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L’Obs, le 09/05/2021
Encadrement de la pratique religieuse, pressions, manipulation de l’information… Ankara tente par tous les moyens de contrôler
sa diaspora. Efficace, mais jusqu’Ã un certain point.
« Vous connaissez L’Odyssée ? On se retrouve là -bas. » Par téléphone, le lieu du rendez-vous est vite fixé. Faruk Günaltay ne quitte quasiment jamais le cinéma d’art et d’essai qu’il dirige depuis trois décennies à Strasbourg. Cigare barreau de chaise, crâne lisse, il trône au milieu des affiches de films, entre Claudia Cardinale, la demoiselle abandonnée de « la Fille à la valise », et Helmut Berger, le roi de « Ludwig ou le crépuscule des dieux ».
Cela fait presque six ans que Faruk Günaltay, né en 1950 à Ankara dans une famille de diplomates, n’a plus mis les pieds dans son pays natal. « Les services de renseignement français m’ont conseillé d’éviter de m’aventurer sur le sol turc. » Il ne fait pourtant pas partie des opposants les plus acharnés d’Ankara. Il n’est membre d’aucun parti, d’aucun mouvement. Mais au printemps 2013, il a organisé une soirée à L’Odyssée, en soutien aux manifestations du parc Gezi et de la place Taksim à Istanbul. Elle s’est terminée sous protection policière : « Des réseaux pro-Erdogan avaient promis de venir gâcher l’ambiance. »
Depuis, il reçoit des messages menaçants dans sa boîte mail. Avec six autres Franco-Turcs, chercheurs, intellectuels, associatifs, il s’est fait traiter de « parasite », désigné comme cible dans une vidéo YouTube postée par Ali Gedikoglu – président de Cojep International (Conseil pour la Justice, l’Egalité et la Paix). Cette organisation basée à Strasbourg est considérée comme un faux-nez de l’AKP (Parti de la Justice et du Développement), le parti du président turc Recep Tayyip Erdogan. L’affaire s’est terminée devant les tribunaux.
Rencontres avec la communauté turque de Strasbourg.
Pressions, intimidations, menaces et parfois des violences
Manifestations du parc Gezi et de la place Taksim, coup d’Etat avorté de 2016, invasion du nord de la Syrie en 2019, conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie dans le Haut-Karabakh à l’automne… Bon gré mal gré, la vie des Turcs de France est désormais rythmée par l’agenda d’Ankara. Avec, à chaque fois, des pressions, des intimidations, des menaces, et parfois des violences. Hamit Bozarslan, historien et politologue, analyse : « La Turquie n’a jamais accepté la souveraineté des pays d’accueil et cherche à contrôler depuis longtemps sa diaspora. Mais avec l’arrivée d’Erdogan au pouvoir en 2003, puis avec le mouvement protestataire de 2013 et la possibilité donnée en 2014 de voter aux élections turques dans les consulats, cette gestion extraterritoriale s’est renforcée. Le mot d’ordre : « N’oubliez pas que vous êtes turcs et que vous représentez la nation à l’étranger. » »
C’est le père de la République turque moderne, Mustafa Kemal Atatürk, qui en 1924 a mis en place l’outil le plus efficace pour le contrôle de la diaspora : la Présidence des Affaires religieuses, la Diyanet, chargée de gérer lieux de culte et pratiques, d’abord en Turquie, puis également à l’étranger. Sous Erdogan, son budget a été quadruplé – plus de 2 milliards d’euros actuellement -, et elle emploie désormais 100 000 fonctionnaires. Ditib France, son émanation née en 1986, salarie 151 imams (sur les 300 payés par des Etats étrangers), gère 270 lieux de culte, ainsi que l’établissement privé du secondaire Yunus Emre, créé en 2015 à Strasbourg, et planche sur un programme de formation d’imams français.
La Diyanet représente l’islam sunnite rigoriste prôné par Ankara, aux côtés de Millî Görüs, un mouvement conservateur initié par Necmettin Erbakan, qui fut le mentor d’Erdogan. Cette association, installée en France dans les années 1970, gère 71 mosquées et 11 établissements scolaires, mais sans lien organique avec le pouvoir turc. Les deux organisations ont été mêlées à deux polémiques récentes. En janvier, elles ont refusé de signer la « charte des principes pour l’islam de France », réclamée par Emmanuel Macron.
« Le texte qui au départ ne devait concerner que les imams pour leur agrément a finalement ciblé l’ensemble des musulmans », justifie Fatih Sarikir, à la tête de la Confédération islamique Millî Görüs France. « Le CFCM [Conseil français du Culte musulman] l’a rédigé dans notre dos avec le ministère de l’Intérieur », ajoute Ibrahim Alci, président du Comité de Coordination des Musulmans turcs de France, qui représente la Ditib.
