
Selon l’un des instituts de sondage les plus sérieux en Turquie, près de 47% des personnes interrogées sont en faveur de ce qu’Aghia Sofia soit ouverte aux prières musulmanes contre 38% pour qu’elle reste un musée. Il y a eu ici ou là des critiques, venant par exemple de l’écrivaine Elif Safak qui a dénoncé comme un manque de respect à l’égard de l’histoire, du patrimoine humain et culturel, ainsi que du pluralisme. Mais le principal parti d’opposition, le parti républicain du peuple (CHP), a plutôt fait profil bas, car l’affaire ne date pas d’Erdogan.
Pour que des musulmans puissent prier à l’intérieur de la basilique, il va falloir (au moins le temps de la prière) recouvrir les mosaïques et les fresques. S’agit-il d’un camouflet pour ceux qui espèrent encore qu’Ankara adopte une attitude de conciliation et de sécularisation?
Prier à Sainte-Sophie n’est pas un acte anti-laïc, en soi. C’est en revanche un geste d’effacement à l’égard de la chrétienté orthodoxe parce que pour que des musulmans puissent prier à l’intérieur de la basilique, il va falloir (au moins le temps de la prière) recouvrir les mosaïques et les fresques. Cela s’inscrit dans une continuité historique – même si cela n’est pas comparable – avec la destruction des traces arméniennes et grecques (églises, maisons) et la profanation des cimetières chrétiens dans tout le pays. Ces phénomènes se sont produits sous les gouvernements successifs, pas seulement islamistes, sans que l’opinion publique internationale s’en émeuve vraiment. En l’occurrence, concernant Sainte-Sophie, l’objet de cet effacement est de construire aux forceps une nation turco-musulmane, homogène, alors que le peuple turc est infiniment multiple.
Regrettez-vous la quasi absence de protestations officielles – seul le pape a eu un mot à ce sujet, depuis la place Saint-Pierre de Rome…?
La Grèce a condamné cette décision, et la France l’a regrettée. La Russie orthodoxe a exprimé des regrets mais ne pouvait qu’insister sur la libre décision de la Turquie dans ce domaine, puisqu’elle se prétend défendre l’idée que chaque pays exerce sa souveraineté nationale.
En 2005, les gouvernements espagnol et turc ont lancé un forum, l’Alliance des civilisations des Nations Unies, censé promouvoir le dialogue entre les religions. José Luis RodrÃguez Zapatero et Recep Tayyip ErdoÄŸan symbolisant ce dialogue. Cela a contribué à asseoir l’ image de «musulman démocrate et libéral, euro-compatible» d’Erdogan. On aurait aimé que ceux qui ont participé à cette aventure à l’époque fassent connaitre leur réaction….
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