Sebnem Korur Fincanci a ainsi épaulé la famille de Gökhan Açikkollu, un professeur suspecté d’appartenir à la communauté religieuse, mort en détention en août 2016. Une mort due, d’après son propre examen, à des mauvais traitements et au refus par les autorités pénitentiaires de fournir au détenu ses médicaments.

De la même façon, son avis juridique rendu en 2006 en tant que médecin légiste concernant le cas du gourou islamique Adnan Oktar, reconnu depuis coupable d’avoir commis des viols et créé une organisation reposant sur l’exploitation sexuelle de jeunes femmes, lui a beaucoup été reproché. Son témoignage en tant qu’experte sur les mauvais traitements subis par l’accusé en détention avait joué en sa faveur et lui avait permis d’être libéré et de continuer ses méfaits jusqu’en 2018, accusent ses détracteurs.

 

“Continuons le combat !”

“Au rythme où se propage la torture dans ce pays, viendra un jour où tout le monde aura besoin d’un rapport de Sebnem Korur Fincanci. Mais j’ai 65 ans, je ne serai bientôt plus là, et ils ne trouveront alors aucun professionnel pour établir ces rapports tant les persécutions à mon encontre terrorisent la profession”, se défendait-elle en février dernier dans une interview au quotidien Serbestiyet.

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Chaque semaine, la médecin et militante associative se change en éditorialiste le temps d’une tribune dans les colonnes du quotidien de gauche turc Evrensel. Son dernier article dénonce une forme de schizophrénie au sein de la société turque : elle y évoque une récente étude selon laquelle de plus en plus de Turcs se disent favorables aux “mauvais traitements physiques” envers, pêle-mêle, les “terroristes”, les “assassins de femmes” et les “manifestants”. En même temps, une majorité (81 %) considère comme important de “veiller à protéger et à étendre les droits humains”. “Puisque c’est comme ça, continuons le combat !” conclut-elle.