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Le Monde, le 10/11/2016
Allan Kaval
Chassés par les combats et les destructions, les habitants de la ville kurde vivent dans des abris de fortune
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Depuis qu’a été relancée la guerre entre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et l’Etat turc, en juillet 2015, l’armée turque a investi les principaux centres urbains kurdes de Turquie, où le PKK a tenté en vain de mener une insurrection armée. Chassé des centres-villes, le PKK, adossé au territoire conquis par ses émules en Syrie, mène une guérilla de harcèlement -contre les forces de sécurité turques en multipliant les attentats et les embuscades dans les campagnes du sud-est du pays. Sur le plan politique, le gouvernement a lancé une vaste offensive contre le parti HDP, proche du PKK, depuis le coup d’Etat manqué du 15 juillet, arguant de la lutte antiterroriste. Plusieurs dizaines de maires ont été remplacés en vertu de l’état d’urgence. Onze députés (sur 59) du HDP ont été arrêtés le 4 novembre.
La ville où Mehmet (le prénom a été modifié) a vu le jour il y a soixante et un ans et où il a vécu toute sa vie n’est plus qu’un paysage lointain. Le quartier où il a grandi, un champ de ruines. Depuis sa petite cour de terre battue, devant la maison aux murs de ciment nus, dans un village des environs où il a trouvé refuge, Sirnak apparaît presque tout entière, à flanc de colline. Distante de 6 km, la petite ville comptait jusqu’en 2015 près de 100 000 habitants. Capitale administrative de la province du même nom, dans le sud-est kurde de la Turquie, Sirnak est aujourd’hui déserte et en partie rasée. Mehmet n’a pas pu y retourner depuis mars.
Proche de la frontière irakienne, Sirnak est un des fiefs historiques du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en lutte contre l’Etat turc depuis 1984. Les montagnes qui l’environnent appartiennent aux combattants et aux contrebandiers. Le ciel, lui, est aux avions de chasse et aux hélicoptères turcs. Les routes sont aux mains de l’armée et de la gendarmerie. Après trois décennies de conflit, l’arrière-pays de Sirnak est une terre de guérilla. Le PKK, qui opère dans les montagnes alentour, a su accroître son influence dans la ville, au sein d’une population largement acquise. Le mouvement kurde en contrôlait la municipalité par l’intermédiaire d’un parti servant d’émanation légale, y résolvait les discordes et les problèmes quotidiens de la population.
 » La communauté est brisée «Â
Tout à la fois bastion du PKK et avant-poste de l’Etat turc dans une région rebelle, la ville de Sirnak a vu la guerre passer des maquis qui l’entourent aux rues de ses quartiers, à l’été 2015. Le 20 juillet, une trentaine de militants prokurdes étaient tués dans une explosion à Suruç, ville kurde de Turquie frontalière de Kobané, en Syrie. L’attentat-suicide a été attribué à l’organisation Etat islamique, mais pour le mouvement kurde, le responsable se trouvait à Ankara, en la personne du président Recep Tayyip Erdogan. L’assassinat de policiers turcs par le PKK en représailles a entraîné une reprise des bombardements sur les bases du PKK dans le nord de l’Irak. Dans les semaines qui ont suivi, plusieurs villes et quartiers – dont Sirnak – acquis au mouvement kurde dans le sud-est de la Turquie étaient investis par les combattants du PKK.
Plus d’un an plus tard, Sirnak, -vidée de ses habitants et pilonnée par l’artillerie turque, est toujours interdite d’accès. La riposte violente des forces de sécurité s’est traduite par la destruction partielle de la ville et la mort ou l’arrestation de tous les combattants kurdes.  » Chaque famille s’est réfugiée où elle pouvait, dans l’ouest de la Turquie, dans les villes de la région, dans les villages autour de Sirnak. La communauté est brisée « , explique Mehmet. Aucune perspective de retour n’est envisagée, et la région est passée sous occupation militaire.  » Déclencher cette guerre était une faute « , regrette Mehmet. Pas question pour autant de s’en remettre à l’Etat turc.
