Extradition des Ouïgours : la Turquie assure qu’elle n’en renverra pas en Chine
Le Monde avec AFP, le 30/12/2020
La Turquie réagit à la ratification par Pékin, samedi 26 décembre, d’un traité d’extradition pouvant servir au retour en Chine de certains Ouïgours exilés.
Le ministre des affaires étrangères turc, Mevlut Cavusoglu, lors d’une conférence de presse dressant le bilan de l’année diplomatique de la Turquie, le 30 décembre 2020. Fatih Aktas / AP
Après la ratification par la Chine, le 26 décembre, d’un traité d’extradition avec la Turquie, Ankara a tenu à rassurer, mercredi 30 décembre, les membres de la communauté ouïgoure exilés en Turquie. Le chef de la diplomatie, Mevlut Cavusoglu, a affirmé que le pays ne renverrait pas de Ouïgours en Chine.
L’inquiétude était forte parmi cette communauté musulmane, dont une dizaine de milliers de personnes sont réfugiées en Turquie. Notamment parce que le gouvernement chinois voulait utiliser ce texte pour accélérer le retour de certains Ouïgours, accusés de « terrorisme ». M. Cavusoglu a précisé : « Il est incorrect de dire que [la ratification par Pékin] signifie que la Turquie va renvoyer les Ouïgours en Chine. Cela ne s’applique qu’à des personnes coupables [de crimes]. »
« La Turquie n’a pas appliqué ces mesures »
Ce traité d’extradition, signé en 2017, n’a pas été ratifié par le Parlement turc. « Dans le passé, il y a eu des demandes pour le renvoi en Chine de Ouïgours se trouvant en Turquie. La Turquie n’a pas appliqué ces mesures », a ajouté le ministre des affaires étrangères turc.
Le pays a des liens linguistiques et culturels avec les Ouïgours, des musulmans parlant une langue turcique. Ankara a ainsi longtemps été l’un des principaux défenseurs de leur cause alors que la Chine a engagé, dans la région du Xinjiang (nord-ouest), une politique de surveillance maximale des Ouïgours. Pékin tenant la mouvance séparatiste et islamiste ouïgoure pour responsable de nombreux attentats meurtriers commis contre des civils.
Outre leur surveillance permanente, les Ouïgours sont internés dans ce que Pékin appelle des « centres de formation professionnelle » et sont soumis au travail forcé, notamment dans l’industrie textile de la province du Xinjiang.
â—Š
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