Après la dissolution du PKK, les Kurdes syriens espèrent l’apaisement avec la Turquie

RFI, le 15/05/2025

Avec notre correspondante à Alep, Manon Chapelain

En Syrie, la dissolution du PKK, bête noire de la Turquie, fait réagir. Le ministère des Affaires étrangères a qualifié cette décision de « moment charnière Â» pour la stabilité de la région. La coalition kurde des Forces démocratiques syriennes, qui contrôle jusqu’ici le nord-est syrien, ne s’est, pour le moment, pas prononcée. À Alep, dans le nord du pays, les habitants des quartiers kurdes espèrent que cela ouvrira la voie à une véritable paix avec la Turquie.

À Alep, sur la place des martyrs de Cheikh Maqsoud se trouvent des estrades, des drapeaux, et trois grandes photos : celle d’Abdullah Öcalan, le fondateur du PKK et celles, à ses côtés, de deux leaders, martyrs du parti. 

Mariam est venue sur cette place pour rendre hommage à l’organisation, suite à l’annonce de sa dissolution : « Avant l’apparition du PKK, on n’avait même pas le droit de dire qu’on était Kurde. On ne pouvait pas parler notre langue. La rhétorique d’Öcalan a ouvert les yeux sur notre situation. Cela a permis aux Kurdes d’avoir un certain prestige. Nous sommes fiers du PKK. Â»

Sur un muret criblé de balles se tient un groupe de jeunes hommes. Eux ne croient pas qu’une solution politique permettra de résoudre le vieux conflit entre les factions armées kurdes et la Turquie. « Cela fait des années que nous avons régulièrement des martyrs, que nous allons nous battre dans les montages. C’est une erreur de déposer les armes, estime l’un deux. Nous devons continuer à nous battre. Â»

La nécessité d’un «vrai processus de paix»

La rue qui fait face à l’appartement de Mohamed porte les nombreux stigmates de la guerre avec les factions pro-turcs. Son frère est mort dans les années 1990 après avoir rejoint la guérilla armée kurde en Turquie. « Je suis content, car nous avons combattu pendant des décennies sans résultat, raconte Mohamed. Notre vie était compliquée, beaucoup de nos jeunes partaient rejoindre la guérilla. Aujourd’hui, nous pouvons dire que nous avons résolu le problème par la voie politique. Â»

« Cette initiative va aussi nous influencer, en tant que Kurde syrien, estime Nouri Cheikho, qui est le co-président du conseil local de son quartier. J’espère que les leaders turcs vont comprendre qu’il faut un vrai processus de paix. Â»

Un accord signé en mars prévoit l’intégration des institutions kurdes au nouvel État syrien d’ici à la fin de l’année. Lundi 12 mai, Damas a averti les Kurdes que tout retard risquerait de « prolonger le chaos » après quatorze années de guerre dans le pays. 

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