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Le Figaro, le le 10/01/2022
Par Ronan Planchon
ENTRETIEN – Quel est le point commun entre la K-pop, la chaîne de télévision chinoise CGTN et les séries turques ? Tous participent à cette même volonté de conquérir les esprits, écrit Frédéric Charillon dans un ouvrage passionnant sur l’influence qui est, selon lui, la nouvelle clé pour déchiffrer le jeu des relations internationales.
Frédéric Charillon est professeur de science politique à l’université Clermont-Auvergne, coordonnateur des enseignements de Questions internationales à l’ENA, conseiller diplomatique et défense à l’ESSEC. Il enseigne également à Sciences Po et à l’Université Euro-Méditerranéenne (Fès). Il a cofondé et dirigé l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire. Il vient de publier Guerres d’influence: les États à la conquête des esprits, aux éditions Odile Jacob.
LE FIGARO. – L’influence est partout, sans que nul ne puisse la définir aisément. Quelle est votre définition ?
Frédéric CHARILLON. – Il existe beaucoup de définitions. Je retiens celle de l’analyste et théoricien des relations internationales Joseph Nye: la capacité pour un acteur (un État ou une personne) de modifier le comportement d’un autre dans le sens de ses intérêts. En d’autres termes, de faire faire à une tierce personne, ou à un autre acteur, ce qu’elle n’aurait pas fait de sa propre initiative.
L’influence s’est imposée dans les affaires mondiales comme dans notre quotidien en matière politique et sociale. Avec ses stratèges, ses agents, ses techniques, ses théâtres et ses circuits privilégiés. En quoi cette nouvelle configuration bouleverse-t-elle les relations internationales ?
Surtout, en ce qu’elle se substitue de plus en plus à la force ou aux stratégies plus directes. Aujourd’hui, cette capacité d’influencer des acteurs en les persuadant de faire que ce qu’ils n’auraient pas fait tout seul est plus efficace qu’une intervention militaire. Si on dresse le bilan des stratégies internationales menées ces dernières années, on s’aperçoit que les stratégies les plus brutales, comme les interventions militaires, ont souvent été des échecs contrairement aux stratégies indirectes qui misaient sur la persuasion, le noyautage, les pressions financières, etc.
D’où l’entrée dans une nouvelle ère, celle des guerres hybrides…
Ce n’est pas tout à fait nouveau. Guerres psychologiques, actions psychologiques et propagande existent depuis longtemps. Mais les réseaux sociaux, internet et tout ce qui permet de toucher des publics beaucoup plus larges, changent complètement la donne. Ces nouveaux canaux permettent de jouer sur plusieurs tableaux, de toucher à la fois les opinions publiques, les élites, les acteurs institutionnels… Les guerres hybrides permettent cette combinaison.
Ces techniques d’influence peuvent elles-mêmes préparer des conflits. Elles peuvent être le prélude à des actions brutales.
Frédéric Charillon
Par ailleurs, on voit comment la Chine s’est imposée dans les rouages, y compris politiques, de certains pays (son omniprésence à Djibouti par exemple), ou comment la Russie a réussi elle aussi à retrouver une influence dans des pays de l’Union européenne comme la Bulgarie, sans guerre, sans conflit ni action brutale. Dans ce cas, seule l’influence a suffi Vladimir Poutine pour avancer ses pions.
Dans cette nouvelle ère, les puissances autoritaires utilisent des relais non étatiques (ONG, médias, segments d’opinion…) pour s’attaquer à des puissances d’État. Peut-on en conclure que nous ne sommes pas dans une période plus paisible que par le passé, mais que ces guerres sont simplement moins visibles ?
C’est une possibilité. L’autre hypothèse, c’est que ces techniques d’influence peuvent elles-mêmes préparer des conflits. Elles peuvent être le prélude à des actions brutales, en trouvant par avance des relais, en conditionnant ou en démobilisant des opinions publiques.
Une chose est sûre : la période post-guerre froide, où on s’imaginait vivre dans un monde apaisé, a fait son temps. Au regard des efforts que déploient la Russie ou la Chine sur le plan de l’influence pour trouver des relais, des idées, des gens extrêmement compréhensifs afin de mettre en lumière leur action à l’étranger, il est légitime de se demander si ces pays ne préparent pas une action militaire plus forte. Car l’influence ne se suffit pas à elle-même, elle prépare quelque chose. L’exemple de la Crimée en témoigne. Pendant un temps, la Russie a utilisé des relais pour expliquer que la Crimée a toujours été russe, que la Russie n’était pas agressive… jusqu’au jour où cette péninsule a été annexée.
