Un pain levé découvert à Çatal Höyük pourrait être le « plus ancien du monde », vieux de 8 600 ans

GEO, le 06/03/2024

Mathilde Ragot

Dans une colonie néolithique du centre de la Turquie, des archéologues ont découvert ce qu’ils qualifient de « version réduite d’une miche de pain », laissée à lever en 6600 av. J.-C. et miraculeusement préservée.

Les Français entretiennent une relation toute particulière avec le bon pain. Pourtant, dans l’histoire de l’humanité, ils ne peuvent se targuer d’avoir été les premiers à associer farine, eau et sel pour constituer leurs précieuses baguettes.

Les habitants de l’établissement néolithique de Çatal Höyük, en Anatolie centrale (actuelle Turquie), semblent l’avoir fait bien avant eux : interrogés le 5 mars 2023 par Anadolu (Anadolu Ajansı), agence de presse du gouvernement turc, des archéologues ont annoncé y avoir identifié du pain fermenté daté d’environ 8 600 ans, qu’ils qualifient de « plus vieux du monde ».

🌾Tahıl kalıntıları heyecanlandırdı.

🍞 KentleÅŸmenin ilk yerlerinden Çatalhöyük’teki kazıda 8 bin 600 yıllık « ekmek » bulundu. pic.twitter.com/zJIsgQYIwQ

— Times of Türkiye (@TimesofTurkiye) March 5, 2024

Çatal Höyük, site néolithique majeur en Anatolie

Le tell archéologique de Çatal Höyük, c’est-à-dire la colline artificielle formée par les ruines de nombreux établissements humains successifs construits les uns sur les autres dans la plaine de Konya (centre de la Turquie), est remarquable.

Inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2012, le site a abrité lors de sa période de prospérité (vers 7 000 av. J.-C.) l’une des plus premières – et des plus grandes de son époque et de sa région – proto-ville du Proche-Orient néolithique.

Les lieux s’agençaient en un dense réseau de maisons en briques en boue crue disposées les unes contre les autres, regroupées dans un labyrinthe en forme de nid d’abeille et retrouvées couvertes de peintures et symboles. Les plus de 8 000 habitants qu’ils ont pu accueillir n’utilisaient ni sentier ni rue, soupçonnent les chercheurs ; ils serpentaient autour des toits, s’introduisant dans leurs habitations par des trous dans le plafond ou des portes sur les côtés, accessibles par des échelles.

Le site de Çatal Höyük, l’un des premiers modèles d’urbanisation au monde où environ 8.000 personnes vivaient ensemble à l’époque néolithique.   AFP / Serhat Cetinkaya / ANADOLU / Anadolu

Dans une zone de Çatal Höyük dénommée « l’espace 66 », caractérisée par ces installations en briques contiguës avec une entrée par le haut, les archéologues turcs ont récemment identifié les vestiges de la structure d’un four, largement détruite.

Autour, ils ont récupéré ce qu’ils pensaient être des restes de nourriture ancienne. L’un de ces « artefacts organiques » de la taille d’une main, analysé en laboratoire, a attiré l’attention de Salih Kavak, enseignant à l’université de Gaziantep (Turquie).

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