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La Croix,
posté par Jean-Christophe, Ploquin le 06/04/2015
« Beaucoup de femmes portent le foulard. Est-ce la fin de la laïcité? Non! »
Yigit Bener, romancier et interprète
Yigit Bener est aussi à l’aise à Paris ou Bruxelles – sa ville natale – qu’à Istanbul, sa ville de résidence. Exilé politique en France après le coup d’État militaire de 1980 en Turquie, cet ancien militant d’extrême gauche n’a pas remisé ses idéaux de justice et de fraternité aux vestiaires mais a abandonné les oripeaux de l’idéologie. Dans un ouvrage plutôt autobiographique salué par la critique dans son pays et qui vient d’être publié en France sous le titre Le Revenant, il revisite le parcours d’anciens compagnons de lutte confrontés à une société qui s’est brutalement transformée à partir des années 1990.
« La moitié de la population turque a moins de 30 ans »
Sous l’impulsion de l’ancien premier ministre puis président Turgut Özal, la Turquie a abandonné un modèle économique étatiste pour adopter le libéralisme. Ce changement a gagné la vie politique au détriment de l’ancien parti unique, le Parti républicain du peuple (CHP), et au profit de partis conservateurs dont l’un s’est durablement installé au pouvoir, le Parti pour la justice et le développement (AKP) du président Recep Tayyip Erdogan. Cette formation est aux commandes de l’Etat depuis 2002, mais Yigit Bener perçoit des signes avant coureurs de changement dans un pays où « la moitié de la population a moins de 30 ans ».
« Une société humaine ne peut plus s’imaginer comme homogène »
« La société turque a beaucoup évolué en vingt ans », explique-t-il devant un café à la brasserie Le Zeyer. « Elle a connu une urbanisation et une modernisation importante, radicale. D’anciennes polarisations, laïques/musulmans, Turcs/Kurdes… ont éclaté. Quel que soit le pays du monde, une société humaine ne peut plus s’imaginer comme homogène. Du fait de l’individualisme, les gens veulent afficher leurs singularités. A moins de vouloir imposer un État omnipotent, la question est donc celle du ‘vivre ensemble’, intégrant toutes les différences ».
« La révolte des jeunes de Gezi, il y a deux ans »
« Cela fut manifeste avec la révolte des jeunes de Gezi, il y a deux ans », rappelle l’écrivain. « Il s’agissait de s’opposer à la destruction d’un parc au cœur d’Istanbul, sur la place Taksim. Pendant de longs jours, des centaines de milliers de personnes ont protesté contre l’autoritarisme du gouvernement, contre une société qu’ils jugeaient capitaliste et consumériste. Le mouvement a gagné des dizaines de villes en Turquie. Il a été rejoint par des catégories sociales extrêmement différentes : mouvements de gauche et d’extrême gauche, laïques, apolitiques, musulmans anticapitalistes, Kurdes, nationalistes Turcs, jeunes filles en foulards et féministes »…
« Les trois grands clubs de football d’Istanbul réunis »
« Il y avait une volonté ferme de laisser chacun exprimer son identité », souligne-t-il. « Lors de la prière du vendredi, des gauchistes protégeaient le lieu où des pratiquants priaient. On a vu côte à côte des jeunes portant un drapeau d’Atatürk et d’autres portant un drapeau d’Öcalan. Les supporters des trois grands clubs de football d’Istanbul – Galatasaray, Fenerbahçe et Besiktas – qui d’habitude se haïssent, ont organisé une manifestation commune ».
« Une nouvelle façon d’aborder la politique »
« Les valeurs défendues étaient la liberté d’expression, la modernité, la démocratie, le respect de l’autre, l’écologie, la jeunesse, le féminisme », liste-t-il. « De manière édifiante pour nous autres, anciens révolutionnaires, ces jeunes n’ont utilisé ni langue de bois, ni idéologie. Leur langue, c’était l’humour. Un jour, ils ont offert des fleurs aux policiers qui ont finalement chargé. ‘Donc, ils n’aiment pas les fleurs’, a conclu une jeune, les yeux piqués par les gaz lacrymogènes. Une autre, sous les jets des canons à eau, a lancé ‘c’est bon pour le teint’. Dérision, approche inclusive, sens de la contradiction et de la réplique… C’était une nouvelle façon d’aborder la politique ».
« Le système Erdogan s’essoufle »
« Certes, un an plus tard, le premier ministre Recep Tayyip Erdogan était élu dans un fauteuil à la présidence de la république, mais cela fait penser au raz-de-marée gaulliste après mai 68 en France… et le départ de De Gaulle en avril 69″, suggère Yigit Bener. « Avec l’émergence de cette population jeune, dont un tiers a un diplôme d’études supérieures, la Turquie est entrée dans une phase de transition. Il y a un côté fin de règne au sommet du pouvoir. Le système Erdogan s’essoufle. Lui-même est contesté par des ministres. Les luttes internes à l’AKP s’accroissent. En juin prochain, le parti va encore gagner les élections législatives mais il enregistrera un recul en voix ».
« Cumhuriyet a reproduit la quasi totalité du numéro de Charlie Hebdo »
« Autre signe de maturité de la société : le débat sur les caricatures », relève-t-il. « Le quotidien Cumhuriyet a reproduit le 14 janvier dernier la quasi totalité du numéro de Charlie Hebdo sorti après l’attentat du 7 janvier à Paris. Il a été attaqué verbalement par les intégristes mais seules une trentaine de personnes ont manifesté devant ses locaux. Il y a eu des pressions policières pour que Cumhuriyet ne reproduise pas à sa ‘une’ celle de Charlie Hebdo mais on la retrouvait sur le site. Il y eut des débats en direct sur les chaines de télévision, où le journal a été accusé d’être irresponsable, blasphématoire, mais dans le cadre d’échanges contradictoires ou l’autre thèse était défendue ».
