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Le Monde, le 20.10.2015
Marie Jégo (Adiyaman, Kahta, Menzil (sud est de la Turquie) Journaliste au Monde
Devant le salon de thé Islam, ancien point de rassemblement des jeunes islamistes radicaux, fermé par les autorités. REUTERS
A Adiyaman, on cherche en vain les piscines, les terrains de sport, les centres culturels ou les cinémas. Dans cette ville ultraconservatrice du sud-est de la Turquie vivent des Turcs, des Kurdes, des Arabes, ainsi que quelques chrétiens syriaques. Ces dernières années, le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateurs) du président Recep Tayyip Erdogan y enregistre ses meilleurs scores aux élections. Pourtant, cette cité de 280 000 habitants est surtout considérée comme le principal vivier de recrutement de l’Etat islamique dans le pays.
Un silence de plomb s’est abattu sur la région, et rares sont ceux qui acceptent de parler. A Adiyaman et dans ses alentours, entre 300 et 500 hommes auraient été recrutés par l’organisation djihadiste pour être envoyés sur le front syrien. « Les familles préfèrent garder le silence et, lorsque les corps de leurs enfants sont ramenées de Syrie, elles les enterrent de nuit », assure un habitant de Kahta sous le couvert de l’anonymat. Pour certains, le recrutement de kamikazes serait une vengeance de l’organisation Etat islamique pour les militants tués par les Kurdes syriens associés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, actif en Turquie où il est interdit) lors des prises de Kobané et de Tal Abyad, au début de l’année.
Après l’attentat d’Ankara, le 10 octobre, des dizaines d’interpellations ont eu lieu à travers tout le pays, sauf à Adiyaman. Or les deux kamikazes, comme les auteurs des attaques de Diyarbakir et de Suruç ces derniers mois, sont tous originaires de cette ville. Arrivés en voiture de Gaziantep, ville de la frontière turco-syrienne, à l’aube du 10 octobre, Ömer Deniz Dündar et Yunus Emre Alagöz sont allés se sustenter dans un café de Balat, dans le centre-ville d’Ankara, avant de se diriger vers la gare. Il n’était pas tout à fait 10 heures du matin lorsqu’ils ont actionné leurs ceintures d’explosifs au beau milieu d’une manifestation de la gauche prokurde, aux abords de la gare, faisant 106 morts et des centaines de blessés. Après avoir incriminé l’Etat islamique, les autorités turques se sont empressées de déclarer l’enquête secrète.
Mise au secret
« Cette mise au secret ne peut que susciter le doute », explique Osman Süzen, avocat et président de l’Association des droits de l’homme d’Adiyaman. La même mise au secret avait prévalu pour les enquêtes concernant les deux attentats précédents, à Diyarbakir, le 5 juin, et à Suruç le 20 juillet. De cette façon, les avocats des parties civiles n’auront pas accès au dossier. Les trois attentats n’ont pas été perpétrés à l’aveugle, ils visaient en priorité des militants du Parti démocratique des peuples (HDP, gauche, prokurde). Pour la première fois de son histoire, un parti kurde avait franchi le seuil des voix nécessaires (10 %) aux législatives du 7 juin, ce qui lui assurait quatre-vingts députés au Parlement turc. Mais faute de coalition en mesure de gouverner, un autre scrutin a été convoqué le 1er novembre.
Yunus Emre Alagöz, 25 ans, qui s’est fait exploser à Ankara, était le frère aîné de Seyh Abdurrahman Alagöz, 20 ans, l’auteur de l’attentat de Suruç. En janvier 2014, les deux frères avaient ouvert un salon de thé appelé « Islam », dans le quartier populaire de Bahçelievler, à Adiyaman. L’endroit devint très vite le point de rassemblement de la jeunesse radicalisée avant d’être fermé, quelques mois plus tard, sans que ses « clients » soient inquiétés. Ömer Dündar, le deuxième kamikaze d’Ankara, ainsi qu’Orhan Gönder, 20 ans, le poseur de bombes de Diyarbakir, faisait partie des habitués.
