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Le Monde, le 07/03/2022
Par Marie Jégo (Istanbul, correspondante)
FACTUEL
De nombreux journalistes et Moscovites ont fui la Russie par avion, direction Istanbul, en Turquie.
Son téléphone portable et un minuscule sac à dos, c’est tout ce qu’Edouard Bourmistrov, 23 ans, a pu emporter avec lui lorsqu’il a quitté Moscou pour embarquer sur un vol en direction d’Istanbul, mercredi 2 mars. « Je n’ai même pas eu le temps de prendre mon ordinateur », se désole le jeune journaliste, qui travaillait jusqu’ici pour la chaîne indépendante en ligne Dojd, interdite par le Kremlin. Fuir la Russie de Poutine, sa guerre féroce contre l’Ukraine, sa répression brutale contre les médias indépendants, était, pour lui et ses collègues, « une priorité absolue ».
Il fallait faire vite, l’espace aérien se refermait, les vols vers Istanbul ou Dubaï, les seules destinations encore ouvertes, étaient pris d’assaut, « les prix des billets grimpaient d’heure en heure » et le nouveau tour de vis imposé par Poutine en interne « ne laissait rien présager de bon ».
Contrôles du FSB à l’aéroport
A l’aéroport de Moscou, « des représentants du FSB [police politique russe] étaient présents à l’embarquement, aux côtés de l’hôtesse qui déchire les billets. Quelques passagers ont été sortis de la file pour être interrogés dans une pièce à part. D’autres ont eu leur portable scruté. Les policiers ont regardé de près leurs profils sur les réseaux sociaux et aussi les numéros ukrainiens enregistrés dans leurs carnets d’adresses… », raconte Dmitri Varlamov, un collègue d’Edouard à Dojd, fraîchement arrivé à Istanbul lui aussi.
Rester à Moscou, c’était risquer la prison. Adoptée récemment, une loi orwellienne punit lourdement, jusqu’à quinze ans de prison, tous ceux qui diffusent « des informations mensongères » sur « l’opération spéciale » de l’armée russe en Ukraine, que le président Poutine interdit de qualifier de « guerre ». Pour avoir refusé d’effacer de leurs sites les mots « guerre », « bombardements de villes » ou encore « pertes civiles », sans parler des pertes militaires, sujet tabou s’il en est, les rares médias russes indépendants, Dojd, Meduza, BBC, Deutsche Welle, Nastoiachtchee Vremia et la radio Echo de Moscou, ont vu leurs sites et leurs antennes bloqués à la demande du parquet, lundi 1er mars.
Dans la soirée, alors que toute la rédaction de Dojd était réunie pour décider de ce qu’il convenait de faire, le garde de sécurité de l’immeuble a été averti par téléphone d’une intervention imminente des commandos spéciaux de la police, connus pour leur brutalité. « Nous savions qu’ils risquaient de saccager nos bureaux et de nous arrêter alors nous avons fui sans demander notre reste, en laissant derrière nous, qui son ordinateur, qui son manteau », raconte Dmitri.
Une centaine de journalistes et d’employés de la chaîne se sont alors regroupés dans la rue. Ils ont décidé de quitter le pays au plus vite, sans repasser par la rédaction. « En l’espace de quelques jours, l’atmosphère avait changé du tout au tout. Nous nous croyions en Russie, nous nous sommes réveillés en URSS », résume Mikhaïl Cheveliov, 23 ans, arrivé à Istanbul le 2 mars. Lui et ses collègues craignaient non seulement d’être arrêtés, mais aussi d’être enrôlés de force pour aller faire la guerre en Ukraine.
Les pertes sont désormais tellement élevées côté russe, où des jeunes appelés inexpérimentés meurent chaque jour par centaines, comme l’a dénoncé publiquement la sénatrice Lioudmila Naroussova, la veuve de l’ancien maire de Saint-Pétersbourg Anatoli Sobtchak, qu’une mobilisation générale ne peut être exclue. « Poutine a démenti, mais peut-on le croire ? », interroge Dmitri.
« Je vais déchirer mon passeport russe »
Heureusement, la Turquie n’exige pas de visa pour les ressortissants russes. Mais aux difficultés de l’exil au quotidien – où loger ? comment s’adapter ? que faire pour gagner sa vie ? – s’en est ajoutée une autre : samedi 5 mars, leurs cartes de crédit, émises par des banques russes, ont cessé de fonctionner. Ce jour-là, les géants des cartes bancaires Visa et Mastercard ont décidé de suspendre leurs opérations avec la Russie à cause de la guerre impitoyable menée par Poutine contre l’Ukraine. Les cartes russes ne fonctionnent plus à l’étranger, les cartes étrangères ne marchent plus en Russie.
« Quelle tuile, c’est la totale ! », plaisante Dmitri. Comme il parle couramment le mandarin, il envisage d’aller travailler en Chine, car, selon lui, « même si la guerre s’arrête demain, les dégâts infligés à la Russie sont tels que nous, les jeunes, n’y avons plus aucun avenir. Il faudra des décennies pour réparer le mal fait par Poutine ».
Arrivée à Istanbul il y a quelques jours avec sa petite amie et son chat Sakharov, la metteuse en scène de théâtre Olga Proskournina assure qu’elle ne remettra jamais plus un pied en Russie. « Je vais déchirer mon passeport russe », assure-t-elle avec des sanglots dans la voix. Née à Kryvyï-Rih, dans la partie russophone et industrielle de l’Ukraine, elle a encore toute sa famille là-bas. « Ma mère, ma sœur, son mari et leurs enfants vivent en ce moment entassés dans un sous-sol. Malade, ma mère n’a plus accès à ses médicaments. Je me demande si je la reverrai un jour… »
Atmosphère « trop oppressante »
Olga a quitté Moscou à cause de « l’atmosphère », devenue « trop oppressante ». Dans son immeuble, la concierge avait commencé à surveiller les locataires de près, les arrêtant pour leur expliquer la finalité ultime de l’invasion russe. « Elle a retiré les affichettes “Non à la guerre” que nous avions collées dans l’entrée et elle s’est mis en tête de justifier la guerre à la façon de Poutine, à savoir que la Russie n’avait pas d’autre choix que d’envahir l’Ukraine », raconte la jeune femme.
Autre déconvenue, le local où elle présentait habituellement ses spectacles à Moscou, un ancien abri antiaérien, a été fermé sur ordre des autorités municipales. « Il s’agissait d’une décision administrative et non politique, mais cette fermeture et la folie meurtrière russe en Ukraine m’ont décidée à partir », précise-t-elle.
Sa toute dernière pièce sera bientôt jouée au Monténégro, puis en France. Intitulé Le Correspondant, le spectacle raconte les échanges épistolaires entre Mariette Boncompain, une Française compassionnelle, et Carl Wayne Buntion, un prisonnier texan condamné à mort pour le meurtre d’un policier. De la Russie, elle ne veut plus entendre parler. « Je vais demander un passeport ukrainien. » L’avion qui l’a emmenée de Moscou à Istanbul via Tachkent en Ouzbékistan était rempli de Moscovites, en majorité des jeunes gens, mais aussi des familles, avec enfants, chats, chiens, perroquets… « Qui sait s’ils reviendront ? »
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