Pour vous, des choses aussi variées que la K-pop (musique pop coréenne au succès international et surtout asiatique), le Cool Japan (ensemble de productions culturelles japonaises incluant les mangas et dessins animés), la francophonie, ou les investissements à l’étranger participent à un même processus : celui de convaincre, de séduire, de trouver des relais. Faut-il pour autant considérer que tous participent à cette guerre d’influence ?
Il existe trois variantes d’influence. Une de type démocratique libérale qui s’inscrit effectivement dans un projet fondé sur la séduction. Concrètement, on essaie de présenter un modèle de société, de convaincre du bien-fondé politique de ce modèle et de le rendre très attrayant par des séries via Hollywood.
Un deuxième modèle, autoritaire, consiste à tenter de faire douter les autres de leur modèle politique. La Russie et la Chine essayent de faire douter du fonctionnement de la démocratie, bien plus qu’en faisant une promotion de leur société comme ce fut le cas du temps de l’URSS ou du maoïsme.
Le troisième modèle est celui des pays du Golfe. C’est l’alliance de la foi et de l’argent. S’ils utilisent des instruments, des méthodes différents, tous ont le même but: tenter de convaincre d’autres personnes (des élites, des leaders politiques…) de changer de comportement.
Les États-Unis influencent toujours l’imaginaire de millions de personnes, mais d’autres pays essayent désormais de promouvoir leur vision du monde via les séries. Est-ce efficace ?
Des séries télévisées turques sont extrêmement présentes dans le monde arabe. Elles chantent les louanges d’un âge d’or ottoman ancien, et expliquent au téléspectateur qu’à cette époque, l’islam, avec un vrai leader du monde musulman, était respecté, etc. Ce discours narratif appuie d’autres actions plus brutales, comme l’envoi de drones en Arménie par exemple.
La manipulation émotionnelle est très efficace et plus immédiate.
Frédéric Charillon
Les séries peuvent-elles avoir plus de poids qu’une guerre militaire ? En tout cas, «Alerte à Malibu» ou Carrie Mathison dans «Homeland» ont indéniablement fait plus pour l’image de l’États-Unis que la guerre en Irak. Une intervention militaire peut coûter cher, alors qu’on peut acquérir une popularité et véhiculer un modèle de société avec des séries. De nombreuses personnes, partout dans le monde, se sont mises à rêver d’une Green Card ou d’étudier dans une université américaine après avoir vu des productions cinématographiques ou des séries américaines. Il n’est pas sûr que si les mêmes n’avaient vu que les images d’Abu Ghraib ou de Guantanamo, cette envie serait là .
Ces évolutions se combinent-elle avec une toile de fond intellectuelle propice aux guerres d’influence ?
Oui, je distingue trois phénomènes. D’abord, l’essor du militantisme en ligne. Les utilisateurs réagissent sur le coup de l’émotion. L’activité numérique permet de réagir en instantané, avant de prendre du recul et de réfléchir. Les outils numériques sont donc un levier d’influence efficace qui permet d’éviter les intermédiaires habituels, de gagner du temps. À titre d’exemple, pour une puissance étrangère qui cherche à faire réagir une population, c’est beaucoup plus simple de faire appel aux utilisateurs en ligne, immédiatement disponibles. Il est plus pratique d’utiliser un smartphone que d’envoyer une lettre au courrier des lecteurs. La manipulation émotionnelle est très efficace et plus immédiate.
Ensuite, on a assisté à une désoccidentalisation du monde. Longtemps, on a cru que l’Occident était une référence universelle et naturelle; mais ce modèle a progressivement été remis en cause. Les puissances non-occidentales ont commencé à contester ses méthodes, le contenu même de ses idées, de ses actions présentées comme humanitaires et démocratiques. Le monde est devenu pluraliste. Des modèles que l’on croyait dépassés sont revenus en force. Les non-Occidentaux ont refusé de souscrire aux manÅ“uvres occidentales et ont commencé à promouvoir une autre vision du monde.
L’exemple des deux guerres du Golfe est probant. Observez la différence. Il y a eu la première guerre d’Irak en 1991. CNN avait le monopole de l’image contrairement à celle de 2003 pendant laquelle Al-Jazeera a aussi eu un levier d’action. Moins de 15 ans se sont écoulés et les médias occidentaux ont perdu le monopole de l’image. La deuxième guerre du Golfe a bénéficié d’une couverture qui n’était plus exclusivement occidentale. Ce temps du monopole est révolu. Nous sommes entrés dans une compétition pour l’influence par les images et les récits.