Deuxième controverse : à Strasbourg, Millî Görüs a dû renoncer il y a peu à la subvention de 2,5 millions d’euros dont la ville venait de voter le principe (une délibération municipale de 1999 permettant d’aider financièrement 12 cultes, en plus des 4 statutaires du Concordat de 1801 en Alsace-Moselle) pour son projet de construction de la mosquée Eyyûb Sultan, la plus grande d’Europe. La première pierre avait été posée en 2017, en présence de Roland Ries, le précédent maire, d’une brochette d’élus locaux (La République en Marche, Les Républicains…), et du vice-Premier ministre turc Bekir Bozdag.
Depuis les relations se sont quelque peu refroidies entre Erdogan et Millî Görüs : le parti Saadet (Parti de la Félicité), son émanation politique, a rejoint l’opposition, et même eu l’outrecuidance de présenter un candidat contre lui lors de la dernière présidentielle. Ils restent cependant proches sur des questions telles que l’islam de France, l’identité turque, les Kurdes, et le génocide arménien.
« Les menaces ne sont pas voilées »
« Il y aura des tentatives d’ingérence sur le sol français. C’est écrit. Les menaces ne sont pas voilées », a prédit Emmanuel Macron dans un documentaire, « Erdogan, le sultan qui défie l’Europe », diffusé le 23 mars sur France 5. Un conseiller de l’exécutif précise : « La Turquie coche les quatre cases de l’interventionnisme étranger. Encadrement de la pratique religieuse, contrôle de la communauté, intervention politique, manipulation de l’information. » En plus des imams, Ankara a en effet dépêché, durant des années, des professeurs de turc acquis à sa cause, dans le cadre des Elco (enseignements de langue et de culture d’origine) – jusqu’à leur suppression à la rentrée scolaire 2020. Les réseaux sociaux et les médias turcs alimentent aussi la propagande, comme le site MedyaTurk. info, ou les chaînes web Media France TV et Medya Turk TV, créées par Ali Gedikoglu, encore lui, le fondateur de Cojep international. Sans oublier la myriade d’associations culturelles, économiques, d’aide sociale… La plupart marchent au pas.
Umit Metin, coordinateur de l’association laïque d’aide sociale Acort, raconte : « Réelle adhésion, signature sous la pression, ou crainte d’être stigmatisé ? Plus de 300 organisations, soit les trois quarts, ont signé un communiqué commun de soutien à l’invasion turque dans le nord de la Syrie fin 2019. Chaque jour, on lutte contre le repli identitaire. L’islamo-nationalisme d’Erdogan enferme les Turcs de France et avive les tensions. » Et encourage l’importation des méthodes violentes pratiquées en Turquie. Les Loups gris, actifs malgré leur dissolution En juillet 2020, dans les rues de Décines-Charpieu en banlieue lyonnaise, dont un cinquième de la population est d’origine arménienne, un commando de 250 ultranationalistes turcs armés de barres de fer a débarqué. « Ici c’est la Turquie », « Vous êtes où les Arméniens ? On est chez vous bande de fils de putes », « On va vous tuer »…
L’instigateur du mouvement, Ahmet Cetin, 23 ans, membre présumé du groupuscule paramilitaire des Loups gris (dissous par le gouvernement en novembre), a été condamné à quatre mois de prison avec sursis pour incitation à la violence et à la haine raciale. Afin de rameuter les troupes, il avait lancé sur une vidéo postée sur son compte Instagram : « Que le gouvernement [turc, NDLR] me donne 2 000 euros et une arme, et je ferai ce qu’il y a à faire où que ce soit en France. » En 2017, il s’était aussi sagement présenté aux élections législatives sur la liste du Parti Egalité Justice (PEJ), autre satellite d’Ankara en France (il avait présenté 52 candidats aux législatives de 2017, mais n’a recueilli que 0,7 % des voix), après avoir été délégué de la branche jeunesse de Cojep France. Les deux organisations, qui partagent la même adresse, rue du Chemin-de-fer à Strasbourg, ont mis leurs activités en sourdine après la dissolution des Loups gris.
Des membres de la communauté turque veulent en découdre avec des Arméniens près de Lyon
Les forces de l’ordre sont intervenues mercredi soir pour empêcher « plusieurs dizaines » de membres de la communauté turque d’en « découdre » avec des Arméniens à Décines-Charpieu, haut-lieu de cette diaspora en France, a annoncé jeudi la préfecture. Un important dispositif policier, fort d’une centaine d’hommes, a été mis en place « dans le but de rétablir l’ordre républicain » dans cette ville de banlieue lyonnaise qui abrite le mémorial du génocide arménien. Dix-neuf véhicules ont été contrôlés et l’identité de tous les protagonistes a été relevée. Le calme est revenu à 23 heures, deux heures après le début des incidents.
Agit Polat, porte-parole du Conseil démocratique kurde en France, déplore : « Cela fait des années qu’Erdogan et ses alliés d’extrême droite du MHP [Parti d’action nationaliste, membre de la coalition gouvernementale, NDLR] sont une menace pour la France. En trois ans, ils ont incendié nos bureaux de Nantes, vandalisé ceux de Grigny et d’Arnouville, attaqué nos manifestants à Montpellier et à Toulouse. Ils ont même commis des assassinats sur le sol français : trois militantes kurdes ont été tuées en plein coeur de Paris en 2013. L’enquête avait montré les connexions d’Omer Güney, l’assassin présumé, avec le MHP, les Loups Gris, et avec les services de renseignement turcs (MIT). Mais Güney est mort avant le procès qui devait se tenir en 2017.
