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Le Monde, le 18/06/2024
Par Nicolas Bourcier (Istanbul, correspondant)
LETTRE D’ISTANBUL
Des lycéennes de la banlieue d’Istanbul se sont vu refuser l’accès à une cérémonie de remise de diplômes en raison de leur tenue jugée « inappropriée », un incident qui intervient alors qu’une refonte des programmes scolaires suscite un tollé dans le pays.
A Istanbul, sur le quai de Kadikoy, avril 2022. SOPA IMAGES/SIPA
A chaque jour son coup de théâtre. Le 10 juin, à l’ombre protectrice des arbres d’un parc de la ville de Diyarbakir, dans le sud-est turc, une troupe de danse est attaquée par une cinquantaine d’hommes aux cris de « Allahou akbar ! » (« Dieu est grand »). La municipalité a promptement dénoncé une action du groupe djihadiste Hizbullah, dont la vitrine politique, le Hüda-Par, un parti kurde ultraconservateur islamiste, est un des soutiens de la coalition gouvernementale au pouvoir à Ankara. Une plainte a été déposée.
Quelques heures plus tard, à Konya, au cœur de l’Anatolie, dans la zone de restauration d’un centre commercial, un groupe de manifestants venus protester contre la guerre menée par Israël à Gaza s’en est pris violemment à des clients qui faisaient la queue devant un Burger King. Dans un désordre indescriptible, des chaises et tables ont volé et plusieurs personnes ont été blessées.
Le lendemain, à Gebze, lointaine banlieue d’Istanbul, plusieurs lycéennes de l’établissement Alaettin Kurt se sont vu refuser l’accès à une cérémonie de remise de diplômes par les membres de l’administration en raison d’une tenue vestimentaire jugée « inappropriée ». Un nouveau règlement stipulait que les élèves ne pouvaient pas porter, lors de cet événement, de « vêtements tels que des shorts, des collants, des jupes au-dessus du genou, des pantalons courts, des chemises sans manches et des t-shirts qui montrent les lignes de leur corps ».
Des forces de l’ordre ont été dépêchées sur les lieux, s’interposant face aux parents d’élèves très remontés. Seule l’intervention du recteur académique du district a permis de débloquer la situation et de faire entrer les filles. Devant l’ampleur prise par cette affaire sur les réseaux sociaux, le ministre de l’éducation nationale, Yusuf Tekin, qui avait défendu la direction de l’établissement dans un premier temps, a déclaré que ses services allaient « mener une enquête et des procédures nécessaires ».
« Modèle éducatif du siècle turc »
La journaliste Nevsin Mengu, ex-présentatrice de télévision et contemptrice acide du pouvoir en place, a comparé sur son compte X ces trois événements à « une fête quotidienne de la charia ». Depuis le sévère revers électoral encaissé aux dernières élections municipales de mars 2024 par le Parti de la justice et du développement (AKP), la formation du président Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2002, un net signe de flottement est apparu au sein de la coalition gouvernementale islamo-nationaliste.
Rarement, on a vu autant de messages contradictoires sur fond de poussée des extrêmes. Entre la « normalisation » et l’« adoucissement » de la vie politique appelés de ses vœux depuis des semaines par le chef de l’Etat et certaines initiatives du gouvernement, de représentants de l’Etat au niveau local ou d’affidés, l’écart semble chaque jour un peu plus grand. Comme si les incertitudes du moment avaient libéré une certaine parole, notamment celle des plus conservateurs.
L’exemple du lycée de Gebze en est une illustration concrète. De fait, le « règlement » vestimentaire qui a mis le feu aux poudres a été décidé par la direction de l’établissement en pleine refonte des programmes scolaires décidé au pas de charge ces dernières semaines par le ministère de l’éducation. « Cette circulaire interne du lycée est clairement à l’image du modèle social que le gouvernement tente de mettre en place », souligne Hatice Oral, une des responsables locales du syndicat enseignant de gauche Egitim Sen.
Approuvés et distribués fin mai par le ministre de l’éducation sous forme d’un fascicule de 19 pages, les nouveaux programmes scolaires du gouvernement sont censés entrer en vigueur à la rentrée de septembre. Ils ont d’ores et déjà soulevé un tollé dans une grande partie du corps enseignant.
Le texte ambitionne de créer un « modèle éducatif du siècle turc », selon son intitulé, et repose sur trois piliers : « les vertus, les valeurs et l’action ». L’objectif décrit est d’élever des générations « de bon sens et sincères », avec une jeunesse dont l’idéal est de faire « le bien et d’être utile à la nation ». Une liste est fournie, sous forme de tableau : « Elle fait des sacrifices lorsque cela est nécessaire pour l’indépendance du pays. (…) Elle développe ses compétences pour contribuer à elle-même et à l’économie du pays. (…) Elle produit des projets pour rendre le pays fort dans tous les domaines. »
Rupture radicale
Le document précise qu’il s’agit d’« obéir aux règles pour assurer l’ordre social ». Un ordre qui ne sera atteint qu’avec des individus « compétents et vertueux ».
Pour Yasemin Tezgiden Cakcak, autrice et professeure au Middle East Technical University, à Ankara, il s’agit là ni plus ni moins que d’une rupture radicale avec les valeurs fondatrices de la République turque. « Aucunement il n’est fait mention des principes de laïcité. Le programme met l’accent sur les cours de religion, il ignore les autres langues maternelles parlées dans notre pays et ne mentionne jamais l’apprentissage des langues étrangères, le multilinguisme ou le multiculturalisme », cingle la spécialiste, qui pourfend également l’absence de mention de l’accès des filles à l’éducation.
Le modèle proposé se fonde sur les « valeurs nationales et spirituelles » du pays. Des valeurs censées être partagées par la société turque, ajoute Mme Cakcak, comme le reflet de l’expression « une nation, un drapeau, une patrie, un Etat, une religion » : « Il est basé sur une compréhension religieuse de l’éducation, et non sur une approche scientifique. Il se concentre sur l’éducation de générations harmonieuses, calmes et soumises, d’esprit sain, de bon cœur et de bon goût. » La tentative d’empêcher certaines filles du lycée de Gebze d’assister à la cérémonie de remise des diplômes n’était peut-être, précisément, qu’un avant-goût du climat à venir.
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