Opposés à la traditionnelle prière du vendredi, les jeunes priaient au deuxième étage du petit café. « Une fois, j’y suis allé, pour voir ce qu’ils faisaient. Ils m’ont assuré qu’ils étudiaient le Coran, rien de plus », raconte Ercan, le cousin d’Orhan Gönder. La famille comprit très vite que quelque chose n’allait pas : « Orhan, autrefois si sociable, est devenu taciturne. Il ne voulait plus s’asseoir à la même table que sa mère et ses sœurs qu’il exhortait à se recouvrir entièrement d’un grand voile noir. Un beau jour, il est parti laissant une lettre. Il expliquait qu’il partait pour Tal Abyad, en Syrie, afin d’étudier dans une madrasa. » Hatice Gönder, la mère du jeune homme, explique avoir frappé à toutes les portes pour retrouver la trace de son fils : « J’ai vu le chef de la police à plusieurs reprises, le préfet et même [le premier ministre] Ahmet Davutoglu, venu participer à un congrès de l’AKP à Adiyaman, en décembre 2014. Il m’a assuré qu’il transmettrait les informations au MIT [les services secrets]. »
Quand Orhan est rentré de Tal Abyad, Hatice et son mari, Mustafa, sont retournés au commissariat. Ils voulaient que leur fils soit interrogé sur ses activités réelles en Syrie. « Les policiers se sont fait prier. Ils nous ont dit qu’Orhan était majeur et libre de ses mouvements. » Finalement, le fils sera interrogé puis relâché. Deux mois plus tard, il ira poser deux bombes au beau milieu d’un meeting du HDP, à Diyarbakir. Arrêté quelques jours plus tard à Gaziantep, il a été incarcéré à la prison d’Ankara.
Constatant que les enquêtes policières sur les attentats n’avançaient pas, des responsables du Parti républicain du peuple (CHP, le parti fondé par Atatürk, centre gauche, laïque) ont décidé de mener la leur. Ils n’ont pas tardé à mettre au jour la « filière d’Adiyaman ». Leur rapport confirme l’existence d’une cellule locale de l’EI, commandée depuis la Syrie par Mustafa Dokumaci, 30 ans, installé à Adiyaman avant de partir faire le djihad à Tal Abyad. « Les parents nous ont expliqué que leurs fils allaient et venaient librement en Syrie. Ils ont eu beau le dire à la police, personne ne s’est intéressé à eux », déplore l’avocat Abdurrahman Tütdere, coauteur du rapport.
Publiée le 7 août, l’enquête du CHP se conclut par une liste, vingt et un présumés kamikazes, dont les deux auteurs de l’attentat-suicide perpétré à Ankara, le 10 octobre. « Preuve que la tragédie d’Ankara aurait pu être évitée si les autorités s’étaient mobilisées », estime l’avocat Osman Süzen. Selon le CHP, la cellule disposait d’une base logistique à Gaziantep et recrutait à Adiyaman, en toute tranquillité, dans les mosquées de Fatih et de Maraslilar. Ces informations ont été ignorées des services qui assurent pourtant avoir mis la filière sur écoute, dès 2013. « Il faut dire que les autorités sont plus occupées à traquer les délits d’opinion. Dès qu’il s’agit de l’EI, elles ferment les yeux », dit le rapport.
Voile noir et calottes blanches
Située dans un quartier pauvre d’Adiyaman, la mosquée délabrée de Maraslilar et son école continuent aujourd’hui de fonctionner comme si de rien n’était. C’est pourtant là que des étrangers recrutaient « sous les yeux de l’imam », selon le rapport. Le père d’Ömer Deniz Dündar assure avoir vu « des barbus en tenue islamique qui conversaient avec l’imam ». Sommé de s’expliquer, l’imam a répondu qu’il s’agissait de fonctionnaires étrangers venus avec l’accord du gouvernement.
Adiyaman est le fief des Menzil, une puissante confrérie Naqshbandi, un courant rigoriste de l’islam sunnite. Enrichie grâce aux dons des fidèles, la confrérie possède son propre village, appelé Menzil, situé à 80 kilomètres d’Adiyaman. Il est dominé par une énorme mosquée dotée d’un institut. A Menzil, Les femmes portent toutes le voile noir, les hommes sont tous coiffés d’une petite calotte blanche. Des milliers de fidèles affluent d’ordinaire de toute la Turquie pour embrasser la main du « maître », le chef religieux Seyh Seyyid Abdulbaki Erol. Mais, depuis quelques mois, les visiteurs ne viennent plus, le saint homme serait « parti visiter ses adeptes à Istanbul », confie un murid (« disciple ») rencontré à l’entrée du village. Sener, 20 ans, étudiante à Adiyaman, a beau être très pieuse, elle regrette que « la religion ait été instrumentalisée à ce point » et évoque « une lutte entre les confréries ». « En politisant l’islam, on a trahi son message », dit-elle.
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