Le succès de l’identité comme déterminant supposé des attitudes et des loyautés politiques ouvre lui aussi des boulevards aux actions d’influence. Lorsque vous avez des individus qui pensent que le contenu de leur pensée est forcément lié à leur identité, il devient facile de les manipuler. C’est plus facile de manipuler des personnes qui estiment devoir penser en fonction de leur identité que des personnes qui ont leur libre arbitre et le choix entre plusieurs options.
Les ONG sont des agents d’influence très efficaces même si toutes ne sont pas comparables
Frédéric Charillon
Par ailleurs, à partir du moment où il y a beaucoup de contestations identitaires, il devient facile de jouer dessus, en particulier dans les sociétés occidentales.
Des médias d’État s’installent de plus en plus dans des pays étrangers pour y diffuser leur modèle de société, comme la télévision chinoise CGTN, qui possède une antenne en France depuis peu. Ont-ils une réelle influence ?
Il est toujours difficile de mesurer l’impact d’un média. En tout cas, Al Jazeera est un modèle de réussite. Même si leur modèle coûte très cher, ils ont accepté le jeu du débat et de la contradiction. Ils ont consenti à embaucher de vrais journalistes et leur contenu est destiné à un public étranger, pas aux Qataris eux-mêmes.
La Chine a du mal à cibler un public occidental. En revanche, il serait intéressant d’analyser leur influence sur la diaspora, et sur d’autres populations, notamment en Afrique.
Bien qu’elles s’autoproclament indépendantes, certaines ONG ne sont-elles pas aussi, d’une certaine manière, des agents d’influence ?
Les ONG sont des agents d’influence très efficaces même si toutes ne sont pas comparables. Les ONG occidentales sont beaucoup plus autonomes. Il existe aussi de fausses ONG pilotées par des régimes autoritaires qui ont très bien compris l’intérêt de ne pas laisser le champ libre aux ONG «authentiques», avec une vraie liberté et une marge de manÅ“uvre.
Dans une certaine mesure, les ONG occidentales sont, elles aussi, des agents d’influence. Elles exposent, dénoncent, témoignent de situations. Donc, même si ces ONG effectuent un travail formidable, elles choisissent d’insister sur une cause plutôt qu’une autre. Elles sont aussi courtisées par d’autres acteurs d’influence, qui souhaitent mettre en avant une cause, comme celle des Rohingyas par exemple.
Récemment, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a présenté une feuille de route pour l’influence. La France a pris conscience du problème que représentent les stratégies d’influence extérieure sur notre sol.
Frédéric Charillon
En France, on a assisté au financement de mosquées et la formation d’imams depuis le Golfe ou à l’implantation d’écoles turques notamment. Le Quai d’Orsay a-t-il pris la mesure de cette guerre d’influence ?
Récemment, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a présenté une feuille de route pour l’influence. La France a pris conscience du phénomène, du problème que représentent les stratégies d’influence extérieure sur notre sol. On l’a vu avec l’implantation d’écoles islamiques sur notre sol ou quand d’anciens premiers ministres se sont mis à présenter une émission sur la télévision d’État chinoise (NDLR, Jean-Pierre Raffarin anime l’émission «Grand angle» sur la chaîne CGTN) ou entrer dans le conseil d’administration d’une grande société russe (NDLR, François Fillon rejoint la société Sibur, géant de la pétrochimie russe).
Se pose, désormais, la question de nos moyens pour faire de la contre influence, c’est-à -dire pour ne pas se laisser influencer ni devenir des théâtres d’influence. Et si nous-mêmes pouvons exercer une influence à l’étranger sans, évidemment, la présenter comme telle. On ne va pas créer un «grand ministère de l’influence», il faut faire preuve d’un peu de roublardise, sans pour autant mettre en Å“uvre des politiques de déstabilisation.
Reste à savoir quels moyens on met sur la table, et une politique d’influence efficace à un prix. Il faut, pour cela, offrir certain nombre d’avantages à des gens, déployer les moyens pour les convaincre, à l’image de ce qu’ont fait les États-Unis avec des programmes d’invitation. Combien est-on prêt à investir ? On ne le sait pas encore.
Enfin, il faut se poser la question du message que l’on souhaite envoyer. L’influence n’est pas une fin en soi, c’est un moyen. Elle ne fonctionne que si l’on sait quels intérêts on souhaite défendre et quel message on souhaite relayer. Pour ce faire, il faut identifier des objectifs et des priorités.
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