La justice a ouvert, vendredi 24 octobre, une nouvelle enquête contre Ekrem Imamoglu, le maire d’Istanbul et principal opposant au président Erdogan. Emprisonné depuis le mois de mars, à la veille de sa nomination comme futur candidat de l’opposition à la présidentielle de 2028, pour des accusations de “corruption”, le maire d’Istanbul est désormais sous le coup d’une instruction judiciaire pour des faits “d’espionnage”, rapporte la presse turque.
“Nous devons faire face à une ignominie sans nom” s’est indigné l’édile depuis sa prison, cité par le quotidien Cumhuriyet.
“Ils m’ont déjà accusé de terrorisme, puis de corruption sans parvenir à convaincre, désormais ils pensent y parvenir avec des accusations inimaginables d’espionnage.”
Une enquête au contenu encore très flou
En juillet, un certain Hüseyin Gün avait été dénoncé par son beau-fils comme “agent étranger”. Dans leur enquête, les services de renseignement ont dit avoir établi que cet homme avait travaillé pour le compte d’une firme anglaise de cybersécurité qui, selon eux, est liée au monde du renseignement, écrit le média en ligne Sol. Le fait que le même Hüseyin Gün ait pris part à la campagne électorale victorieuse du maire d’Istanbul en 2019 ferait donc aussi du principal opposant turc un espion à la solde de l’étranger.
Merdan Yanardag, rédacteur en chef d’une des deux principales chaînes de télévision d’opposition restantes, a été arrêté, vendredi 24 octobre, dans le cadre de cette procédure, sans que son lien avec l’affaire ne soit encore explicité. Mais les autorités en ont profité pour saisir la chaîne de télévision. Cette dernière est désormais propriété de l’État. Un éditorialiste du quotidien islamo-nationaliste Yeni Safak a été placé à sa tête comme “tuteur”, rapporte le quotidien Sözcü.
“Cette nouvelle enquête pourrait-elle aussi déboucher sur la nomination d’un tuteur à la tête de la mairie d’Istanbul ?” se demande la BBC Türkçe. “Ils n’oseront pas aller jusque-là, ce serait trop coûteux politiquement et économiquement”, répond Özgür Özel, dirigeant du principal parti d’opposition, le CHP, dont est issu le maire de la ville.




