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Le Monde, le 20/08/202
Propos recueillis par Anaïs Coignac
« Entre la Turquie et la France, j’ai vécu un changement d’échelle, comme si tout avait rétréci. Mon compagnon m’avait dit que Rennes était une grande ville, mais j’ai eu l’impression d’en avoir fait le tour en trois jours. Il me parlait de la “grande maison” de ses parents, à Retiers [Ille-et-Vilaine], où nous allions loger au début, et j’ai découvert une petite maison dans un village de la taille d’une noix. En Turquie, tout est plus grand : les appartements, les maisons, la circulation, la pollution sonore et visuelle. Istanbul, où je vivais, c’est une fourmilière, une capitale surhumaine.
J’avais 21 ans quand j’ai connu Anthony. On travaillait ensemble au Club Med. J’étais en quatrième année d’études en français langue étrangère et, en 2004, je suis venue à Foça, sur la côte égéenne [dans l’ouest de la Turquie] comme monitrice de plongée. Je l’ai vu passer torse nu, en maillot de bain, comme dans Alerte à Malibu, et j’ai flashé sur lui. Lui était là pour la saison, sinon il travaillait comme décorateur de théâtre. Après trois mois d’été passés ensemble, connectés, complices, passionnés, il était évident que notre relation devait continuer et il est venu vivre avec moi à Istanbul. On a vécu un an en coloc avec ma sœur. Tous les trois, on formait un bon trio. Mais Anthony ne trouvait pas de travail, à cause des coupes budgétaires. On a donc décidé d’essayer en France. Je me suis inscrite en master à Rennes en français langue étrangère, et j’ai annoncé à ma famille que je partais. Pour ma sœur, ça a été difficile. On est hyperproches. C’était un vrai déchirement. Après mon départ, on s’est écrit de longues lettres avec des déclarations d’amour, de manque.
Je suis partie pour une expérience de vie, avec l’insouciance et le courage de la jeunesse. Il y avait un peu de romantisme aussi : j’avais étudié Flaubert, Montesquieu, Duras. Je n’avais aucune conscience de ce qui m’attendait. Tout était possible, rien ne me faisait peur. Un matin d’août 2005, j’ai pris l’avion seule. Je n’étais jamais sortie de la Turquie. Je suis arrivée à Paris-Charles-de-Gaulle avec 250 euros en poche. Je pensais naïvement pouvoir vivre des mois avec ça. A l’aéroport, j’ai acheté une bouteille de San Pellegrino à 2 euros et j’ai compris que mon pactole allait fondre très vite. Dans le TGV vers Rennes, j’ai été impressionnée par la vitesse, c’était sensationnel de rouler si vite et de voir le paysage défiler. Anthony m’attendait à la gare avec sa Citroën AX. Lui qui est si grand paraissait minuscule dans ce petit scarabée. Je m’attendais à plus fière allure !
On a traversé des petites routes de campagne très étroites, j’avais peur d’atterrir dans le fossé. Ses parents nous attendaient sur le pas de la porte. Ils m’ont fait un câlin, je me suis sentie accueillie. Nous étions en été, le ciel était magnifique, avec beaucoup d’étoiles. Je n’avais pas l’occasion d’en voir à Istanbul. J’étais tellement émerveillée qu’Anthony m’a proposé de dormir à la belle étoile dans le jardin pour ma première nuit en France. J’ai évidemment accepté. On a vécu chez ses parents quelques semaines et on a vite pris un appart à Rennes.
« Le plus raide a été l’administration »
Les premières semaines ont été difficiles, je parlais français, mais pas assez pour avoir des conversations poussées. Cela me rendait triste de ne pas pouvoir dire ce que j’avais exactement en tête. Cela créait des quiproquos, je me sentais inférieure aux autres. Les cours aussi étaient très difficiles à suivre, les gens très individualistes. Le plus raide a été l’administration, en particulier la préfecture, avec les agents qui ne faisaient pas l’effort de me comprendre. C’était très procédurier, avec plein de jargon et des dossiers interminables à remplir. Je me sentais découragée et, pendant longtemps, je n’ai pas voulu appeler moi-même l’administration.
