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Le Monde, le 23/03/2025
Par Nicolas Bourcier (Istanbul, correspondant)
Les manifestations se multiplient contre la condamnation d’Ekrem Imamoglu et l’arrestation de sa garde rapprochée. Dimanche, la ville et le pays se sont réveillés en état de choc. Des centaines d’étudiants ont été arrêtés.

La journée de samedi avait commencé dans un calme relatif et sous un soleil de printemps, elle s’est terminée dans la confusion la plus totale et la nuit la plus noire. Il a fallu attendre les premières heures du dimanche 23 mars pour apprendre que la déposition devant les juges du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, le principal rival du chef de l’Etat, Recep Tayyip Erdogan, avait pris fin après plus de huit heures d’interrogatoire. Arrêté pour « corruption », « détournement d’argent » et « terrorisme » mercredi 19 mars, la bête noire du président s’est vu signifier son incarcération à effet immédiat, plongeant encore un peu plus le pays dans un état de choc. Sur X, M. Imamoglu a dénoncé ces accusations « illégales » et « sans fondement » et indiqué : « Je me tiens debout, je ne m’inclinerai jamais », ajoutant : « Nous allons arracher tous ensemble ce coup d’État, cette tache sombre sur notre démocratie. » « C’est une exécution extrajudiciaire complète », ajoutera-t-il dans un second temps.
Quatre jours et quatre nuits de mobilisations inédites depuis le mouvement de révolte de Gezi, en 2013, n’auront donc pas suffi pour arrêter le rouleau compresseur judiciaire lancé contre l’opposition et sa principale formation, le Parti républicain du peuple (CHP). Maire de la mégapole du Bosphore depuis 2019 sous la bannière kémaliste, confortablement élu à deux reprises, celui que l’on dit être un des hommes politiques les plus populaires de Turquie risque désormais plusieurs années de prison et une peine d’inéligibilité.
Les magistrats ont retenu les charges de « corruption » contre lui mais aussi vingt de ses coaccusés. Le sort des soixante-dix autres personnes – élus, conseillers municipaux et la quasi-totalité des membres de sa garde rapprochée arrêtés eux aussi mercredi – est encore incertain.
Dès samedi midi, la tension était redevenue très vive à la suite du communiqué du ministère de l’intérieur annonçant le nombre d’arrestations de la veille ainsi que ceux en cours dans la matinée. On apprenait que 342 personnes, principalement des étudiants, fer de lance de la contestation depuis le premier jour, avaient été appréhendés par la police, la plupart à leur domicile ou à la fin des multiples manifestations. Des listes, selon certaines organisations étudiantes, auraient été établies à l’encontre de 31 jeunes à Ankara, 92 à Istanbul et 20 à Izmir.
« J’étouffe dans ce pays »
Samedi après-midi, pendant que le maire et ses 90 coaccusés étaient interrogés par autant de procureurs dans le commissariat du quartier de Fatih, où ils sont enfermés depuis mercredi, plusieurs responsables politiques ont tenu, semble-t-il, à jeter de l’huile sur le feu de la contestation. Le président Erdogan, d’abord, qui a affirmé que « l’époque où l’on descendait dans la rue et brandissait le doigt contre la volonté nationale avec des organisations de gauche et des vandales est révolue ». La Turquie est un État de droit, a-t-il affirmé, ajoutant en s’adressant à l’opposition : « Si vous l’osez, laissez la démocratie et le droit fonctionner. »
Peu ou prou au même moment, un député de la formation ultranationaliste MHP (Parti d’action nationaliste), pilier de la coalition gouvernementale, a menacé la direction du CHP de lui faire « perdre ses dents » si elle s’obstinait à contester les décisions de justice. Ancien président et ex-bras droit du chef de l’Etat pendant des années, Abdullah Gül est, lui, sorti de son silence en mettant en garde, d’un ton prudent, les autorités en rappelant que « les injustices subies par Recep Tayyip Erdogan ne doivent pas s’appliquer à Ekrem Imamoglu qui a été élu démocratiquement par le peuple ». Une allusion transparente à l’incarcération en 1999, durant quatre mois, du futur président turc pour avoir prononcé en public des vers du poète islamo-nationaliste Ziya Gökalp.
