Ils sont alignés dans la cour de récréation, niveau par niveau, et, à l’appel de leur maître, rejoignent les bancs de leur salle de classe. Deux mois après la fuite des djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI) de Djarabulus, une partie des enfants de cette bourgade agricole du nord de la Syrie, à la frontière avec la Turquie, ont retrouvé le chemin de l’école.
Sur les neuf établissements de la ville, que les djihadistes avaient saccagés, souvent minés, et parfois reconvertis en centres de torture, un premier a pu rouvrir ses portes à la fin septembre. Un autre a été transformé en hôpital et un troisième en caserne, pour les troupes de l’Armée syrienne libre (ASL), la branche modérée de la rébellion anti-Assad, actrice de la reprise de Djarabulus, avec l’appui de l’armée turque, à la fin août.
Les six écoles restantes seront réhabilitées au plus vite, promettent les autorités locales, chaperonnées par le gouvernorat de Gaziantep, la grande ville turque voisine, à une soixantaine de kilomètres au nord. « On n’a pas encore de manuels scolaires, mais on se débrouille, explique Abou Hassan, un instituteur. Vous n’imaginez pas ma joie de revenir ici après deux années à ne rien faire ! L’espoir renaît enfin. »
La venue du Monde à Djarabulus, jeudi 19 octobre, s’est faite dans le cadre d’un voyage organisé par le bureau du premier ministre turc, Binali Yildirim. Une trentaine de journalistes internationaux ont participé à ce déplacement, qui offrait une rare occasion de pénétrer en territoire syrien. En temps normal, les risques d’enlèvement et la menace des bombardements russes et syriens barrent l’accès aux zones rebelles. Mais le récent rapprochement entre Ankara et Moscou, principal allié du régime Assad, sanctuarise de facto Djarabulus.