Propriétaire avant guerre de quinze commerces et de trente -logements, la famille de Mehmet a tout perdu. Sa situation reste pourtant enviable : elle est installée dans une maison en dur. A la lisière du village, plusieurs dizaines de familles moins fortunées ont été contraintes de survivre dans un vaste terrain vague. Certaines ont obtenu des tentes de la municipalité. D’autres ont bâti des cahutes à l’aide de branchages, de planches irrégulières et de bâches en plastique. Aucune aide humanitaire n’était alors parvenue d’Ankara ou d’ONG turques. Ici la présence de l’Etat se résume au vrombissement des hélicoptères militaires et aux points de contrôle fortifiés qui jalonnent les routes.
Murat (son prénom a aussi été modifié) est un habitant de ce camp informel de déplacés, qui a été, depuis, démantelé par les autorités turques qui ont remplacé ses occupants. Sa vie se -confond avec l’histoire du conflit kurde et ses récurrences. A 45 ans, il est chassé de chez lui pour la deuxième fois.  » En 1992, notre village a été incendié et rasé par les Turcs « , dit-il en désignant les montagnes environnantes. Pour couper le soutien de la population à la guérilla, l’armée turque a détruit plus de 4 000 villages kurdes dans les années 1990. Leurs habitants, comme Murat, ont été déplacés vers les nouveaux quartiers des centres administratifs voisins.  » Nous avions reconstruit une vie à Sirnak. Vingt-cinq ans plus tard, on n’a plus rien.  »
Incertitude et violence
Pourtant, pour Murat les choix stratégiques du PKK ne sont pas critiquables. Question d’honneur ! Comme nombre d’habitants de Sirnak, il compte dans sa famille plusieurs  » martyrs  » de la cause kurde. Sa nièce, combattante du PKK, a été abattue en 2011 dans un bombardement turc. Deux de ses neveux sont tombés au combat contre l’EI en Syrie, au sein des forces kurdes locales encadrées par le PKK et comptant en leur sein de nombreux Kurdes de Turquie. Son frère combat encore. Il ignore où. Murat et ceux qui, comme lui, -vivent dans les cabanes de fortune voisines, n’arrivent pas à se résoudre à quitter les environs de Sirnak. Dans l’attente d’une hypothétique autorisation à récupérer les ruines de leurs maisons.
La défaite du PKK dans la ville ne signifie pas la fin de la guerre. Dans les collines environnantes, l’organisation armée kurde a repris ses actions de guérilla contre les forces de sécurité turques, et les accrochages sont fréquents, parfois tout près des lieux habités par les déplacés de Sirnak. Pour eux, la vie s’est figée dans l’incertitude et la violence. Bloqués aux périphéries de leur propre ville, ils voient les jours se succéder sans perspective, regrettant leur vie détruite, leurs voisins éparpillés, leurs jeunes morts dans les combats de rue.
Fatma (dont le prénom a aussi été modifié) a laissé son fils derrière elle au début du siège. A 20 ans, il avait décidé de rejoindre le PKK  » pour le Kurdistan et pour venger les femmes yézidies réduites en esclavage « . On lui a rapporté son corps sans vie à la fin de la bataille. Les soldats n’ont pas autorisé de funérailles. Elle l’a enterré à la lisière du village. Entourée d’un groupe de femmes de sa famille, trois générations réunies au seuil d’une petite maison de ciment brut, le visage figé, elle fait disparaître une larme unique avec le coin de son voile fleuri.
A proximité, deux garçons de 6 et 8 ans jouent en silence avec une balle en caoutchouc. Leurs yeux sont vides, leurs joues noircies de terre battue. Quand on leur demande ce que pourra être l’avenir de ces enfants, Fatma et ses parentes répondent d’une seule voix :  » Ils prendront les armes !  »
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