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La Croix, le 18/10/2025
Reportage
Victor Fièvre, correspondance particulière à Samsun (Turquie)
L’inflation galopante en Turquie pousse des étudiantes à avoir recours à la prostitution pour subvenir à leurs besoins. Enquête à Samsun, ville universitaire au nord du pays sur la mer Noire où près de 10 % de la population est inscrite à l’université.
Lina (1) propose ses services pour la nuit sur un site d’escort en ligne. Le matin, elle enchaîne avec ses cours à l’université de Samsun. Comme elle, des étudiantes se prostituent dans cette ville de 700 000 habitants située dans le nord de la Turquie, où près de 10 % de la population est inscrite à l’université. Sur des sites dédiés, des centaines de numéros WhatsApp sont associés à des femmes localisées à Samsun, la plupart âgées de moins de 25 ans, avec parfois la mention « étudiante » parmi les détails de leur offre sexuelle.
Cimen est l’une d’elles. Par message, l’étudiante explique qu’elle pratique le sexe tarifé depuis six mois. Assise sur la banquette d’un café, une main dans les cheveux, sa photo est sobre comparée à d’autres. « J’ai commencé pour payer mon loyer et toutes mes autres dépenses », précise-t-elle. Elif, aussi en études supérieures, pose devant un lit, le visage caché par son téléphone. « Il faut qu’on donne notre cul. Sinon, nous mourrons de faim », lâche-t-elle crûment dans son message. Au fil de la conversation, elle admet escroquer ses clients, en ne se rendant simplement pas au rendez-vous une fois l’acompte reçu. « Je fais ça depuis un an, et ça fonctionne. Sans ça, je pourrais tout juste me remplir l’estomac. »
Parmi les prostituées répertoriées comme étudiantes sur les sites d’annonces, très peu ont accepté de nous rencontrer pour répondre à nos questions. La plupart du temps, elles envoient un message détaillant leurs tarifs et conditions. Elles proposent au client de se déplacer à domicile. Ferhat, chauffeur de taxi, est aux premières loges de ces allées et venues. « J’en vois beaucoup. Ce sont de jeunes étudiantes qui viennent d’autres villes et arrivent à Samsun pour étudier, mais elles n’ont pas d’argent, ni de famille sur place. »
Des aides de l’État insuffisantes
Depuis 2021, une inflation durable – 33 % d’inflation annuelle en septembre 2025 – frappe la Turquie. À mesure que le pouvoir d’achat a dégringolé, Metehan, 26 ans, en master à l’université de Samsun, a vu des personnes de son entourage devenir escort. « Un de mes amis se prostitue car son job étudiant n’est pas suffisant. Et une autre de mes amies a commencé. Je suis très triste pour elle. Si sa famille l’apprend, ils vont la tuer. »
Le journal Nefes estime que les dépenses mensuelles d’un étudiant s’élèvent en moyenne à 22 950 livres turques (472 €), soit plus que le salaire minimum (22 104 livres turques, soit 456 €). En décembre dernier, le président Erdogan avait annoncé une augmentation des bourses, de 2 000 à 3 000 livres turques (41 à 62 €) mensuelles pour les étudiants en licence. « En 2018, j’avais des amis qui payaient leur loyer grâce à ça. Aujourd’hui, cet argent suffit à peine à acheter des cigarettes pour un mois », ironise Metehan, dans sa septième année d’études supérieures. Sur WhatsApp, Hatice propose une nuit pour 6 000 livres turques (124 €), l’équivalent de l’allocation mensuelle d’un étudiant en doctorat.
Peu de jobs étudiants
« Personne n’accepte de nous donner un emploi à mi-temps, donc on se prostitue », témoigne Cimen. Le problème revient dans la bouche de nombreux étudiants, surtout ceux en licence, dont les cinq jours de cours par semaine sont difficilement conciliables avec un emploi. Sauf à travailler la nuit, à un rythme épuisant.
« Normalement, les étudiants devraient travailler à temps partiel. Mais en Turquie, c’est comme des emplois à temps plein. Les horaires sont trop longs et les salaires sont très bas », souligne Noura. Scolarisée à l’université de Van, dans le sud-est du pays, elle a témoigné sur X d’une bagarre à laquelle elle a assisté en pleine classe, entre deux prostituées, car l’une aurait pris le client de l’autre. « Les autres étudiants et même les professeurs de la faculté savent que la prostitution est répandue. Et malheureusement, personne ne s’en soucie », observe-t-elle.
En Turquie, la prostitution n’est pas un délit, mais son incitation, comme sa facilitation, sont punies pénalement, et des articles rapportent régulièrement des arrestations dans des salons de massage. À Samsun, l’un d’eux promeut la jeunesse de ses masseuses, « des étudiantes ». Le 15 septembre 2025, la scénariste Merve Göntem a été interpellée puis s’est vue imposer une interdiction de voyager à l’étranger, pour « incitation à la prostitution ». Une interview d’elle à propos de sa série Çiplak (« nue » en français), donnée quatre ans plus tôt, a refait surface sur les réseaux : « Tant de filles dans les lycées et les résidences universitaires ont des relations sexuelles tarifées, c’est devenu normal. Elles ont trouvé un moyen amusant de réaliser leurs rêves. Elles ont des relations sexuelles contre rémunération, mais quel est le problème ? La situation du pays les y pousse ? »
Un phénomène en expansion
Ayşegül Akbay, professeure à l’université de médecine d’Ankara, est l’une des rares chercheuses à s’être penchée sur la prostitution. Aujourd’hui, si aucune étude définitive n’existe sur la prostitution des étudiantes, « le phénomène est réel et probablement en expansion, dit-elle. Et dans ce contexte d’effondrement économique, la frontière entre choix et contrainte s’efface. » Elle pointe de nombreux dangers « d’exposition à la violence sexuelle, et sanitaire », d’autant que certaines étudiantes assurent ne pas utiliser de protection. Elle alerte aussi sur le risque de « décrochage et d’échec scolaire », de « stigmatisation sociale », et sur celui « d’ancrer durablement des cycles de marginalisation, d’exploitation et de traumatisme, si la société laisse cette réalité dans l’ombre ».
À savoir si le travail du sexe est dangereux, Cimen répond d’un smiley sans bouche. La réponse va de soi. Dans une étude menée en 2023 par Kirmizi Şemsiye (« Parapluie rouge »), le syndicat des travailleuses du sexe, 132 prostituées ont été interrogées dans 12 villes de Turquie. Aucune n’a déclaré se sentir en sécurité dans sa pratique.
(1) Tous les prénoms ont été modifiés pour préserver l’anonymat des personnes.
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