Au début, j’ai beaucoup pleuré à cause du mal du pays. Au lieu de rester à déprimer à la maison, je sortais me perdre dans les rues de Rennes. Un jour, j’ai découvert cinq séquoias géants, majestueux, dans le parc Thabor. Ils sont devenus mon « Pentagone », l’endroit où je rechargeais mes batteries, quand j’étais en quête d’apaisement. L’odeur me rappelait la Méditerranée. Je venais m’asseoir sur la pelouse, devant les arbres, pour écouter de la musique, lire, ne rien faire. Juste être dans ma bulle.
Je n’ai pas passé mes examens et, à la fin de mon visa étudiant, il a fallu prendre une décision. Je ne savais pas si j’allais m’installer ici pour toujours, ni comment. Avec Anthony, nous n’étions pas pro-mariage mais on s’aimait et nous marier réglait pas mal de problèmes. Quelques mois plus tard, on l’a fêté avec les copains, nous étions très nombreux, c’était un très beau mariage champêtre.
J’avais un bac + 4, je parlais plusieurs langues, je pensais mon chemin tout tracé. A Istanbul, je rêvais de travailler dans une galerie d’art branchée, ou dans le secteur de la culture. Mais la conseillère de Pôle emploi [aujourd’hui France Travail] m’a fait comprendre qu’avec mon diplôme je ne pouvais pas prétendre à grand-chose. J’ai dû faire une croix sur mes ambitions. C’était douloureux mais ça m’a permis de travailler sur mon ego. J’ai été femme de ménage, serveuse, vendeuse. Au bout de deux ans, j’ai commencé à donner des cours particuliers de langues et je suis finalement devenue interprète. Aujourd’hui, je suis formatrice et coordinatrice pédagogique pour une association d’éducation populaire.
Avec Anthony, nous avons eu deux filles, qui sont mes rayons de soleil. Nous sommes partis vivre à la campagne. Ensemble, nous sommes restés dix-huit ans. On a divorcé mais on s’entend toujours très bien. Aujourd’hui, j’ai un nouveau conjoint et, pour mon plus grand bonheur, ma sœur s’est installée dans mon village. J’ai désormais la double nationalité et je chéris mon parcours. Il m’a fallu cet exil pour devenir la femme que je suis. La double culture est une aubaine, ce n’est pas toujours simple mais, si on s’adapte, on peut se créer un microcosme multiculturel merveilleux. »
Zoom sur le photographe
Jeremias Escudero est né le 5 juillet 1980 à Guadalajara, Jalisco (Mexique).« J’ai vécu toute mon enfance et ma jeunesse dans un quartier populaire de la ville de Guadalajara. Toute ma famille est mexicaine. Les étés chauds de mon adolescence étaient synonymes de sorties pour jouer avec mes amis. Nous jouions au football, au basket-ball, et nous organisions de petites olympiades ; les voisins mettaient leurs chaises devant leur maison pour nous regarder jouer. Nous nous connaissions tous, c’était une ambiance incroyable. Par les hasards de la vie, je me trouve maintenant en France, grâce à un échange entre l’Ecole des arts plastiques de Guadalajara et l’Ecole d’architecture de Rouen, en 2007. Ce voyage, qui devait durer un an, a finalement dépassé toutes mes attentes. Aujourd’hui, je vis à Rennes et j’ai trois filles.
L’histoire d’Asli m’a transporté et je m’y suis reconnu, car cela fait plus ou moins le même temps que nous vivons en France, et c’est une personne très facile d’approche grâce à son caractère agréable. Je me souviens que, lorsque je suis arrivé en France, il était difficile de socialiser, à cause de la barrière de la langue, mais ce n’était pas impossible. Il y avait toujours un moyen d’y parvenir, avec des gestes et en bougeant les mains. C’est incroyable comme, avec le temps, sans m’en rendre compte, je me suis mis à parler français. Cela a été difficile et fatigant. Mais c’est une expérience que je ne changerais pour rien au monde. »
* Exils. Quitter son pays, en découvrir un nouveau, y trouver une place. Trente témoins venus d’ailleurs racontent leur arrivée dans l’Hexagone.
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