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Le Monde, le 18/10/2024
Par Nicolas Bourcier (Istanbul, correspondant)
Le pays compte près d’un féminicide par jour en moyenne. L’assassinat de deux jeunes femmes ces derniers jours a provoqué une nouvelle vague de mobilisation.
Lors d’une manifestation contre les violences faites aux femmes, à Istanbul, le 12 octobre 2024. Sur les panneaux sont écrits les noms de deux victimes récentes de féminicides, ainsi que les inscriptions « La résistance d’une femme est son héritage » et « Il n’y a pas de mort féminine suspecte, que de la violence masculine cachée ». FRANCISCO SECO / AP
Cela ressemble à une lame de fond. Après une succession dramatique de cas de féminicides relayés dans la presse façon faits divers et délaissés quasi systématiquement quelques jours après, le débat sur les violences faites aux femmes en Turquie tend à changer, sinon de nature, du moins en intensité : depuis un peu plus d’une semaine, des manifestations spontanées ont lieu aux quatre coins du pays avec une mobilisation rarement atteinte. Dans les rues des villes moyennes, sur les campus universitaires, à Istanbul ou dans le Sud-Est, des milliers de Turcs, surtout des jeunes, expriment un sentiment de colère et un profond ras-le-bol devant l’inaction de l’Etat face à l’augmentation incessante des meurtres des femmes dans le pays.
Rien qu’au mois septembre, une femme est morte chaque jour des mains d’un homme, selon la Fédération des associations des femmes de Turquie, auxquels s’ajoutent six cas de décès dits « suspects ». Depuis le début de l’année, on compte ainsi 296 victimes de féminicides. Un chiffre en hausse comparé à 2023, où 315 femmes avaient succombé à la violence masculine, selon la plateforme « Nous stopperons les féminicides ». Au moins vingt-huit d’entre elles ont été tuées alors qu’une ordonnance de protection leur avait été accordée par les autorités.
Le déclencheur de cette mobilisation est le double meurtre d’Ikbal Uzuner et Aysenur Halil, le 4 octobre à Istanbul par un jeune homme de leur âge, 19 ans, ancien camarade de classe devenu harceleur et signalé à plusieurs reprises. En moins d’une heure d’intervalle, Semih Çelik a assassiné Aysenur chez elle en lui tranchant la gorge, puis il a tué Ikbal sur les murailles historiques de la ville, dans le quartier d’Edirnekapı, à Fatih. Il a décapité sa victime et jeté sa tête dans le vide. Lui s’est suicidé, sur place, en haut des remparts.
Les funérailles des deux jeunes femmes ont eu lieu le 5 octobre. S’ensuivit une déferlante de marches d’hommages tout le week-end et les jours suivant. Des groupes de défense des droits des femmes ont appelé à des rassemblements et des sit-in dans tout le pays, accusant les « politiques d’impunité » de la coalition islamo-nationaliste au pouvoir d’être à l’origine de cette violence masculine.
Partout des pancartes et slogans demandant à la Turquie de réintégrer la Convention d’Istanbul, un traité du Conseil de l’Europe visant à mieux lutter contre les violences faites aux femmes, dont le gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan s’est retiré en 2021. Celui-ci entendait manifester, à l’époque, son désaccord avec la mention de la diversité des orientations sexuelles inscrite dans le texte, au motif que cela pourrait être instrumentalisé pour « normaliser l’homosexualité », qui est « incompatible avec les valeurs de la famille et celles de la société turque ».
A Tünel, sur la grande artère d’Istiklal à Istanbul, plusieurs centaines de femmes ont réussi, après moult blocages, à passer le cordon des policiers aux cris de « Arrêtez les meurtriers, pas les femmes ». Une déclaration publique a été lue une centaine de mètres plus loin, condamnant le peu d’empressement à mettre en application la loi sur la prévention des violences dite « 6284 », adoptée en 2012 peu après la Convention d’Istanbul. Sur les réseaux sociaux, les images d’étudiants devant les portes closes de leurs universités réclamant le droit de saluer la mémoire des deux jeunes femmes se sont, elles aussi, répandues comme une traînée de poudre. Même les supporteurs de l’équipe de football de Bursa, plus connus pour leurs slogans nationalistes, ont brandi dans les tribunes, dimanche 12 octobre, des panneaux avec le nom de femmes assassinées.
Sentiment de trop-plein
C’est dire si ce double féminicide est venu jeter une lumière crue sur ce fléau qui ronge en profondeur toutes les couches de la société turque. Le président Erdogan a déclaré que le retrait de la Convention d’Istanbul « n’a pas eu le moindre impact négatif sur les droits des femmes ». Il a annoncé que sa formation, le Parti de la justice et du développement (AKP), préparait des réglementations juridiques supplémentaires concernant les crimes contre les femmes et les enfants.
Depuis des mois, on sait également que la coalition gouvernementale prépare une réforme de la Constitution en vue notamment d’imposer, au grand dam des associations féministes et LGBT+, une définition plus stricte de la famille. Plusieurs dispositions seraient également envisagées pour encadrer encore davantage la diffusion d’informations sur les violences faites aux femmes et aux enfants survenus dans un cadre familial. La moitié des féminicides en Turquie ont lieu au domicile des victimes.
A écouter les nombreux témoignages des manifestantes venues défiler contre les violences, on mesure le sentiment de trop-plein, une nausée. Le jour de l’enterrement d’Ikbal Uzuner et d’Aysenur Halil, les médias se faisaient l’écho de la mort de Sila, un bébé de 2 ans décédé dans un hôpital de Tekirdag après avoir été victime d’abus sexuels. A Van, dans l’est du pays, c’est une étudiante de 21 ans qui disparaît. Elle sera retrouvée morte, dix-huit jours plus tard, à 25 km du foyer dans lequel elle venait d’emménager.
A Istanbul, peu ou prou au même moment, deux hommes, filmés en train de harceler brutalement une femme dans une rue de Beyoglu, un quartier touristique connu pour sa vie nocturne animée, sont relâchés après leur garde à vue. Ils avaient tous deux un casier judiciaire pour abus sexuel.
Et puis, il y a cette ombre obsédante de la petite Narin Güran, 8 ans, qui plane depuis ce jour de la fin août où la police a retrouvé son corps enveloppé d’un sac plastique dans le lit de la rivière de son village, situé près de Diyarbakir. Une affaire sordide qui a, elle aussi, choqué le pays et n’en finit pas de connaître des rebondissements.
Semih Çelik, l’auteur du double féminicide, semble avoir préparé son crime depuis près d’un an. Une de ses vidéos atteste son intention de tuer Ikbal. Plusieurs médias ont par ailleurs relevé le fait que le jeune homme s’était rapproché de groupes Incel (pour involuntary Âcelibate, « célibataires involontaires »), une mouvance en ligne d’hommes misogynes qui considèrent que les femmes sont responsables de leur célibat. Une des plateformes turques les plus prisées par les jeunes, Eksi Sözlük, y consacre un forum ouvert.
Le 12 octobre, un étudiant à l’Université d’Istanbul a été arrêté par la police après s’être réjoui de ce double meurtre, affirmant sur son compte X que l’assassin avait eu raison d’agir de la sorte. Son arrestation suit celle survenue deux jours avant d’un autre homme, âgé de 20 ans, qui avait lui aussi loué l’action du jeune tueur.
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