“L’explosion du crime organisé menace la sécurité des investissements et l’équilibre de l’économie”, titre un article inquiet du quotidien d’opposition Cumhuriyeten réaction au rapport pour 2025 du Global Organized Crime Index, organisme international financé notamment par le département d’État américain et l’Union européenne. Chargé de mesurer l’emprise de la criminalité organisée dans le monde, cet index attribue à la Turquie un score de criminalité de 7,20, soit le dixième des 193 pays étudiés. Avec 1,53, l’archipel des Tuvalu est le pays qui dispose du score le plus bas, tandis que la France occupe la 56e place du classement avec un score de 5,92.

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Pour déterminer ces scores, les experts à l’origine de l’étude ont dressé, pour chaque pays, une liste de quinze types de “marchés criminels” – parmi lesquels la contrebande, la contrefaçon, le trafic de drogue, les crimes financiers ou encore la cybercriminalité – et une autre de cinq types d’acteurs criminels, qui peuvent être des acteurs privés, des organisations mafieuses mais aussi des acteurs étatiques.

 

Perte de confiance dans le système judiciaire

Cette dernière catégorie contribue au mauvais classement de la Turquie, avec un score de 9 – seuls la Syrie, la Corée du Nord, l’Érythrée, le Liban et la Libye font pire, selon le Global Organized Crime Index –, qui reflète les liaisons dangereuses et bien peu dissimulées entre la classe politique turque et le crime organisé. L’hebdomadaire Gazete Oksijen souligne l’importance de cette réalité en Turquie, ainsi que la perte de confiance dans le système judiciaire, considéré comme inefficace, corrompu et politisé, que signale le rapport.

Selon ce dernier, les acteurs étatiques “ont été associés à divers marchés criminels, notamment ceux des stupéfiants, des armes, de la traite des êtres humains et des produits contrefaits”, et il existe une corruption “profondément ancrée” dans les structures étatiques turques.

“Le pouvoir tente d’attirer les capitaux étrangers, mais c’est compliqué de les convaincre de venir ici dans ses conditions, sans sécurité juridique, à moins d’avoir des taux d’intérêt extrêmement élevés”, estime l’économiste Ugur Emek, interviewé par Cumhuriyet.

Quant à la France, elle fait partie, avec l’Italie et l’Espagne, des mauvais élèves de l’Europe de l’Ouest, en raison notamment de l’aggravation du trafic de cocaïne, du trafic d’êtres humains et de sa perméabilité aux groupes criminels étrangers, soulignent les experts.