Samedi, un peu partout dans le pays, ont eu lieu des manifestations de soutien au CHP qui, depuis les élections municipales de 2024, est le premier parti du pays. Aux slogans « ensemble contre le fascisme ! » ou « droit, loi, justice ! » répondent les pancartes écrites à la main : « Ekrem tu n’es pas seul », « la peur ne sert à rien » et « le jour viendra où le pouvoir rendra des comptes ». Ici, les associations de médecins turcs ; là , des groupes de défense des droits des femmes. On rigole, on crie, mais la tension est palpable. Devant la plupart des facultés, les collectifs d’étudiants forment les rassemblements avant de rejoindre d’autres universités. Elles étaient cinq mercredi, au premier jour de la mobilisation. Aujourd’hui, le mouvement touche la plupart des campus du pays ainsi que des dizaines d’établissements privés. « J’ai vingt ans et je n’ai connu qu’Erdogan, j’étouffe dans ce pays où chaque élection semble jouée d’avance, souffle Çigdem, jeune étudiante en histoire à l’Université d’Istanbul. Pire, en incarcérant Ekrem, Erdogan nous fait comprendre que c’est lui qui choisit désormais aussi le nom de son prochain adversaire. »
Bagarres et charges de policiers
Comme tous les jours depuis l’arrestation du maire, le rendez-vous de la soirée était fixé, samedi, devant l’hôtel de ville d’Istanbul, à Saraçhane, 20 h 30. Malgré un déploiement impression de véhicules anti-émeute, une trentaine de lanceurs d’eau et des cordons de policiers à perte de vue, plusieurs milliers de manifestants parviennent également à se rendre sur l’immense parvis du Palais de justice de Çaglayan, situé plus au nord de la mégapole. C’est là que les accusés sont emmenés vers 19 h 30 encadrés par une escouade impressionnante. Des dizaines d’avocats sont empêchés d’entrer. Les bousculades sont parfois violentes. Des dialogues de sourds s’engagent entre représentants des forces de l’ordre et avocats qui dénoncent non seulement des accusations cousues de fil blanc mais aussi le fait qu’ils soient empêchés d’accéder à l’intérieur du tribunal pour défendre leurs dossiers. Plus la nuit avance et plus les charges des policiers se multiplient. Une bagarre avec une délégation de députés éclate.
Lorsque le président du CHP, Özgür Özel, prend la parole vers 22 h 30 devant la mairie, c’est une marée humaine qui déferle le long des avenus et du parc alentour. Le long boulevard qui mène tout droit jusqu’à Taksim, la place iconique du mouvement Gezi, est hermétiquement verrouillé par les forces de police. Les premiers gaz lacrymogènes emplissent l’atmosphère près de l’imposant aqueduc de Valence qui fait face à la foule.
Pour le dirigeant politique qui, comme chaque soir depuis mercredi, parle pendant près d’une heure de sa voix grave et éraillée, le mouvement ne fait que s’amplifier et ne s’arrêtera pas. De 120 000 personnes le premier soir au double le lendemain, Özgür Özel affirme qu’Istanbul compte ce samedi soir près d’un million de manifestants. « Je vois un arc-en-ciel », dit-il, rappelant l’importance des jeunes dans le mouvement en cours qui ont « permis de casser, de par leur détermination, cette atmosphère délétère que nous impose le pouvoir depuis Gezi ».
A 23 heures, debout à ses côtés, le célèbre chanteur Zülfü Livaneli entame un de ses hymnes à la liberté repris par toute la foule : « Il n’a fait de mal à personne, il n’a pas volé, il n’a pas tué et pourtant il est en prison. » La chanson avait été écrite lors de l’arrestation du grand poète communiste turc Nazim Hikmet. Elle avait été aussi abondamment reprise au moment de l’assassinat en 1993 du journaliste Ugur Mumcu.
Avec Dilek Imamoglu, la femme d’Ekrem, et leur fils, Özgür Özel se rendra ensuite au Palais de justice pour attendre la décision des juges. Au sein même de l’enceinte de la mairie d’Istanbul, près de cinq cents élus et proches du CHP veilleront jusqu’au petit matin, comme chaque nuit depuis quatre jours, pour éviter toute action des autorités policières et judiciaires.
Interdiction des rassemblements
En pleine nuit, on apprendra que le président du Conseil supérieur de la radio-télévision turc (RTÜK), Ebubekir Sahin, a appelé les directeurs des chaînes de télévision. Il leur a ordonné de cesser leurs émissions en direct, faute de quoi leurs licences seraient annulées.
De son côté, le gouverneur d’Istanbul a annoncé qu’il prolongeait de quatre jours l’interdiction des rassemblements et des manifestations imposée le 19 mars. Il interdit également l’entrée et la sortie d’Istanbul d’« individus, de groupes et de véhicules susceptibles de participer à des actions illégales, individuellement ou collectivement ». Il faut remonter au XVIIe siècle, a souligné sur son compte X le journaliste Soner Cagaptay, pour trouver trace d’une pareille mesure, quand les Ottomans craignaient un soulèvement des paysans.
Dimanche, au réveil, la ville est comme sonnée par une succession de mauvais coups. Les bureaux de vote ouverts un peu partout par le CHP pour élire Ekrem Imamoglu comme candidat présidentiel aux prochaines élections se remplissent assez rapidement, mais les mines sont fatiguées. « Les nuits vont être longues pour nous, glisse un retraité, vieil habitué du quartier de Galata et farouche opposant à Erdogan, en déposant son enveloppe dans l’urne. Eux, en revanche, ils ont tout leur temps. » Aucune élection générale n’est prévue avant 2028. Mais si Erdogan, qui dirige la Turquie depuis vingt-deux ans, doit se présenter à nouveau, le Parlement devra approuver des élections anticipées puisque le président aura atteint la limite à cette date.
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