Les Loups gris restent actifs malgré leur dissolution. Il y a quelques semaines, à Lyon, un local de la communauté kurde a été attaqué par une vingtaine d’ultranationalistes cagoulés et munis de battes de baseball. Vitres cassées, intérieur saccagé, et quatre blessés. Plusieurs plaintes ont été déposées. La Fédération des Associations démocratiques idéalistes turques en France, liée au MHP – « vitrine légale » des Loups Gris -, continue, elle, d’avoir pignon sur rue à Pantin, en banlieue parisienne. Le compte Twitter de son président, Orhan Ilhan, est truffé de références au groupuscule, comme cette photo d’un « camp de deux jours », organisé en France en décembre 2019 par la branche jeunesse de la Fédération, où les participants font le signe de ralliement des Loups gris (pouce, majeur et annulaire joints, index et auriculaire dressés). 150 ans de vagues migratoires « Quelques milliers de nationalistes islamistes peuvent faire des dégâts considérables dans une démocratie laïque comme la France et miner le multiculturalisme, note Hamit Bozarslan. Mais cela ne doit pas nous faire oublier que l’erdoganisme ne parvient pas à s’imposer à l’ensemble des communautés issues de Turquie, très diverses, riches de dizaines d’ethnies, langues, pratiques culturelles et religieuses différentes. »
Kurdes et Alévis (branche hétérodoxe de l’islam, propre à la Turquie), surreprésentés en France par rapport à leur pays d’origine, mais aussi Arméniens, Assyro-Chaldéens, juifs… La constellation reflète 150 ans de vagues migratoires. Les élites arrivées de l’Empire ottoman à la fin du XIXe siècle ; les ruraux venus de l’Anatolie pauvre dans les années 1960 et 1970 pour servir de main-d’oeuvre agricole, ouvrière, dans l’automobile, la confection et le bâtiment ; les Kurdes, les Alévis, les intellectuels de gauche, fuyant le coup d’Etat militaire de 1980, ou la guerre civile du Kurdistan dans les années 1990… Guillaume Chauvin / Guillaume Chauvin – Hans Lucas Elif, une réfugiée d’origine turque vivant à Strasbourg
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Rencontres avec la communauté turque de Strasbourg. « Chaque fois que je donne ma nationalité, on me regarde avec des yeux ronds : « Mais c’est incroyable, tu n’as pas du tout l’air d’une Turque », raconte ainsi Elif, musulmane non pratiquante, brunette, cheveux longs, lèvres rouge carmin, qui travaille comme professeure de chant. Je devrais ressembler à quoi exactement ? » Elif témoigne aussi du poids de l’emprise d’Ankara sur le sol français. Elle a effacé de son compte Twitter tous ses messages critiques contre le régime, et préfère apparaître dans l’article sous un faux prénom : « Je n’ai pas envie d’avoir des ennuis quand je retourne en Turquie. Ni que ma famille, là -bas, soit prise à partie. »
Ankara compte sur le vote de cette diaspora
En apparence, Erdogan est plutôt populaire chez les Turcs de France. Il obtient dans les urnes des résultats meilleurs que dans son pays (10 points de plus en moyenne). Mais il faut relativiser ces chiffres : seuls 330 000 sont inscrits sur les listes électorales des consulats, sur un total d’environ 750 000. Et beaucoup de personnes issues des minorités ethniques ou religieuses ne se déplacent pas. Et pour cause. A Strasbourg, par exemple, les derniers scrutins se sont tenus dans les locaux de la Ditib… « J’y suis allée quand même, mais l’atmosphère n’était pas rassurante », raconte Hulliya Turan, issue d’une famille kurde et alévie, adjointe communiste à la mairie de Strasbourg.
Envoyée dans l’est de la Turquie comme observatrice internationale lors des élections législatives de 2018, elle avait été arrêtée à un check-point, retenue dans une caserne militaire pendant une journée, puis reconduite à l’avion. « Ça m’a valu ici une avalanche d’insultes et de menaces de mort sur les réseaux sociaux. » Ankara compte plus que jamais sur le vote de cette diaspora qui lui est liée par un mélange complexe d’adhésion et de rejet viscéral. Les sondages pour la présidentielle de 2023 ne sont pas très bons. La récession économique s’aggrave, la livre plonge, les gouverneurs de la banque centrale valsent.
Ahmet Insel, politologue, remarque : « Le réservoir de ce vote est d’autant plus important que le président turc dispose d’une courte majorité. L’encadrement par Ankara de la communauté turque de France est une réalité. Mais l’ampleur des récentes polémiques autour de la « charte des principes pour l’islam de France », ou de la mosquée de Strasbourg, montre également que cet encadrement est devenu un objet d’instrumentalisation, un sujet « porteur » pour la droite et une partie de la classe politique française. » Ici aussi, comme en Turquie, la campagne présidentielle a commencé.
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