« Les régions kurdes sont les plus demandeuses de débats d’idées »
« Un parti parvient assez bien à fédérer ce nouvel état d’esprit moderne, revendicatif et ouvert : le parti démocratique populaire (HDP), pro-kurde », signale le romancier. « Son discours n’est pas exclusivement pro kurde et capte toutes les révoltes, dans l’esprit de Gezi. C’est aujourd’hui le plus féministe et le féminisé de Turquie. Il défend une parité totale et un de ses deux vice-présidents est une femme. Il traduit une évolution très rapide et importante des régions kurdes, qui sont aujourd’hui les plus demandeuses de débats d’idées et de confrontation intellectuelle ».
« La bataille de l’identité kurde a été gagnée »
« En fait, la bataille décisive de la reconnaissance de l’identité et de la langue kurdes a été gagnée par le mouvement kurde : même le parti d’extrême droite MHP ne les conteste plus », relève-t-il. « Pour cette population, il ne s’agit donc plus d’un combat contre la répression et pour la survie, mais d’une lutte pour des valeurs beaucoup plus larges qui l’ouvre sur toute la société turque ».
« L’expérience politique des Kurdes, un atout pour la démocratie »
« Le leadership du mouvement, que ce soit Abdullah Öcalan, toujours en prison, ou ceux des monts Kandil, au nord de l’Irak, sont obligés d’en tenir compte. Depuis Gezi et l’élection présidentielle, le HDP a intégré des problématiques et des forces écologistes, féministes, de gauche alternative qui s’en iraient tout de suite si le commandement militaire du PKK décidait de reprendre la lutte armée. Depuis des années, la branche politique a accumulé une grande expérience : c’est un atout pour la démocratie en Turquie ».
« Le tabou du génocide des Arméniens est brisé »
« Le centenaire du massacre des Arméniens va, de même, démontrer les mouvements profonds à l’œuvre dans la société », ajoute Yigit Bener. « Certes, le gouvernement a décidé de commémorer le centième anniversaire de la bataille des Dardanelles le 24 avril, qui est le jour retenu par les Arméniens pour commémorer le génocide. On ne peut que critiquer ce stratagème. Mais depuis dix ans, dans la société civile, le tabou est brisé, il y a eu une prise de conscience de l’enjeu. Des livres d’historiens arméniens de la diaspora ont été traduits, publiés, qui contredisent l’histoire officielle. Chaque année, une commémoration a lieu sur la place Taksim, et elle aura lieu cette année, bien sûr ».
« Hrant Dink, journaliste arménien turc assassiné »
« Cette prise de conscience doit beaucoup à Hrant Dink, journaliste arménien turc qui a malheureusement été assassiné« , analyse-t-il. « C’est lui qui sut transformer l’approche de la majorité de la population envers ces massacres de 1915-1916. Il ne reprenait pas le discours venant de l’extérieur, de la diaspora en France ou aux États-Unis. Il disait : ‘moi, un enfant du pays, dont mes grands-parents étaient citoyens de l’Empire ottoman, j’estime que c’était un génocide et que j’ai le droit de le dire’ ».
« L’échelle du temps n’est pas la même pour les Turcs et les Arméniens »
« Son assassinat le 19 janvier 2007 a provoqué un sursaut », rappelle l’écrivain. « Il y eut 200 000 à 300 000 personnes à ses funérailles, portant un calicot ‘Nous sommes tous Arméniens’. Ce fut un tournant majeur. Depuis, des gens s’interrogent sur leurs grands-parents, se demandent s’il n’y a pas parmi eux des Arméniens convertis à l’islam. Des reportages sont réalisés dans lequel le mot ‘génocide’ est prononcé. Une des difficultés est que l’échelle du temps n’est pas la même pour les Turcs et les Arméniens. Les Arméniens attendent depuis un siècle la reconnaissance de leurs souffrances. En Turquie, on n’en parle que depuis dix ans. Nous faisons du mieux que nous pouvons pour cette sensibilisation mais le décalage existe. L’évolution est en cours : lors des événements de Gezi, une des allées du campement des manifestants avait été nommée ‘Avenue Hrant Dink’ ».
« Le foulard, révélateur d’une société en mutation »
« Même le fameux foulard, symbole des batailles laïques, est révélateur d’une société en mutation », conclut Yigit Bener. « Celles qui le portent sont souvent des femmes qui se sont battues au sein de familles conservatrices pour accéder à l’université – donc à un savoir –, à un travail, à une indépendance financière, au pouvoir de dire ‘non’. Elles refusent un modèle, celui de rester à la maison pour élever des enfants ».
« Deux femmes en foulard à l’avant d’une voiture de sport »
« Récemment, j’ai pris en photo une grande publicité affichée près de chez moi », sourit-il en la montrant sur son smartphone. « La marque Armine mettait en scène deux femmes aux vêtements très colorés à l’avant d’une voiture de sport rouge vif. La publicité vise des familles conservatrices d’Anatolie centrale qui se sont enrichies grâce au boum économique et qui veulent changer de mode de vie tout en conservant des symboles religieux. Les plus conservateurs vont accuser ces femmes de ne pas être de vrais musulmanes; les ultra laïques vont les traiter d’hypocrites. Disons qu’elles s’affirment à leur manière dans une société plurielle qui recherche de nouvelles formes de vivre ensemble ».
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